Tout commence dans une taverne enfumée de Karnab, la ville aux mille palais dont l'atmosphère rappelle évidemment la Bagdad des Mille et une nuits. Alaet, un jeune voleur dégourdi, y reçoit un appel à l'aide de son ami Zinedine, prisonnier du méchant sorcier Nevruck.
Laurent Genefort plonge ainsi son lecteur dans un univers de fantasy immédiatement familier, qui rappellera notamment aux plus jeunes le
Aladdin des mêmes
Mille et une nuits, qu'ils ont vu adapté par les studios Walt Disney. Comme dans ce film, l'auteur joue à la fois sur l'humour –
n tapis volant mal luné refuse énergiquement de servir de monture, ou un chevalier se retrouve emprisonné dans une armure hermétiquement scellée – et sur la peur engendrée par un sombre sorcier capable de se déplacer instantanément à travers des miroirs.
En se lançant à la poursuite de Nevruck, de l'autre côté des miroirs, Alaet va découvrir de nombreux territoires étranges, comme le Royaumes des Mânes — le pays des morts – ou les Cavernes froides. Il ira même jusqu'à contempler de l'extérieur son propre monde, nommé Wethrïn, jusqu'à sortir de son univers pour atterrir sur une gemme aux mille facettes, et jusqu'à se dédoubler...
On retrouve ici le goût de Genefort pour les constructions complexes. Wethrïn est d'ailleurs une terre plate où vivent des humains mais aussi deux autres espèces, les trolques et les homules, un univers finalement assez proche de celui d'Omale, mais abordé sous l'angle de la seule fantasy.
Le décor assez conventionnel des premiers chapitres laisse ainsi place à une course-poursuite dans plusieurs univers qui pourront dérouter un lecteur peu aguerri. Le démon-miroir s'adresse donc à de bons lecteurs, capables de suivre l'itinéraire erratique d'Alaet. A cette condition, ce roman sera une excellente initiation à une fantasy exigeante.
Notes :
1. clin d'œil à Alain Nevant et Henri Loevenbruck, les fondateurs du magazine SF Mag, qui signent parfois du pseudonyme Nevbruck.
Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 7/5/2001 nooSFere