Ecrivain américain qui a atteint la renommée grâce à son livre « Hurlements », adapté à l'écran en 1980 par Joe Dante, Gary Brandner est aussi fauteur d'une dizaine de romans d'horreur « néo-gothiques », d'un classicisme à toute épreuve. « Massacres d'outre-tombe » en est un parfait exemple, le surnaturel — que beaucoup d'auteurs modernes évacuent — est présent tout au long de cette histoire qui se déroule pourtant dans l'Amérique actuelle.

     Joana Raitt, une jeune fille, meurt noyée accidentellement dans une piscine. Sa vie défile en accéléré. « Elle volait à travers un long couloir obscur percé d'alcôves dans lesquelles se trouvaient des » (p. 15). Elle reconnaît des visages familiers. Au bout de ce long tunnel, elle aperçoit une silhouette humaine enveloppée de lumière et ressent une sensation de bienêtre. « Elle n'avait plus qu'une envie : se précipiter dans la chaleur protectrice de cette lueur éclatante » (p. 15 et 16), heureusement, le besoin de vivre, chez elle, est plus fort que l'appel delà Mort et Joana réussit à s'évader de ce tunnel pour reprendre vie. Evasion qui ne plaît pas aux créatures de l'autre monde, frustrées de perdre une si belle compagne, et qui lui donnent rendez-vous pour la veille de la Saint-Jean. Joana devra tout faire pour tenir bon jusqu'à cette date limite. Les forces de l'autre monde n'hésiteront pas à utiliser des morts-vivants pour ramener Joana dans le pays situé au-delà du sombre tunnel. Ou dans l'Au-Delà, tout court.

     Ce récit rappelle les expériences de survie après la mort (les N.D.E. = Near Death Experiences) telles que les rapportent le Docteur Moody et d'autres spécialistes à travers le monde, mais au-delà de l'histoire proprement dite, on discerne la difficulté qu'éprouvent les victimes de telles expériences à se faire comprendre des milieux scientifiques, réputés pour leur étroitesse d'esprit. Enfermés dans leurs sacro-saintes convictions scientifiques, les hommes de science oublient trop souvent que le mince savoir qu'ils brandissent repose sur des présupposés de départ qui sont des dogmes de foi (la Science n'est en définitive qu'une religion prétendue rationnelle, mais qu'est-ce que la rationalité ?) qui reposent eux-mêmes sur le sable mouvant de nos faibles capacités de perception du réel, et ils oublient que tout ce que l'on peut bâtir comme théorie pourrait s'effondrer du jour au lendemain pour peu que l'Homme soit doté de moyens de perception supplémentaires qui détruiraient la fausse représentation que notre cerveau atrophié se fait du réel (le réel n'est de ce fait qu'une illusion née des imperfections de notre cerveau). Les sciences ne sont que des articles de foi qui ne peuvent prétendre cerner la Vérité, si tant est que ce mot ait un sens.

     Comme on l'aura deviné, ce récit nourrit la réflexion philosophique, notamment sur la mort et l'après-vie. L'histoire est prenante et saisit le lecteur qui éprouve le besoin d'en connaître la fin. D'autant plus que la chute est spectaculaire, inattendue. Voilà enfin un récit fantastique bien construit ! Enfin un livre intéressant qui a du contenu et qui nous propose du Fantastique et non de ces stupidités hémoglobinesques qui tendent de plus en plus à envahir les collections populaires. C'est dans cette voie-là qu'il faut œuvrer. Qu'on se le dise !