REVUE Première parution : Avon-sous-Fontainebleau, France : Le Bélial, Yellow Submarine et la Clepsydre, 2004 Cycle : Fanzines - Yellow Submarine vol. 132
BÉLIAL'
(Avon-sous-Fontainebleau, France), coll. Yellow Submarine (revue) n° 132 Dépôt légal : octobre 2004, Achevé d'imprimer : octobre 2004 Première édition Revue, 192 pages, catégorie / prix : 12 € ISBN : 2-84344-060-2 Format : 13,0 x 20,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Numéro conjoint de "Yellow Submarine" et "La Clepsydre".
Quatrième de couverture
De toutes les dimensions, le Temps est la seule que l'humanité n'a pas encore su domestiquer — et l'une des rares dont l'évaluation soit sujette à autant d'interprétations. De fait, depuis que le genre humain a accédé à une certaine intelligence, le Temps et les questionnements divers qu'il peut soulever sont devenus un des éléments moteurs de son imaginaire, sous quelque forme que ce soit. Les voyages dans le temps, les fantaisies historiques et autres récits uchroniques sont autant de moyens d'interroger le passé pour, peut-être, mieux comprendre le présent. Ils sont aussi, de manière souvent involontaire et indirecte, des éléments d'appréhension du contexte dans lequel ils ont été produits ou des consciences et connaissances historiques de l'époque de leurs créations.
Ce nouveau volume de Yellow Submarine présente un certain nombre d'exemples des rapports, étroits et complexes, que tissent entre elles les petites histoires de nos imaginaires et la grande histoire de notre monde.
Infinies possibilités pour Lawrence Watt-Evans, acteurs historiques pour Ugo Beflagamba, rencontre entre Tim Powers et David Calvo, contraintes sociales ou économiques pour Raphaël Colson, réponses théologiques ou philosophiques pour Olivier Davenas, interrogations politiques pour Johan Heliot, évolutions industrielles pour Al' Durou...
Avec des nouvelles signées Jean-Jacques Régnier, Harry Morgan, Gilles Ascaride et Edward Page Michell, auteur du tout premier récit de voyage dans le temps de l'histoire de la science-fiction !
Depuis quelques années, on ne compte plus les récits de SF (ou de fantasy) liés à l'histoire, — uchronie, et toutes sortes de récits situés dans un futur d'aspect passéiste, ou dans un passé transformé. Si les États-Unis privilégient l'histoire réécrite (cf. les anthologies dirigées par Martin Greenberg ou les romans de Harry Turtledove), en France on a fait un nouveau sous-genre d'une vague de textes enracinés dans les mythes de la littérature populaire de la fin du XIXe siècle.
André-François Ruaud, le rédacteur en chef de Yellow Submarine, a dirigé il y a peu une anthologie à coloration historique (Passés Recomposés, chez Nestiveqnen), et le présent numéro de revue est co-réalisé avec La Clepsydre, le fanzine de Pascal Mergey consacré aux « fictions temporelles ». Deux spécialistes de la question donc, qui ont pris le parti de ne pas nous infliger une introduction de plus à la thématique, mais d'en explorer les ramifications les moins connues, en présentant articles, entrevues, chroniques, et fictions.
Bon nombre d'articles sont des analyses détaillées d'une œuvre (ou deux), via une entrevue avec son auteur dans le cas de David Morse. Si André-François Ruaud étudie Xavier Mauméjean, Al Durou, William Gibson et Bruce Sterling, la sélection des ouvrages présentés dans la grande rubrique « Impressions du temps » est tellement éclectique qu'on se sent parfois rentrer dans l'univers parallèle des livres dont on n'aurait même pas soupçonné l'existence. Les entrevues avec Johan Heliot et surtout Tim Powers sont agréables et informatives. Les textes de réflexion générale, qui portent toujours sur un point précis autour du thème, mélangent le meilleur (Ugo Bellagamba), le banal (Laurence Watt-Evans), le surprenant (Olivier Davenas, avec ses explications détaillées sur la philosophie historique de Nietzsche), et le pire (Raphaël Colson).
La meilleure surprise vient des quatre nouvelles qui ponctuent le volume. L'horloge qui reculait d'Edward Page Mitchell, est une curiosité... historique : un récit de voyage dans le temps qui remonte à 1881 ; Jacques X, roi d'Amérique (réédité d'un fanzine québécois) relève de l'histoire secrète (avec l'incertitude due à l'alcoolisme de son narrateur) ; Force de vente, de Jean-Jacques Régnier est une nouvelle sheckleyienne et amère ; et enfin Le premier transversal de Harry Morgan — un auteur qui devrait publier plus — est une petite merveille d'humour et de pastiche de SF de la première moitié du XXe siècle. Yellow Submarine, une fois de plus, fera la joie des lecteurs avertis et passionnés.