DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 323 Dépôt légal : 2ème trimestre 1981, Achevé d'imprimer : juin 1981 Première édition Recueil de nouvelles, 224 pages, catégorie / prix : 2 ISBN : néant Format : 10,8 x 18,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
Couloirs sans issue, couloirs menant à d'autres couloirs, couloirs d'ombre et de ténèbres, couloirs en forme de labyrinthe. Quand on s'y aventure, où est la sortie ? Nulle part ou bien jamais ? Les couloirs sont là, partout, et c'est peut-être cette réalité finalement qui est la seule chose rassurante. Car une fois qu'on est piégé, enfermé, n'est-il pas plus sécurisant en un sens de savoir qu'il n'y a pas de porte de secours, pas de solution de rechange, pas d'échappatoire ? Alors ? On se recroqueville au fond du couloir. Et on attend. Quoi ? La mort ou bien l'improbable évasion. Vers où ? Vers un ailleurs qui aura sans doute l'aspect d'un autre couloir en forme de labyrinthe, d'un autre couloir sans issue.
L'auteur
Rédacteur en chef de Fiction, la revue qui a « fait » la science-fiction en France. Directeur de la collection « Autres temps, autres mondes » chez Casterman. Anthologiste (quinze volumes dans la collection précitée). Nouvelliste de longue date (voir Le Livre d'Or Dorémieux chez Presses Pocket et Promenades au bord du gouffre dans cette collection). Ce nouveau recueil est entièrement composé de nouvelles inédites.
1 - Les Noirs vaisseaux de la mort, pages 7 à 18, nouvelle 2 - Symbiose phase un, pages 19 à 26, nouvelle 3 - L'Homme qui a gagné la mer, pages 27 à 46, nouvelle 4 - La Nature de la catastrophe, pages 47 à 55, nouvelle 5 - Partenaires pervers, S.A., pages 57 à 72, nouvelle 6 - Comme une eau coulant goutte à goutte, pages 73 à 103, nouvelle 7 - Le Grand crabe noir, pages 105 à 117, nouvelle 8 - Le Labyrinthe, pages 119 à 132, nouvelle 9 - Pour toujours à l'intérieur du Cube, pages 133 à 219, nouvelle
Critiques
Ce troisième recueil en l'espace de trois ans, entièrement inédit, laisse une impression troublante. Qui est Alain Doremieux ? 1
Est-ce ce personnage impudique, qui se dénude, s'extériorise, s'exhibe (et même « sexe-hibitionne ») dans ces récits où des femmes vampires et dévoreuses l'engloutissent littéralement dans leurs vagins démesurés ou leurs sucs vénéneux (voir son Livre d'Orchez Presses-Pocket 2 et Prisonniers des femmes-insectes. Les bêtes. Rencontres du quatrième type. Ce puits de velours sans fond. Cauchemar rose, dans Promenades au bord du gouffre) ?
Est-ce cet aliéné à la solitude tragique, qui appelle dans ses rêves et cauchemars d'autres femmes, irréelles, fantomatiques et néanmoins fatales (Les noirs vaisseaux de la mort. Comme une eau coulant goutte à goutte), émissaires de la mort qui guette derrière les murs et les points d'interrogation d'un théâtre où l'humour succombe à l'horreur, où l'absurde le dispute à l'angoisse, le cornélien à l'épidermique (chez Dorémieux, les femmes et la mort montent jusques aux pores) ?
Mais n'est-ce pas aussi ce lecteur de toujours, nourri de littérature insolite, qui n'en finit pas de clamer ses (p)références comme pour s'affirmer écrivain, mais tenter également d'aller au-delà du non-dit, de percer le mystère, moins pour exorciser l'envoûtement que pour le prolonger dans une nouvelle jouissance intellectuelle ?
Références explicites dans ses titres de nouvelles L'homme qui a gagné la mer. La nature de la catastrophe ou de chapitres « éclatés » — rendant hommage à Ballard (Sables vermeils) ou se citant lui-même (Espaces Inhabitables, Territoires de l'Inquiétude) dans le texte Seul en haut de la tour bientôt prête à crouler (in Promenades au bord du gouffre).
Et références dans le sujet même de ses récits, Sternberg peut-être, de par le prénom de l'héroïne dans Les noirs vaisseaux de la mort (ou Sophie, la mort et la nuit) ; Ballard, évidemment et encore, dans La nature de la catastrophe, mais aussi Bradbury puisqu'il y inverse le schéma d un texte célèbre des « Chroniques Martiennes » 3, Bradbury qu'il évoque aussitôt après par un amusant tour de passe-passe en intitulant le récit suivant Partenaires Pervers S.A. (où il fait exploser le thème de l'androïde à tout faire de Automates, Société Anonyme en un démentiel ballet sexuel) : Matheson dans la version féminine du « journal d'un monstre » (Symbiose phase un) ; Malzberg dans la plus longue et belle nouvelle du recueil, Pour toujours à l'intérieur du Cube, où il mêle le thème de base de Dans l'enclos à celui du film THX 1138, pour en tirer un finale tout à fait personnel d'une émotion intense ; Kafka omniprésent dans Le labyrinthe (ou la suite sans fin du Procès 4 ; et Buzzati enfin, dans Le grand crabe noir, où Dorémieux nous raconte l'homme à peine esquissé de Douce nuit 5 luttant contre ces « heures difficiles » qui scandent « l'interminable traversée de la nuit ».
Alors, Dorémieux ? Extraverti ? Introterrestre ?
En tout cas, fascinant !
Notes :
1. Cette seule question constituait le thème principal de sa nouvelle Dans la chambre d'hôpital, dans Promenades au bord du gouffre (Denoël, 1978). 2. Cf. critique dans Fiction n° 317. 3. Vers un ailleurs lointain était une première variation du ce thème de l'homme dans la ville déserte et y rencontrant une femme... étrange évidemment. 4. Comme La convocation (dans l'anthologie L'oreille contre les murs, Denoël) en était le commencement. 5. Cf le recueil Le K (Livre de Poche).