Beaucoup d'auteurs écrivent pour le Fleuve Noir, et tous ne sont pas des « grands » de la SF française, comme Jeury ou Pelot (les guillemets au mot « grands » sont là pour ces deux modestes), loin s'en faut. Mais ils bénéficient d'une audience que pas mal de confrères leur envient. Parce qu'ils sont publiés au Fleuve.
De jeunes auteurs français piaffent à l'entrée du Fleuve, espérant qu'un au moins de leurs romans sera pris ; des auteurs plus mûrs continuent sans se lasser d'envoyer manuscrits sur manuscrits. Pourquoi ? Parce que le Fleuve, c'est une institution. Parce qu'il n'y a plus, et depuis longtemps, de « recette » pour écrire un roman destiné aux « halls de gares ».
Et pourtant, on voit encore sortir au Fleuve des romans comme les deux dont les titres sont donnés plus haut. Ce ne sont pas de mauvais bouquins (on trouve bien pire dans le catalogue de la collection). Non, ce sont simplement des bouquins insignifiants. Les thèmes sont semblables depuis vingt ans : conflit larvé entre deux races d'extraterrestres dans le premier, où des humains sont mis à contribution ; conflit entre un groupe de rebelles qui sont certains de détenir la vérité et un pouvoir central totalitaire autant que simpliste dans le second. Qui n'a jamais lu ça ailleurs ? (Certainement pas votre serviteur, qui lit tout ce qui paraît au Fleuve Noir.)
Il faut cependant continuer à suivre le Fleuve, car beaucoup de choses s'y passent. Les halls de gare sont de mieux en mieux fréquentés.
Jean-Pierre VERNAY
Première parution : 1/11/1980 dans Fiction 313
Mise en ligne le : 28/11/2008