DANIBER
(Paris, France), coll. Science-fiction-suspense n° 14 Dépôt légal : 4ème trimestre 1960 Première édition Roman, 192 pages ISBN : néant Format : 11,5 x 16,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
Ce roman a été en partie réédité dans les 3 premiers numéros de la revue « Mondes secrets » en 1963, sous le titre « Le Temps des mensonges ».
Quatrième de couverture
Si l'homme, toujours avide d'horizons nouveaux, rêve de naviguer dans l'espace, il souhaite aussi voyager dans le temps. C'est l'extraordinaire aventure qui arrive à un jeune physicien français.
Lambert arrivera-t-il à retrouver l'époque et le monde d'où il vient, parviendra-t-il à vaincre la sombre fatalité qui semble s'acharner sur lui, trouvera-t-il enfin le bonheur auquel il aspire ?
En proie au sortilège temporel, il se débat dans une série d'aventures effarantes où un être à l'esprit mois solide que lui perdrait vite la raison. Balloté de droite et de gauche comme un fétu de paille au gré des flots du temps, Georges-Michel Lambert aura pourtant une influence déterminante sur le cours des choses. Une tendre figure de femme traverse cette histoire et lui donne un attrait supplémentaire.
De l'amour, du mystère et du drame dans un contexte très science-fiction, voilà bien, certes, de quoi donner envie de relire Sortilège Temporel une fois qu'on l'a lu.
Critiques
Si sortilège il y a dans ces pages, il est dimensionnel plutôt que temporel : il s'agit en effet ici d'une tentative de jongler avec des univers parallèles. La jonglerie est celle de l'auteur plutôt que celle du protagoniste : ce dernier se révèle en effet un gaffeur – temporel ou dimensionnel – de toute première force, s'égarant comme à plaisir d'un univers à l'autre, et essayant courageusement de corriger l'Histoire afin de retrouver le monde duquel il est parti, c'est-à-dire le nôtre. Il s'y prend même d'ailleurs si mal que, une fois revenu à son univers de départ, il se trouve en présence d'un autre lui-même. L'aisance avec laquelle une physicienne d'un autre monde parvient à le rejoindre semble indiquer que ce brave Georges-Michel Lambert n'est pas particulièrement doué.
Cela n'a pas grande importance ; ses aventures se lisent sans difficulté et, si elles manquent de profondeur, elles sont distrayantes par la maladresse même du héros. Assassin de Henri IV, instigateur du meurtre de l'archiduc François-Ferdinand à Serajevo, il ne demeure certainement pas inaperçu dans l'Histoire. Cependant, ces sauts du passé à l'avenir, et inversement, semblent suffire à l'auteur : celui-ci se contente d'esquisser de manière très sommaire les autres mondes visités par son héros, et ne paraît guère désireux de nous présenter un paradoxe temporel véritablement corsé. Lambert ne rencontre son autre lui-même que pour le tuer, et l'histoire n'est guère modifiée par l'exploration qu'il a faite d'un autre présent, ainsi que de « notre » passé.
Comparé aux « Bagnes de l'espace» du même auteur, le présent roman constitue un progrès certain (ne serait-ce que par l'utilisation beaucoup plus intelligente de thèmes scientifiques) ; cependant, François Lourbet paraît encore manquer de maturité, et surtout de métier. Assurément, on ne saurait lui reprocher de peindre un univers parallèle avec moins de maîtrise que Fredric Brown dans « What mad universe » ; et il est assez difficile d'apporter de l'inédit aux paradoxes temporels après « Le voyageur imprudent » de René Barjavel. Ce n'est pas par son manque de souffle que François Lourbet déçoit, mais bien par sa tendance à hésiter entre plusieurs idées qu'il n'esquisse que pour les abandonner presque aussitôt. Peut-être s'est-il senti gêné par les dimensions réduites de son roman. Peut-être a-t-il voulu délibérément tenter une sorte de feu d'artifice. Si la première hypothèse est la bonne, il mérite quelque indulgence du lecteur. Si c'est la seconde, il faut bien reconnaître que le résultat de ses efforts n'est pas à la mesure de son ambition. Mais peut-être encore a-t-il poussé son héros un peu au hasard à travers les univers, quitte à lui inventer une issue après un certain nombre de pages ? À dire vrai, la façon dont le récit est mené ne permet pas d'éliminer a priori cette dernière possibilité.