L'Argo plonge vers le trou noir qui occupe le centre galactique. Killeen, son capitaine, a réussi à échapper avec les siens aux Machines Intelligentes qui ont détruit leur citadelle.

 

Après La Grande Rivière du ciel et Marées de lumière, voici un nouvel épisode de la célèbre série Le Centre galactique qui nous mène de notre présent et de notre Terre jusqu'à un insondable avenir.

Tous les volumes de cette série ont paru ou paraîtront au Livre de Poche.

     Ce cinquième tome du cycle du Centre Galactique (après Dans l'océan de la nuit et À travers la mer des soleils, parus aux éditions Denoël, puis La Grande Rivière du ciel et Marées de lumière, disponibles au Livre de Poche ; reste encore à traduire un sixième et dernier tome, intitulé Sailing Bright Eternity en anglais), nous amène (enfin !) au cœur du grand mystère, c'est-à-dire le vaste trou noir (aussi nommé le « Mangeur de Toutes Choses ») qui réside au centre de notre Galaxie. Selon l'Histoire du Futur établie par Benford, l'exploration humaine aura atteint cette région d'ici quelques dizaines de millénaires. Mais l'humanité est confrontée à l'hostilité implacable des Machines intelligentes, les mécas, qui constituent la civilisation dominante à l'échelle galactique et qui cherchent à exterminer toute intelligence à base de vie organique. Seules quelques poches humaines résistent encore, dispersées sur diverses planètes et pourchassées comme de la vermine par les mécas. En même temps, les mécas ont créé des énormes ouvrages de génie cosmique à proximité du Mangeur, pour y effectuer des recherches dont les buts ultimes restent inconnus des humains.

     La Famille LeFou, menée par Killeen, a pu s'échapper de sa planète d'origine, Nivale, à bord de l'Argo, un vaisseau interstellaire construit par les hommes des temps anciens. Les LeFou maîtrisent mal cette technologie avancée, mais ont néanmoins réussi à rejoindre la planète Atout. Là-bas, ils ont trouvé d'autres Familles humaines survivantes, ainsi qu'une race de cyborgs non-terrestres, les Myriapodes, également ennemis des mécas. Dans le présent volume, ils décident d'unir leurs forces et entament un deuxième périple aux confins même du Mangeur, en suivant les conseils d'une mystérieuse entité magnétique qui entre en contact avec Killeen et semble connaître des secrets du passé des LeFou qu'ils ignorent eux-mêmes. Mais l'Argo et son équipage sont toujours poursuivis, voire manipulés, par les mécas et leur plus dangereux représentant : la Mante. Car les Intelligences Artificielles aussi soupçonnent Killeen et son fils Toby de détenir à leur insu des renseignements qui pourraient menacer les projets mis en œuvre autour du trou noir central.

     Comme dans tous ses romans, Benford concocte un récit haut en couleurs, animé par un sens aigu de l'aventure humaine, tout en observant à la lettre les contraintes imposées par nos connaissances scientifiques actuelles. Étant lui-même spécialiste de l'astrophysique du centre galactique, il livre beaucoup de détails, diagrammes à l'appui, sur les effets spatio-temporels d'un trou noir massif dans ces lieux. Mais il possède également un grand talent littéraire pour communiquer l'étrangeté et la démesure de ces phénomènes dans un langage poétique. Tout au long de ce cycle, il se révèle aussi être un anthropologue et un psychologue assez fin, qui met en scène des personnages crédibles, exposés à des situations extrêmes. En passant du point de vue de Killeen à celui de Toby, il développe en particulier dans ce roman le thème des conflits entre père et fils. Mais il y a aussi le retour sur scène des personnages perdus de vue depuis les premiers tomes, et restent encore pas mal d'énigmes à résoudre. Alors, vivement la traduction prochaine de la suite !