Sept ans se sont écoulés depuis les événements racontés dans Dracula. Van Helsing, Mina et Jonathan Harker, accompagnés de leurs amis, retournent en Transylvanie pour s'assurer que la malédiction est bien levée. Ils font ainsi connaissance avec le professeur Kovacs et sa nièce Elena. Intrigué par le récit de Van Helsing, Kovacs décide de partir à la recherche de la Scholomance, une école diabolique où, à en croire la légende, Dracula aurait reçu l'enseignement de Lucifer lui-même. Après l'avoir trouvée, il tombe sous l'emprise de Beherit, un vampire frustré de ses ambitions par Dracula, qui lui affirme que celui-ci n'a pas pu périr. En effet, le spectre de Dracula possède à présent Elena, qui gagne l'Angleterre pour y être recueillie par les Harker. Mina et Jonathan comprennent peu à peu qu'ils sont retombés sous l'influence du Comte et appellent Van Helsing à la rescousse...

     Ce n'est pas la première suite au chef d'œuvre de Bram Stoker mais le roman de Freda Warrington est le plus réussi du lot. D'abord parce qu'elle a respecté la forme de son modèle (l'action nous est restituée sous la forme de lettres et d'extraits de journaux intimes), ensuite parce qu'elle en a respecté le fond. Dracula est une œuvre qui joue essentiellement sur le registre de la sexualité victorienne et des frustrations qui la caractérisent. Le retour de Dracula est imprégné d'une tension sexuelle qui rend sa lecture haletante ; en outre, l'auteur dispose du recul dont était privé Stoker, ce qui lui permet d'être beaucoup plus précise que lui sans jamais tomber dans des excès anachroniques : il y a dans ces pages un jeu avec le lecteur, une utilisation du non-dit, qui est d'une finesse éblouissante. Ajoutez à cela une très grande maîtrise de la narration, une analyse fine mais vigoureuse des personnages et une concision digne d'éloges, et le plaisir de lecture est total. Vivement recommandé.