Titcht, vous vous souvenez forcément.

     D'ailleurs, rien que d'en parler c'est la levée des boucliers. Les lecteurs veulent me pendre, les libraires m'étriper, et mon éditeur m'enfermer chez les trappistes dans une cellule sans moquette ni télé couleur pour m'inciter au farniente.

     Je sais, les choses ont traîné. C'est que Titcht n'est pas un héros comme les autres. Ses aventures, extraordinaires, vous l'avouerez, il faut les lui arracher. La pub, c'est pas son genre. Et puis c'est un bougeur. L'Arlésienne, à côté de lui, n'était qu'une m'as-tu-vu !

     Mais rassurez-vous, on a passé un marché lui et moi : il raconte, je transcris. Fidèlement. Régulièrement.

     Rappelez-vous, on l'avait laissé un beau matin d'octobre, à Las Vegas...

     Lecteur, à vos rétines !

     Un livre qui se sera fait attendre, décidément ! Que faisait l'auteur ? Nul apparemment ne le savait, à commencer par l'éditeur lui-même qui dut recourir à la menace de non publication... Au dos du roman, l'auteur fait son mea culpa, promettant désormais une livraison régulière des aventures de Mel Titcht — car ce volume n'est certainement pas le dernier, suivant en cela la nouvelle politique éditoriale du Fleuve Noir qui se lance dans les séries (la première étant la Compagnie des Glaces, dénigrée à tort par des gens qui confondent abondance et surproduction) ; souhaitons que la collection « Anticipation » ne se fourvoie pas dans le labyrinthe où s'est perdue « Espionnage »...

     Mel Titcht est un « privé », avec tout ce que cela comporte comme clichés : alcool, armes et coups sur la figure, et, comme tel, il est embringué dans une histoire qu'il ne domine pas : un mort qui réapparaît, des gens momifiés à la fleur de l'âge, un extraterrestre envahissant qui est là pour rattacher ce roman noir à la SF. Mais pourquoi pas ? Car le tout est savamment amené avec ce qu'il faut de coups de théâtre. Pourtant je qualifierai ce roman de reposant, à la fois par son abord et par l'absence de sophistication de son sujet.