MNÉMOS
(Saint-Laurent d'Oingt, France), coll. Intégrales Dépôt légal : mars 2015, Achevé d'imprimer : février 2015 Réédition en omnibus Recueil de romans, 882 pages, catégorie / prix : 32 € ISBN : 978-2-35408-296-3 Format : 16,0 x 24,0 cm✅ Genre : Fantasy
Traduction révisée.
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org
Quatrième de couverture
Dans ce cycle à la fois subtil et truculent, Gene Wolfe nous emporte avec sa maestria coutumière sur le Méande, un monde à l’horizon concave et au soleil identique, semble-t-il, à une immense ligne lumineuse qui traverse les cieux.
Voici un univers tout à la fois empreint de fantasy et abritant d’étranges reliques mécaniques, où les habitants ont oublié l’usage de la technologie et n’ont plus que les prières et les sacrifices comme seuls espoirs. Mais un jeune prêtre, attachant et naïf, est peut-être l’élu qui pourrait sauver les siens... Il entreprend alors un voyage sans fin, inconscient des immenses périls, des remises en question et des rencontres renversantes qui l’attendent.
« Ce cycle possède toute la magie que l’on attend de Wolfe : une beauté saisissante, une intrigue complexe, une imagination débordante, et d’autres sortilèges inattendus : amour, tendresse et humour ; une histoire emplie de mystères et de pièges autant pour ses personnages que pour ses lecteurs ! » Patrick O’Leary
Écrivain américain majeur, Gene Wolfe est né en 1931 à New York. Considéré comme un styliste exceptionnel, il publie de nombreux textes et romans dont l’inoubliable Tétralogie du Bourreau. Le Cycle du long soleil est son autre œuvre majeure. Lauréat de nombreux prix littéraires, il vit actuellement dans l’Illinois.
1 - Côté nuit (Nightside the Long Sun, 1993), pages 7 à 192, roman, trad. Nathalie SERVAL 2 - Côté lac (Lake of the Long Sun, 1994), pages 197 à 379, roman, trad. Nathalie SERVAL 3 - Caldé, côté cité (Caldé of the Long Sun, 1994), pages 383 à 586, roman, trad. Nathalie SERVAL 4 - L'Exode (Exodus From the Long Sun, 1996), pages 591 à 863, roman, trad. Nathalie SERVAL 5 - (non mentionné), Lexique des divinités, personnages et animaux mentionnés dans le texte, pages 865 à 867, index
Critiques
On ne présente pas Gene Wolfe, auteur de SF américain multiprimé. Mnémos publie aujourd’hui une intégrale du « Livre du long soleil », tétralogie importante de Wolfe, même si un peu moins connue que « Le Livre du nouveau soleil ».
Viron, ville low-tech sur un monde nommé le Méande, ce monde singulier à l’horizon concave et au soleil semblable à une immense ligne lumineuse barrant le ciel. Une ville qui devrait être régie par l’alliance entre un Conseil civil – l’Ayuntamiento et ses Conseillers –, l’Église – Prolocuteur à sa tête –, et un Caldé, le gouvernant légitime de la cité. Mais le dernier Caldé n’a jamais été remplacé après sa mort, il y a vingt ans. Viron est depuis gouvernée par un Conseil corrompu, avec la complicité passive d’une hiérarchie religieuse à la foi chancelante.
Dans ce cloaque institutionnel vit Pater Organsin, responsable d’un mantéion (église et école) et saint homme investi du désir ardent d’aider ses ouailles et de leur apporter la parole divine. Quand Organsin vit une théophanie puis qu’il apprend que son mantéion a été racheté par un ploutocrate qui veut le détruire, le paisible augure se lance à corps perdu dans la mission de sauver son église. Une avalanche d’évènements s’ensuit, conduisant à la guerre civile, la mise en place d’un nouveau pouvoir, puis la migration collective vers un monde plus jeune.
Plusieurs centaines de pages à l’écriture serrée. Le début est agréable. Usant d’une multitude de détails, Wolfe décrit finement un monde dont on comprend vite qu’il est plus qu’il ne paraît. Les objets de haute technologie y côtoient des charrettes à traction animale, des « miroirs » permettent de communiquer d’un lieu à l’autre ou avec les dieux. Les habitants bios y vivent à côté des chimios (de moins en moins nombreux). On meurt en partant pour l’Unité Centrale, où semble s’être déroulée une guerre des dieux. La quête d’Organsin implique le lecteur et avance de conserve avec sa compréhension du monde. L’écriture est belle, riche, l’histoire progresse.
Puis les pages s’accumulent. Et ça devient plus difficile. Construit comme une enfilade de dialogues, le roman déroute parfois son lecteur. Passant de dialogue en dialogue, on suit des conversations parfois hachées au fil de la pensée, ou qui sautent d’un lieu à un autre. Certaines phrases sont interrompues ou cryptiques, concluent une pensée qui s’est déroulée en off ou commentent des évènements censés connus. On se retrouve à relire pour comprendre qui parle ou s’assurer qu’on n’a pas raté un fait important. Sur des centaines de pages. Wolfe est souvent comparé à Joyce, auteur dont on sait qu’il a plus d’acheteurs que de lecteurs finisseurs. Si vous vous sentez assez d’estomac… Il en faut.
Récit prophétique, métaphore tant d’une sortie d’Égypte que de la découverte d’un Dieu unique, l’œuvre est truffée de symbolisme chrétien. Elle est passionnante mais devra être lue et relue pour en tirer la moelle.