L'amour conjugé au futur

     Sombre drame que celui de Joan et d'Alma, les impossibles amants dont Jean-Paul Fosset a voulu la rencontre. Lui (Joan) appartient à une caste de savants en quête d'immortalité. Isolés dans une station expérimentale, ils ont suspendu l'écoulement du temps et renoncé aux passions humaines. Dehors, c'est l'enfer où survit Alma ; un désert d'après l'Apocalypse, qui voit les dernières tribus de mortels succomber aux assauts d'une lèpre mystérieuse.

     L'auteur ne fait pas dans le montage scientifique. Au lecteur d'imaginer la technologie fabuleuse qui préserve de l'entropie les compagnons de Joan, ou la nature de la catastrophe dont meurent Alma et son peuple. A la vraisemblance d'une l'anticipation rationnelle, Jean-Pierre Fosset préfère l'allégorie, l'intimité des coeurs et l'allusion poétique. C'est Roméo et Juliette qu'il a voulu transposer dans le futur ; l'histoire d'un couple maudit, issu d'univers inconciliables, mais que réunit un même désespoir et une même rage d'aimer.

     Pourquoi ce décor futuriste ? se demandera-t-on au terme de la tragédie. Interrogation peut-être légitime pour ceux qui veulent cloisonner les genres et s'étonnent que la science-fiction marche sur les plates-bandes de la littérature. Mais question sans pertinence si l'on tient la SF pour ce qu'elle est : la projection de tous les possibles de l'homme, y compris ses passions ataviques.