Norman SPINRAD Titre original : World war last, 1985 Première parution : USA : Revue : Isaac Asimov's Science Fiction Magazine, août 1985 / Volume : Baen, décembre 1985ISFDB Traduction de Jacques GUIOD Illustration de Raymond HERMANGE
Hassan al Korami, émir d'un riche état pétrolier du golfe Persique, est parvenu à se procurer l'arme atomique auprès de cyniques marchands internationaux. Ses menaces visent la sécurité d'Israël. Les Etats-Unis et l'URSS ne peuvent rester indifférents. La tension monte, les ultimatums se succèdent et plus rien ne semble pouvoir empêcher l'Apocalypse nucléaire. Seulement...
Le président des Etats-Unis est devenu totalement obsédé sexuel à la suite d'une overdose... Le chef de l'Etat soviétique est mort depuis 10 ans et c'est son cadavre animé qui dirige le pays... La bombe livrée au Koram est contrôlée par des jeux vidéos pleins de soucoupes volantes et de monstres poilus !
Seul l'humour corrosif de Norman Spinrad pouvait donner toute son ampleur à ce récit inédit, satirique et délirant, mené tambour battant, mais pas si éloigné que ça de la réalité.
Un nouveau tour de force de la part de l'auteur de Rêve de fer et de La dernière croisière du Dragon-Zéphyr.
Critiques
Apparemment le plus récent Spinrad, léger et rapide, à peine plus qu'une novelette, de toute évidence écrit à toute allure, et cependant très réjouissant. Il y est question d'un roi du pétrole (qui est en même temps un roi du pétard, celui qui se fume avant de faire boum dans les boyaux de la tête), qui a réussi à se procurer une bombe atomique et d'invraisemblables poubelles volantes américaines pour lui servir de vecteur (des zincs que les Confédérés n'auraient pas voulu pendant la guerre de Sécession), avec l'intention de raser Israël. Les deux super-grands contemplent Hassan al Korami avec un œil légèrement embué : et pour cause ! Le Président des USA, qui va d'overdose en overdose, ne pense qu'à se taper des filles, tandis que le Premier Secrétaire du Parti communiste d'URSS est dans un état encore plus triste (ou pas triste) puisqu'il est mort depuis dix ans (c'est une marionnette électronique).
L'auteur du Chaos final a élaboré-là un autre de ses chaos dont il a le secret. Ou plutôt un bordel bon-enfant, qui hérissera sûrement le poil à plus d'un, mais m'a rempli de joie. Ecrit à toute allure, disais-je ? Ecrit également sous l'influence permanente de joints fumés à la file, ce qui n'étonnera pas de la part du fin Norman, adepte devant l'Eternel des paradis libanais, finement roulés. Le livre n'est évidemment qu'une grosse farce, mais elle contient suffisamment de vérité bien saignantes pour que cette farce-là prenne, et vous brûle le gosier. Comment le Koram s'est-il procuré des avions américains, par exemple : Nous les avons vendus à Singapour, qui les a revendus à Taiwan, qui les a fait passer par Hong-Kong pour les livrer aux Chinois, lesquels les ont échangés contre du pétrole aux iraniens, qui eux-mêmes ont dit au Koram les avoir récupérés après l'invasion du Paraguay par les Brésiliens (p. 53). On se croierait dans les colonnes de votre quotidien favori, rendant compte de la manière dont les Israéliens ont vendu des armes américaines à l'Iran pour affaiblir l'Irak. Bref Spinrad n'invente pas grand'chose. Le résultat ? Et on s'amuse et on rigole, comme l'écrit un autre grand satiriste...