En parvenant à la phase ultime de son développement, l'humanité de notre monde prendra conscience de l'infinie variété des univers et de leur relation intime avec des intelligences qui les habitent.

     Nous sommes encore loin de ce sommet de l'évolution. Et cependant, nous percevons ici et là, dans le présent comme dans le passé, la présence des Hortans. La plupart ont réussi à se fondre dans la masse anonyme des vivants, mais d'autres n'ont pu éviter l'erreur de laisser des traces. Arts, sciences, connaissances sont ainsi marqués. Vous doutez ? Laissez seulement votre esprit ouvert durant un cycle complet et concluez.

     Ce roman est sous-titré Les Hortans — 1. Ce qui fait, avec la « saga des Rouges » de Caroff, le cycle de Swa de Daniel Walther, la « Chronique de l'Ere du Verseau » d'Adam Saint-Moore, les « Ellipses temporelles » de Daniel Piret, les « Chroniques du retour sauvage » de Buddy Mathieson, « Goer de la Terre » de Michel Jeury, le « Surmonde des Gofans » de Gabriel Jan, et bien entendu la « Compagnie des glaces » d'Arnaud (tout ça dans le désordre), la dixième série mise en chantier au Fleuve Noir depuis environ deux ans.

     Mais qu'est-ce qu'ils ont ? Veut-on essayer de faire du forcing au sein d'illustres créneaux commerciaux, genre Conan ou Scheer et Darlton ? Cette politique est-elle une rencontre d'individualités, ou une directive de Patrick Siry (mais non : Siry n'est pas un « dirigiste » !) ? Est-elle le fruit blet d'un coupable manque d'imagination ? Ou au contraire d'une volonté des auteurs de faire chacun son Dune en pièces détachées ? (On sait qu'Arnaud a déclaré viser les cinquante volumes pour sa « Compagnie »). Je n'en sais rien. Je suis quand même un peu inquiet. Mais l'avenir, toujours lui, nous dira la suite...

     Pour en venir enfin à ce Le May, on n'est pas trop inquiets : les Hortans ne sont qu'une mouture des « grands anciens » de jadis, qui peuvent donc intervenir n'importe où et n'importe quand. Dans cette série, les mailles seront larges. Ouf. Ici, il s'agit d'une honnête heroic fantasy, sur la grandeur et la chute d'un tyran d'une planète féodale. Le tyran est manipulé par un extraterrestre. Il y a des bagarres et des descriptions élégiaques. Ça fonctionne bien. Du Le May standard, comme il le sait en faire en se retenant de trop bavarder.