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Aussi lourd que le vent

Serge BRUSSOLO


Illustration de Jean-Yves KERVÉVAN

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 315 suivant dans la collection
Dépôt légal : septembre 1999, Achevé d'imprimer : septembre 1999
Recueil de nouvelles, 192 pages, catégorie / prix : 2
ISBN : 2-207-24974-3
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
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Quatrième de couverture
     Des fonctionnaires occupés à faire l'inventaire d'un gigantesque musée dont personne n'a jamais vu les limites — un musée bien plus dangereux qu'il n'y paraît. Un art nouveau qui, grâce à l'usage de drogues complexes, permet de sculpter le son, de transformer blasphèmes et jurons en chefs-d'œuvre. Trois récits où les espaces et les constructions mentales mutent et se dégradent, s'altèrent pour passer de l'état de chef-d'œuvre à celui de cauchemar, ou inversement. Un tour de force, qui n'est pas sans rappeler J.G. Ballard ou J.L. Borges.
 
     Serge Brussolo, né en 1951, est l'un des rares auteurs francophones qui ont su s'imposer avec un succès équivalent dans des genres aussi différents que le fantastique, le roman historique, la littérature générale, le roman policier et la science-fiction. Son roman Le Syndrome du scaphandrier est d'ores et déjà un classique de ce dernier genre.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Trajets et itinéraires de l'oubli, pages 9 à 86, nouvelle
2 - Visite guidée, pages 87 à 136, nouvelle
3 - Aussi lourd que le vent, pages 137 à 188, nouvelle
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présence du futur (1981)

 
     Révélé par Futurs au présent (PdF 256), Serge Brussolo est sans doute l'auteur français le plus important du moment, c'est-à-dire un des seuls qui bâtisse sous nos yeux une œuvre puissante, originale, incomparable.
     Plus lourd que le vent (comme son précédent recueil : Vue en coupe d'une ville malade, PdF 300) est le premier événement réellement important survenu dans la SF française depuis Le temps incertain.
     Mais il ne suffit pas de dire que Brussolo est génial ; encore faut-il montrer pourquoi, ou plutôt comment... La démarche de Serge Brussolo possède l'évidence de la nécessité : jusque-là, la SF française procédait à une lecture des signes (la rhétorique dickienne ou le didactisme politique étant les plus répandus) ; Brussolo, lui, enfouit ou subvertit les signes par une lecture des formes.
     Comme la plupart des chefs-d'œuvre, les nouvelles de Brussolo réalisent à la fois une synthèse et un dépassement. Synthèse d'abord : on repère vite un choc d'images surréaliste, une sensibilité dada ou nonsensique (et qui a des ancrages dans les marges de la SF : Topor, Gébé ou Vian) ; ainsi le tank en porcelaine dans Trajets et itinéraires de l'oubli, ou la sculpture vocale dans Plus lourd que le vent. Mais Brussolo témoigne également d'un goût prononcé pour les métaphores borgésiennes (le musée de Trajets et itinéraires de l'oubli n'est-il pas une manière de bibliothèque de Babel ?) et d'un « blanchissement » de l'écriture venu du Nouveau Roman (circularité, distanciation, redistribution des objets et de l'univers phénoménologique, etc.). A partir de là, le dépassement opéré par Brussolo provient de : 1°) l'introduction de tout cet univers de références dans le champ de la SF contemporaine, et 2°) un traitement moderniste de l'ensemble. Brussolo se situe à un croisement esthétique significatif qui, d'un même mouvement, lui permet de prendre en compte la tradition et son renouvellement, en un échange constant. De ce point de vue, il est possible de saisir le fonctionnement de base du texte brussolien : la nouvelle s'organise d'abord autour d'une métaphore (le musée, ou la réserve de Visite guidée) ou, plus saisissant, d'une métonymie (la parole devenant sculpture, dans Plus lourd que le vent). Premier indice du travail formel : cette métaphore ou cette métonymie (procédant souvent d'une collision surréaliste) sont considérées comme un système (et non comme un symbole ou une poétique). Quelle que soit la force de l'image, elle est donc, dès le départ, déclassée. Explorant le système jusqu'en ses limites, Brussolo va abolir la signification, il va produire de l'ambiguïté. Là où la SF illustre souvent ses métaphores au premier degré (et parfois les « moralise »), Brussolo au contraire les anéantit. La SF ornemente le Mythe, Brussolo l'aplatit, le débauche et se nourrit d'une dialectique mystification/démythification qui bouleverse la lecture idéaliste. C'est là sa profonde originalité.

Bruno LECIGNE
Première parution : 1/6/1981
dans Fiction 319
Mise en ligne le : 26/6/2007

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