« Nous avons tous peur », de B.R. Bruss (Fleuve Noir), semble avoir été inspiré à l'auteur par la lecture de Lovecraft. En effet, c'est un roman de caractère démonologique. Mais s'il y a beaucoup de sang, de meurtres et de folie dans ces 222 pages, je ne puis vraiment dire que B.R. Bruss nous « fasse peur ». En bref, c'est l'histoire d'un journaliste envoyé dans une petite bourgade canadienne que des familles entières abandonnent sans raison apparente. Avant même d'avoir commencé son enquête, notre reporter est sujet à d'affreux cauchemars. Il apprendra, non sans devoir vaincre de solides réticences, que les exilés volontaires, eux aussi, ont connu le même cauchemar. La vérité n'apparaîtra que dans les dernières pages, et après qu'un certain nombre d'innocents aient payé de leur vie cette succession d'hallucinations collectives. Les explications finales ne sont pas très bien venues – elles sont, en fait, une authentique autichute. Ce genre de sujet présente d'ailleurs, dans le traitement, des embûches telles qu'à moins d'être un Lovecraft, il est plus prudent de l'éviter.