HACHETTE / GALLIMARD
(Paris, France), coll. Le Rayon fantastique n° 120 Dépôt légal : 4ème trimestre 1963 Première édition Roman, 232 pages ISBN : néant Format : 11,6 x 18,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Éditeur : Hachette.
Quatrième de couverture
Sur les écrans du Central Dispatching cosmique, une forme insolite apparaît. Celle d'une fusée périmée à réacteur nucléaire qui va s'abattre sur un cosmodrome désaffecté.
— Salut à vous tous, mes descendants ! dit l'un de ses deux occupants blessés, avant de s'évanouir.
La fusée ZT 3 « Taymir » était partie en 2017. Mais au 434ème jour de son envol, elle avait brusquement disparu en tentant de franchir le « mur de la lumière ». Et la voilà revenue... plus de cent cinquante ans après !
Les deux revenants des étoiles, le pilote Kondriatev et Slavin, son compagnon, ont tout à réapprendre dans ce monde de l'an 2169 où ils se retrouvent sans avoir vieilli, avec ses routes automouvantes, ses D-cosmofusées, ses fermes de baleines ou d'éléphants et tant d'autres merveilles... Comme si des hommes n'ayant connu que la lampe à huile se trouvaient devant un tube d'éclairage au néon !
Critiques
Parti en 2017 en direction de la galaxie de la Lyre, l’astronef « Taymir » tente de franchir le « mur de la lumière » – c’est-à-dire de dépasser la vitesse de 300.000 kilomètres à la seconde. Il en est projeté dans le temps, et les deux survivants de son équipage, Serge Ivanovitch Kondrativ et Gérard Slavin, regagnent la Terre en l’année 2169. Ils s’adaptent sans grande difficulté à la civilisation de ceux qui sont en fait leurs descendants, et participent à leur activité scientifique.
Ainsi peut-on résumer l’essentiel de l’action de ce roman traduit du russe. Mais est-ce véritablement un roman ? Il se compose en réalité d’épisodes disjoints – en ce sens qu’ils ne se conjuguent pas pour la préparation du dénouement – dont on eût pu faire, au choix, un récit de 60, 100 ou 150 pages (le livre en a 226) en supprimant autant d’épisodes que les dimensions du volume à produire l’eussent exigé. Il n’est pas impossible, d’ailleurs, que la version originale ait effectivement été plus longue. L’existence d’une adaptation est suggérée par quelques incohérences (à la page 36, Kondratiev est décrit comme un rouquin alors qu’à la page 48 c’est son ami Slavin qui est possesseur d’une tignasse flamboyante ; cet ami, d’ailleurs, change assez fréquemment de prénom, oscillant de Gérard à Eugène : ne s’agirait-il pas là de la naturalisation, à l’usage français, d’un personnage primitivement soviétique ?).
Le dessein principal des auteurs semble d’avoir été la présentation d’un certain nombre d’extrapolations scientifiques ; ils n’ont cependant pas fait d’effort pour incorporer celles-ci dans une intrigue suivie. Autrement dit, l’accent est mis presque exclusivement sur la première composante du terme science-fiction. Plusieurs de ces extrapolations sont d’ailleurs pleines d’intérêt, et quelques-unes éveillent un petit écho curieusement occidental. Tel est le cas de l’élevage d’animaux marins (on pense à The deep range d’Arthur C. Clarke), de l’incorporation d’une personnalité déterminée à un ensemble électronique (L’image de pierre de Dino Buzzati), de la planète aménagée (que l’on peut rapprocher de la planète vivante imaginée par Ray Bradbury dans Here there be tygers). Tout cela est entrecoupé de conversations nonchalantes, parfois doucement farfelues, et dans lesquelles les acharnés n’auront pas de peine à trouver des échos idéologiques, conformistes ou non. Le rythme détendu de l’ensemble et l’absence de précipitation qui caractérise les personnages auraient pu faire intituler ce livre Les excursionnistes des étoiles.