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Les Visiteuses de la Planète 5

Richard WILSON

Titre original : The Girls from Planet 5, 1955   ISFDB
Traduction de Nathalie GARA
Illustration de Jean-Claude FOREST

HACHETTE / GALLIMARD (Paris, France), coll. Le Rayon fantastique précédent dans la collection n° 92 suivant dans la collection
Dépôt légal : 1er trimestre 1962, Achevé d'imprimer : février 1962
Première édition
Roman, 256 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Format : 11,8 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Éditeur : Hachette.


Quatrième de couverture
EN CETTE fin du XXe siècle, les femmes sont solidement au pouvoir. Aux États-Unis, seuls les habitants du Texas trouvent à y redire.
  Et voilà qu'un immense astronef noir s'immobilise au-dessus de Washington, impassible, indestructible. Un petit engin en sort enfin et vient se poser devant la Maison-Blanche. Une spirale violette lumineuse apparaît, puis deux éblouissantes jeunes femmes, évoquant les mythologiques Amazones.
  — Le sexe masculin existe-t-il chez vous ? demandent à la Présidente, ces visiteuses venues de la lointaine Planète 5.
  N'y aurait-il plus d'hommes sur leur monde ? Ces créatures de rêve sont-elles vraiment des femmes ? Ou des marionettes dont la spirale violette tirerait les ficelles ? Et quels projets cachent-elles, peut-être néfastes ?...
Critiques

    Dans ce roman, Richard Wilson a mélangé avec adresse des ingrédients fort différents.

    Le décor constitue le prétexte d’une satire sociale. En 1999, lorsque se déroule l’action du livre, les États-Unis (et une bonne partie des autres pays) sont parvenus à un régime de matriarcat. Les femmes occupent tous les postes importants de la nation, qui a à sa tête une Présidente. Là-dessus se greffe une ironie assez vive à l’égard du Texas. De tous les États de l’Union, celui-ci est demeuré, si l’on ose dire, réfractaire au pouvoir féminin. Ses représentants sont les seuls hommes qui siègent encore au Congrès et au Sénat, et, pour marquer plus nettement leur non-conformisme, ses habitants ont tous adopté le costume, le mode de vie et le langage des cow-boys des temps héroïques.

    Le Texas sert de cadre à l’action. Celle-ci tourne autour des Visiteuses : ce sont des femmes d’une grande beauté, qui déclarent revenir à la planète-mère en une sorte de pèlerinage. Le reste des États-Unis les accueille avec enthousiasme (sœurs de l’espace…) mais le Texas demeure sur la défensive. Il y a bien des choses mystérieuses autour de ces belles jeunes filles, à commencer par les étranges spirales qui, flottant dans les airs, les accompagnent dans leurs déplacements et leur servent, au sens étymologique du terme, de porte-paroles.

    La satire sociale, le mystère qui entoure les intentions réelles de ces visiteuses en apparence bienveillantes, l’énigme des spirales, les aventures du protagoniste – un journaliste qui, ayant choisi la liberté, arrive au Texas lorsqu’il en a assez de subir la loi féminine – tout cela est combiné avec une habileté qui dénote un métier sûr. Richard Wilson utilise des ficelles sans doute familières, mais il réussit à conserver l’attention du lecteur tout au long du crescendo que forment les trois premiers quarts de son roman. On sourit, on ne prend pas les événements au sérieux, mais on ne s’ennuie guère. Du moins, on ne s’ennuie pas tant que les vaillants fils du Texas ont encore du fil à retordre. À partir de l’instant où la solution des diverses énigmes semble en vue, les choses se gâtent. L’auteur l’a sans doute réalisé, car il a bâclé la fin de son roman ; le mystère des spirales se laisse bien facilement percer par un savant, et les « résistants » mâles de la planète 5 font une entrée opportune au moment où le lecteur se dit qu’il est temps d’en finir.

    Dans la version originale, tout cela était raconté sur un ton désinvolte et amusé, avec des pointes d’un humour peut-être facile, mais assez vif. Hélas, la traduction a changé tout cela.

    Elle comporte des incorrections. Parlant des élections qui virent le triomphe de la Présidente, Richard Wilson écrit (page 13 de l’édition originale, Ballantine books, n° 117) : « She carried every State but Texas », ce qui signifie : « Elle l’emporta dans tous les États, le Texas excepté ». Sous la plume de Nathalie Gara, cela devient (page 25 de l’édition Hachette) : « Seul le Texas se montra opposé par principe à une candidature féminine. » Un peu plus tard, dans le chapitre III, la première des mystérieuses spirales fait son apparition. Richard Wilson note qu’elle s’élève jusqu’à une hauteur de dix pieds, tandis que sa traductrice, conservant la grandeur mais dénaturant l’action, affirme qu’elle se déploie, « atteignant trois mètres de long ».

    Il n’est guère étonnant, dans ces conditions, de constater l’absence de plusieurs des traits par lesquels l’auteur pimentait son récit. Ainsi, il n’est fait aucune mention du cachet postal qui porte TEXAS, MAN’S LAND, ni des curieuses coutumes de cet État arriéré et patriarcal, dont une loi exige, pour l’éligibilité, l’habileté à manier le lasso et à marquer le bétail. À défaut d’autre chose, on eût pu conserver le « Bonsoir, messieurs et mesdames », logique dans une société dominée par les femmes, et qu’on a remplacé par le banal « Bonsoir, mesdames et messieurs ».

    Dans sa version française, ce roman est ainsi privé d’une bonne partie de son sel original et, il faut bien le dire, le lecteur y perd, pour sa part, une bonne partie de son agrément.

Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/5/1962 dans Fiction 102
Mise en ligne le : 29/12/2024

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