ARGYLL
(Rennes, France) Date de parution : 3 novembre 2023 Dépôt légal : novembre 2023, Achevé d'imprimer : 3ème trimestre 2023 Première édition Roman, 592 pages, catégorie / prix : 26,90 € ISBN : 978-2-492403-85-9 Format : 15,0 x 21,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
« J'adore Eleanor Arnason. J'aime tout ce qu'elle a écrit. »
Jo Walton
Tandis que la Terre peine à se relever de la pollution et de la surexploitation de ses ressources, Lixia, une anthropologue, est envoyée vers une planète qui orbite autour de l’étoile Sigma Draconis. Elle et son équipage sont chargés d’observer les sociétés qui s’y sont développées sans interférer avec les populations locales.
Nia, quant à elle, est une artisane parmi celles et ceux que l’on nomme le Peuple du Fer. Marginalisée parce qu’elle a autrefois aimé un homme, c’est elle qui est choisie pour guider les terriens sur son monde où, au prix d’une séparation entre les hommes et les femmes, guerre et violence n’ont ni sens ni existence.
Toutefois, voilà qu’au sein de l’équipage divisé du vaisseau, la colère gronde et les conflits se multiplient, au risque de tout détruire. L’amitié naissante entre Nia et Lixia résistera-t-elle à ces dissensions ?
Née à Manhattan, Eleanor Amason a vécu à New York, Chicago, Londres, Paris, Washington. Honolulu et Minneapolis, où elle profite aujourd’hui de sa retraite. Elfe a publié six romans et une quarantaine de nouvelles. Les Nomades du Fer, lauréat des prix James Tiptree Jr. Memorial et Mythopoeïc, explore une société matriarcale et écologique, dans la droite lignée des œuvres d’Ursula K. Le Guin, qui l’avait adoubée.
Critiques
Li Lixia est une anthropologue fraîchement débarquée sur une planète lointaine par un vaisseau spatial terrien, au terme d’un voyage de plusieurs dizaines d’années. Son rôle : prendre contact discrètement avec les habitants locaux, une espèce humanoïde poilue, et apprendre leur langage et leurs coutumes.
Ces humanoïdes sont à un stade de développement moins avancé, ne maîtrisent que peu de techniques comme la forge ou le tissage et sont organisés en société matriarcale : les hommes sont chassés des villages à la puberté et les femmes restent seules en société, ne rejoignant les hommes solitaires dans les forêts que quelques jours au printemps pour la reproduction.
Malgré la méfiance due aux différences physiques, Li Lixia se lie rapidement avec Nia, une femme rejetée par son village car elle a eu une relation plus soutenue avec un homme. Elles vont entamer un voyage sur la planète, alors qu’une partie de l’équipage du vaisseau se demande comment interagir avec ce peuple, s’il faut le laisser seul ou s’il faut intervenir pour accélérer son développement.
Parue aux Etats-Unis en 1991, Les Nomades de fer n’avait bizarrement jamais été traduit. Bizarrement car il n’aurait pas dépareillé, par sa qualité et ses thèmes, dans une collection comme Ailleurs & Demain. En effet, cette histoire de premier contact, cette découverte anthropologique et les réflexions et débats qu’elle provoque chez les Terriens est dans le sillage de l’œuvre d’Ursula Le Guin.
Structuré en deux parties, la première consacrée à la découverte de la planète et de ses habitants par Li Lixia, la seconde plus centrée sur Nia (le titre original du roman A Woman of Iron People (une femme du peuple de fer) lui fait d’ailleurs explicitement référence) ce roman permet d’aborder de nombreux thèmes, d’abord la gestion de ce premier contact et l’organisation de cette société matriarcale, puis les interactions entre les indigènes et les Terriens, enfin les bienfaits et les méfaits de cette possible colonisation (certains membres de l’équipage veulent même exploiter cette planète riche en métaux). Arnason n’est pas là pour prendre parti de manière tranchée : elle laisse le temps aux protagonistes de développer leurs idées, d’exposer leurs arguments, de se confronter aux faits. Cela ne l’empêche pas pour autant de prendre soin de ses personnages, de montrer un amour certain pour cette société matriarcale, de remplir le récit d’humanité et d’empathie.
Tout cela donne un roman dense et foisonnant : ces 580 pages stimulent l’esprit du lecteur, le mettent en situation, lui montrent les points de vue : on comprend encore moins pourquoi il n’a pas été traduit avant tant on a l’impression de sortir enrichi de sa lecture.