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(Paris, France), coll. Le Livre d'or de la science-fiction n° 5079 Dépôt légal : 2ème trimestre 1980, Achevé d'imprimer : 2 juin 1980 Première édition Recueil de nouvelles, 320 pages, catégorie / prix : 4 ISBN : 2-266-00896-X Format : 10,6 x 17,9 cm✅ Genre : Science-Fiction
Philippe Curval est né en 1929. Il a obtenu le prix Jules-Verne, en 1962, pour Le Ressac de l'espace, le prix du Meilleur Roman de S.-F., en 1975, pour L'Homme à rebours, et le prix Apollo, en 1977, pour Cette chère humanité.
Romancier, nouvelliste, journaliste, critique, il a lancé avec Jacques Sternberg, dans les années 50, une revue orientée vers l'humour et l'insolite : Le Petit Silence illustré, et participé à la fondation de L'Ecran, et de Présence du cinéma.
Parmi les quinze ouvrages qu'il a publiés, il en est peu qui ne soient empreints de cette poésie sensorielle et de cet humour surréaliste, qui font partie intégrante de sa personnalité. Ce sont les éléments qu'on retrouvera dans ce recueil. Mais on y rencontrera aussi un auteur contestataire, et souvent sulfurique.
1 - André RUELLAN, Un language perpendiculaire, pages 7 à 18, préface 2 - Adamève, pages 19 à 66, nouvelle 3 - Permis de mourir, pages 67 à 93, nouvelle 4 - Histoire romaine, pages 95 à 103, nouvelle 5 - Tous les pièges de la foire, pages 105 à 128, nouvelle 6 - Journal volé à une jeune fille, pages 129 à 145, nouvelle 7 - Passion sous les tropiques, pages 147 à 181, nouvelle 8 - Vivement la retraite !, pages 183 à 192, nouvelle 9 - Une psychose automatique, pages 193 à 204, nouvelle 10 - L'Enfant-sexe, pages 205 à 219, nouvelle 11 - C'est du billard !, pages 221 à 234, nouvelle 12 - L'Odeur de la bête, pages 235 à 240, nouvelle 13 - Un rêve de pierre, pages 241 à 258, nouvelle 14 - Les Communes, pages 259 à 278, nouvelle 15 - Le Bruit meurtrier d'un marteau-piqueur, pages 279 à 290, nouvelle 16 - L'Objet perdu, pages 291 à 305, nouvelle 17 - (non mentionné), Bibliographie de Philippe Curval, pages 307 à 314, bibliographie
Critiques
Avant de pénétrer dans le vif du sujet, il convient de préciser que, contrairement à la règle plus ou moins tacite qui sous-tend cette collection, toutes les nouvelles réunies ici sont déjà parues ailleurs : près de la moitié dans Fiction (les plus anciennes), les autres dans Univers, Satellite, SF Magazine et diverses anthologies. D'autre part, elles sont présentées sans ordre apparent — ce qui n'est pas un défaut — et précédées d'une introduction/biographie (compliquée mais pleine d'humour) de Ruellan qui, obligatoirement, les font lire d'un autre œil. Enfin, un petit conseil d'ordre technique, qui concerne certainement l'imprimeur : quand un correcteur part en vacances, il est d'usage qu'il soit remplacé, de manière à ce qu'il n'y ait pas trop de coquilles qui traînent...
Bien. Que trouve-t-on dans ces nouvelles, qui s'étalent de 1957 (L'odeur de la bête, un texte assez sturgeonien dû à un Curval bourgeonnant) à 1977 ? Eh bien, c'est simple : rien d'autre que Curval. Depuis vingt ans et des dizaines de nouvelles, Curval se raconte, avec persévérance, humour, amertume, espoir et désillusions. Adamève, le solitaire qui recherche une société dans ses ruines, l'amour des fleurs exubérantes et une compagne qu'il ne pourra étreindre, c'est lui ; le pauvre type piégé par l'administration dans Permis de mourir, c'est lui ; Xpujil le Maya bizarre qui veut transformer le rut bestial en amour romantique, c'est encore lui ; Clint le retraité alcoolique et acariâtre, ce sera peut-être lui ; le père de l'enfexe dévoré par son enfant, fruit de sa passion, l'ivrogne qui recherche le pouvoir par et dans le flipper, le sculpteur solitaire qui sculpte la Femme dans une météorite (qui le dévore), Gary le guérillero pas bien dans la « ligne », l'« élu des extras » qui défend son balcon de légumes, l'individualiste qui trouve l'amour dans un objet extraterrestre, c'est lui, c'est toujours lui !
Curval et son amour des plaisirs (la bonne chère et l'alcool, omniprésent), son plaisir de l'amour (omniprésent aussi dans ces nouvelles, et souvent entravé par l'impuissance), le jeune Curval solitaire, galérien et joueur de flipper, qui n'arrive pas à trouver de place (ni d'intérêt) dans cette société de pantins, qui voudrait retourner à la matrice (l'œuf) mais le sexe en avant (Tous les pièges de la foire. Psychose automatique. C'est du billard. Un rêve de pierre. L'objet perdu), le vieux Curval plus gouailleur, plus jouisseur, plus politisé, emmerdé par l'administration (Permis de mourir. L'enfant-sexe, Journal volé a une jeune fille. Passion sous les tropiques. Les communes...), le Curval de tous les temps, surréaliste (les fleurs vaginales, la foire aux atrocités, la ville protoplasmique, les cassettes d'écaillé et les motos à vapeur, les superproductions égyptiennes au Colisée romain, la neige noire, la pluie de béton, etc.), amoureux des plantes — elles débordent de ses nouvelles et de son appartement — des errances de toutes natures, des défonces (alcool surtout), du plaisir, des femmes... Curval hors du monde — civilisé.
Trois cents pages qui en disent plus long que bien des amitiés.