« Bal chez Alféoni », de Noël Devaulx (Gallimard), est un recueil de contes hermétiques et ciselés, très joliment définis par la bande-annonce : « Fleurs fermées sur leur sens ». J'ajouterai : fleurs de verre, car il y manque le chatoiement et la palpitation de la vie. J'aurais aimé aussi que l'auteur creuse davantage dans la direction de l'insolite pur, mais c'est une vaine objection, car il est évident qu'il a écrit ces textes comme il les a sentis. Rien de plus subjectif que cette œuvre, ni d'écrit pour le simple plaisir.
C'est artistement travaillé, avec des couleurs de vitrail. Cela s'adresse moins à l'intelligence qu'à la sensibilité et aux sens. À juger avec le cerveau, on s'aperçoit qu'on ne lit que des contes fantastiques en gestation sous une forme inorganisée. C'est un peu irritant si on est d'humeur à se laisser irriter.
Noël Devaulx ne m'en voudra pas de juger son livre aussi « subjectivement » qu'il l'a écrit. Il y a là une question d'affinités personnelles. Je me sens des atomes crochus avec les mondes de Lise Deharme ou de Marcel Béalu. Je n'ai pas été attiré invinciblement par le sien. Je le regrette. J'aime quand même son recueil, puisqu'il suffit d'apprécier les fleurs de verre simplement pour la vue – et que celles-ci sont d'une facture exquise.
Alain DORÉMIEUX
Première parution : 1/6/1956 dans Fiction 31
Mise en ligne le : 5/6/2025