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La Couronne de lumière

Lyon Sprague DE CAMP

Titre original : Rogue Queen, 1951
Première parution : New York, USA : Doubleday, 1951   ISFDB
Traduction de Christine RENARD
Illustration de Jean-Claude FOREST

HACHETTE / GALLIMARD (Paris, France), coll. Le Rayon fantastique précédent dans la collection n° 119 suivant dans la collection
Dépôt légal : 4ème trimestre 1963
Première édition
Roman, 248 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Format : 11,5 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Éditeur : Hachette.


Quatrième de couverture
Sur la lointaine planète Niond, Iroedh, loyale « ouvrière » de la cité-fourmilière d'Elham, entre en contact avec les membres d'une expédition venue de la Terre.
  Ceux-ci lui ressemblent physiquement mais leurs mœurs lui paraissent d'abord horrifiants, puis fascinants.
  Lorsqu'à cause de son amitié anormale pour le « bourdon » Antis, l' « ouvrière » Iroedh doit fuir avec lui de la cité-fourmilière, tous deux se joignent aux Terriens. Et bientôt les circonstances contraignent Iroedh à enfreindre l'un des plus forts tabous de sa race.
  D'étonnantes péripéties s'en suivent. Iroedh serait-elle « la reine des truands, le front ceint de lumière » qu'annonce l'Oracle de Ledhwid ?
Critiques

    Sprague de Camp illustre dans ce livre une position philosophique et sociale franchement traditionaliste, à travers une affabulation canularesque dont l’humour se situe à égale distance de Mark Twain et d’André Roussin. C’est un ouvrage pour amateurs de gaudrioles chargées de bons sens.

    Sur la planète Niond vivent des communautés humanoïdes, organisées à la façon des abeilles : une reine ovipare, des bourdons réservés à la fécondation des la Reine, des ouvrières, femelles asexuées qui assument les travaux et la défense. Une expédition terrienne vient de se poser sur Niond au moment où commence le roman, lequel va décrire les répercussions de ce contact avec la société indigène, encore à l’âge du bronze.

    L’ouvrière Iroedh profite d’une querelle entre Terriens – au cours de laquelle elle est témoin d’un accident – pour exercer un chantage auprès de l’un d’eux, le Dr. Bloch. Elle parvient ainsi à délivrer le bourdon Antis, condamné par le prochain « nettoyage », et à favoriser la prétendante au trône. Celle-ci se sert du sabre terrien dont Iroedh s’est emparé pour tuer la précédente reine en combat légal. Mais Iroedh doit s’enfuir avec Antis, en raison de la duplicité de la princesse victorieuse. Il existe, hors des communautés, des bourdons qui ont échappé au massacre périodique, et qui forment des bandes de « Truands ». Ils n’accueilleront jamais l’ouvrière Iroedh, qui part en compagnie d’Antis avec le Terrien Bloch et sa fiancée, Barbe Dulac. Ils comptent se réfugier auprès de l’Oracle de Ledhwid, célèbre par ses quatrains ambigus.

    Sur le chemin, ils sont attaqués par des Truands. L’émetteur de Bloch est détruit, les chariots et les uegs (bipèdes de trait) volés, la boussole perdue. Ils sont condamnés à errer dans la jungle, où Iroedh est contrainte de manger du gibier pour ne pas mourir de faim. Elle devient alors femelle complète, car le développement sexuel des ouvrières était inhibé par leur régime végétarien. Cette surprenante transformation modifie ses rapports avec le bourdon, et ils prennent modèle sur le couple humain qui les accompagne. Là-dessus, ils atteignent le Temple où officie l’Oracle Gildack, lequel n’est qu’un naufragé non-humain qui n’a pas pu regagner sa planète d’origine. Les Truands attaquent le Temple afin de s’emparer des armes des Terriens. Ils sont vaincus par les paroles plus que par le combat, mais Gildack est tué.

    Pendant ce temps, les communautés dont fait partie Iroedh sont agressées par leurs ennemis traditionnels, des géants acromégales nommés Arsuuniens. Iroedh vient leur prêter main-forte à la tête d’une armée de Truands ralliés. Estir, la reine parjure, est tuée par Vardh, l’amie d’Iroedh, tandis que les Arsuuniens montent à l’assaut. Mais les armes de bronze fabriquées sur le modèle du sabre d’abatis terrien font merveille : les Arsuuniens sont massacrés. Les communautés vont désormais s’unir, adopter un régime mixte et se livrer aux joies du mariage. Iroedh et Antis deviendront correspondants des Terriens pour la planète en qualité de Roi et de Reine.

    Ainsi, les coutumes et l’évolution ultérieure du peuple de Niond seront complètement transformées par l’arrivée des Terriens, malgré le souci du Dr. Bloch de ne s’ingérer en rien dans son mode d’existence.

    Un ouvrage fourmillant de termes soi-disant extra-terrestres est toujours d’une lecture un peu lassante, même si l’on dispose d’un lexique à tendance humoristique à la fin du volume : il faut s’y référer. On y trouve par exemple : « Weu ! » : exclamation de tristesse. « Prutha ! » : exclamation exprimant la contrariété. Il faut admettre que des sons bêtifiants et saugrenus comme ceux-là ne laissent pas de réjouir. Il y a aussi cette armure pornoscopique dont la partie inférieure ne cache rien de la virilité du combattant – mais qui l’expose en même temps à la perdre. Le fait qu’Iroedh se mette à rêver de piliers au moment de sa transformation en femelle complète n’est pas pour surprendre, en revanche, le lecteur assidu des articles de vulgarisation sur la psychanalyse. Mais l’ironie avec laquelle l’auteur présente les rites magiques ou les prophéties fait long feu : ce sont des pratiques dont le lecteur moyen de S.F. n’est plus coutumier depuis quelques générations. Dans le même ordre d’idées, on se sent légèrement agacé par le langage petit-nègre des braves indigènes qui prononcent : « fizi » pour « fusil », et « Doteubloc » pour « Docteur Bloch ». (Ce parternalisme bienveillant est l’une des critiques que l’on peut faire à Stefan Wul dans l’un de ses romans, par ailleurs excellents.) Plus grave est l’assimilation non déguisée entre les communautés de la Planète Niond et l’ancienne secte terrienne appelée « communistes ». On voit pointer là une oreille qui, pour entendre le langage positiviste, n’en écoute pas moins préférentiellement la propagande anti-soviétique. Heureusement, le bon vieux mariage terrien est là pour faire reculer l’hydre.

    Ces considérations mises à part, il reste une opérette gauloise écrite par un Américain farceur, et très bien servie par une traduction alerte, correcte et liée comme une bonne sauce.

André RUELLAN
Première parution : 1/4/1964 dans Fiction 125
Mise en ligne le : 29/12/2023

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