La violence de la déflagration ébranla la colline. Une onde de choc terrifiante dévala la pente, déferlant sur la vallée et la rivière avant de revenir frapper de plein fouet la forme oblongue qui achevait de se matérialiser.

Tout en restant parfaitement immobile dans l'espace, le H.G. Wells I venait d'effecteur un formidable bond dans le temps, passant de l'année 2070 de notre ère à l'année 12000 avant Jésus-Christ...

 

Sur le thème, que l'on aurait pu croire éculé, du voyage dans l'Espace-Temps, une démonstration de virtuosité de l'un des maîtres de la science-fiction moderne.

     Quelle aubaine que la prolixité de Farmer ! Vous dirigez une collection et vous voulez vous assurer un fonds de roulement avant (peut-être) de vous aventurer dans des sentiers plus méconnus, découvrir des pays inexplorés (nouveaux auteurs, livres peu « commerciaux ») ? Publiez donc du Farmer : c'est toujours lisible, souvent passionnant, parfois même remarquable. Le présent livre oscille entre les trois catégories.

     Un groupe de quatre explorateurs temporels de l'an 2070 effectue une expédition de quatre ans douze mille années avant notre ère, en plein Magdalénien. Peu à peu, la mission proprement dite d'anthropologie, de linguistique, de botanique et autres disciplines scientifiques est battue en brèche par les conflits psychologiques qui surgissent entre ses divers membres. Conflits tous centrés autour de l'étrange personnalité du chef de l'équipe, l'Anglais Gribardsun, un homme qui semble parfois d'un autre âge... Quant à la fin de l'histoire, elle réserve une avalanche de paradoxes temporels digne des meilleurs chef-d'œuvres du genre.

     L'aventure préhistorique est intéressante surtout par son côté documentaire, fourni et moderne. Le suspens policier-psychologique est bien dosé, et l'humour sous-jacent fait merveille. Il m'a même semblé distinguer plusieurs clins d'œil à d'autres pans de l'œuvre de Farmer : Tarzan, Lord Greystoke.

     En résumé, ce roman bien mené, sans ambition, vous fera passer une bonne soirée de détente, mais il est vite lu. Et je reviens à mon propos initial : il serait bon de commencer à introduire dans « Superlights » autre chose que de bons-romans-par-des-auteurs-excellents-qui-ont-fait-mieux-par-ailleurs. La créativité, la recherche et l'ambition bien comprise ne feront pas de mal à la SF.