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La Fourmi a fait le coup

Anne BODART



PLON (Paris, France), coll. Roman précédent dans la collection
Dépôt légal : 1er trimestre 1955, Achevé d'imprimer : 15 février 1955
Recueil de nouvelles, 144 pages, catégorie / prix : 300 F
ISBN : néant
Format : 12,0 x 19,0 cm
Genre : Imaginaire


Quatrième de couverture

   Anne Bodart a quinze ans. Elle est née à Bruxelles le 25 juin 1939. La Collection Roman, dirigée par Pierre de Lescure et Celia Bertin, ne publie cependant pas ce nouveau livre comme celui d'un enfant prodige. Il s'agit d'un ouvrage où l'on découvrira toute la fraîcheur de l'adolescence, mais composé avec un métier et une langue extraordinairement sûrs et animé d'une expérience humaine inattendue.
   Pourtant, Anne Bodart n'a jamais quitté la maison de ses parents et, si elle s'est nourrie de Shakespeare et de Racine, elle partage son temps entre l'école et les longues courses à travers la forêt de Soignes, en Brabant.
   La vision du mon qui s'exprime dans La Fourmi a fait le coup est celle d'un auteur qui constate mais ne juge pas. On ne trouve aucune révolte lorsqu'Anne Bodart décrit les hommes, mais la présence de la méchanceté inconsciente, de la crainte des êtres qu'on appelle inférieurs, de la bêtise, du goût de l'impossible.
   C'est ce qui contribue à donner à ce livre, en même temps que sa simplicité cruelle, la qualité de son humour et de son émotion.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Jugement, pages 1 à 9, nouvelle
2 - Journal d'un chien, pages 11 à 17, nouvelle
3 - Le Plafond, pages 19 à 24, nouvelle
4 - Le Condamné, pages 25 à 29, nouvelle
5 - La Ligne blanche, pages 31 à 36, nouvelle
6 - Les Mots perdus, pages 37 à 43, nouvelle
7 - Monsieur Caniche, pages 45 à 50, nouvelle
8 - Le Poète, pages 51 à 55, nouvelle
9 - Le Trou des souris, pages 57 à 66, nouvelle
10 - La Peur, pages 67 à 73, nouvelle
11 - La Nuit de Londres, pages 75 à 79, nouvelle
12 - Les Gants noirs, pages 81 à 87, nouvelle
13 - De Minet-pensif à chien-berger, pages 89 à 94, nouvelle
14 - La Pie, pages 95 à 101, nouvelle
15 - La Table, pages 103 à 108, nouvelle
16 - Le Chat qui mettait des lunettes, pages 109 à 118, nouvelle
17 - Le Chien bleu, pages 119 à 125, nouvelle
Critiques

    En donnant au mot « fantastique » un sens très large, on peut classer dans cette rubrique le petit livre d’Anne Bodart, « La fourmi a fait le coup » (Plon). Ceci nous donne un prétexte pour signaler cet ouvrage, dont la qualité première est d’avoir été écrit par une adolescente de 15 ans, en qui se mêlent curieusement maturité intellectuelle et fraîcheur de l’enfance. (Les éditeurs insistent pour qu’on ne colle pas à leur découverte l’étiquette classique d’« enfant prodige », et ils soulignent que l’attrait du livre, à leurs yeux, est précisément sa marque enfantine.)

    C’est un recueil de bizarres contes en forme de fables, dont la naïveté débouche impromptu sur la cruauté. Les personnages en sont des animaux et des objets. L’univers que nous dépeint Anne Bodart est plus innombrable que celui de La Fontaine. Tout y est humanisé : les chats, les chiens, les rats, mais aussi… une table, une cafetière et même un plafond ! Cette humanisation n’est pas toujours de l’anthropomorphisme. Par exemple, bêtes et choses qui parlent et qui pensent gardent leur condition, s’opposent aux hommes peints à l’arrière-plan et jugent ceux-ci. Ainsi s’exprime une vision du monde à la lucidité un peu inquiétante, telle qu’on la découvre précisément chez les enfants. Dans d’autres contes, la fantaisie est plus libre, l’esprit « dessin animé » se fait jour – mais avec un surprenant humour noir : au sénat des rats, leur chef est assassiné dans les mêmes circonstances que César ; un rat traqué est recherché par la police (la police des rats !) ; une fourmi est condamnée à mort par trois rats dont elle a traversé le domaine, et elle se tire d’affaire en leur faisant absorber par ruse de la mort-aux-rats… Mais les meilleures histoires sont celles dont le sujet prend une valeur de symbole : le poète qui tue une âme, car il cueille une marguerite ; l’ornière qui cherche à comprendre les arbres, puisqu’elle les « réfléchit » ; le chien bleu qui meurt, enfin blanc, sous la neige. Enfin, il y a un petit chef-d’œuvre qui évoque Lewis Carroll dans ce que celui-ci a de surréaliste : « Les gants noirs ».

    La richesse des idées d’Anne Bodart – naturelle à tout âge – surprend moins en définitive que la netteté et la vivacité de son style, et l’indiscutable « métier » dont elle y fait preuve. Sans ce dernier caractère, on pouvait penser qu’elle perdrait le « don » en passant définitivement du côté des « grandes personnes » ; mais cette langue qui est déjà celle d’un écrivain permet de croire le contraire.

Alain DORÉMIEUX
Première parution : 1/6/1955 dans Fiction 19
Mise en ligne le : 31/3/2025

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