KESSELRING
, coll. Ici et maintenant - Romans n° 3 Dépôt légal : 2ème trimestre 1978, Achevé d'imprimer : 30 juin 1978 Première édition Roman, 192 pages, catégorie / prix : nd ISBN : néant Format : 12,0 x 21,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Ils ont enfourché leurs motos atomiques et sont allés foutre la merde dans la Cité. Tout un monde grouillant de Blousons Noirs et de Punks dégénérés. Ils organisent entre eux des combats sanglants jusqu'au jour où ils se décident à s'attaquer au véritable adversaire : l'Etat. Ça donne des surprises-parties pour le moins mouvementées.
Ça ébranle le système jusque sur les planètes extérieures. Les motards de l'Apocalypse ont mis un beau bordel partout.
Maxime Benoît-Jeannin, français émigré à Bruxelles, a publié plusieurs nouvelles choc qui l'ont fait remarquer comme l'un des plus sûrs espoirs de la science-fiction politique. Voici son premier roman. Un coup de maître.
1 - May I introduce myself, pages 185 à 188, article 2 - (non mentionné), Bibliographie, pages 189 à 189, bibliographie
Critiques
COSMIC PLASTIC BAND
Apocalypse punk, illustrée en archéo-pop-art par Brantonne ? Plus compliqué que l'apparence ne le laisse entrevoir. Comme pour le livre de Hubert, présentation de l'auteur par lui-même, deux photos, une biographie, une bibliographie. En même temps, il propose un manifeste de poésie « mamaniste » et écrit des pornos alimentaires. Ce qui le qualifie pour amorcer une réflexion sur les rapports entre SF, poésie, prose moderne et politique.
Le roman, en tout cas, laisse voir une grande facilité de plume (ou de machine) : prose qui tend aux images, aux flashes, comme dans les poèmes, les collages, les détournements de texte. Sens aigu de la description, où le présent des bidonvilles, des supermarchés, des motards est extrapolé en une sorte de montage à la limite du kitsch. Quant aux scènes de violence et de sexualité brutalement exhibitionnistes, elles sont abondantes, sanglantes. Au premier degré, une sorte de roman porno du futur. Genre Vernon Sullivan — on tuera tous les terriens — un ton au-dessous. Futur lointain par les références à la colonisation de Mars, et sa capitale Neo Kronstadt, et très proche (déjà rétro) par l'iconographie. On comprend que Brantonne se soit bien amusé.
Mais qu'on n'en déduise pas que le roman est raté, pauvre, débile, etc. Non le projet établi, les éléments choisis, les références explicitées, ce roman est un parfait exemple de (dé) montage de textes à la manière des épigones du Nouveau Roman. Hommages bruyants à Robbe-Grillet, à Orange Mécanique, à Rêve de Fer. Une fiction construite au second degré et qui permet de nombreuses positions de lecture. D'où le comique, résultant de l'habileté dans la manipulation des fantasmes d'une certaine SF, qui, sous prétexte de modernité, s'est contentée d'exalter — comme le regrettait Blanc dans son Jules Verne « La violence et le cul ». Ici ces éléments figurent (un public tout trouvé s'en pourléchera la main droite) mais la visée à la fois politique et littéraire réside dans la distance que prend l'auteur face à cette imagerie saint-sulpicienne de l'érotisme et du politique. Toujours liées au culte du chef, comme en témoigne la perte d'auréole de Korch après un instant d'abandon à sa féminité. Sous des apparences criardes, un roman assez subtil de l'auteur de quelques nouvelles excellentes parues dans Fiction (274) et surtout dans l'anthologie de Planchât Fenêtres Internes(10/18).