ALBIN MICHEL
(Paris, France), coll. Romans étrangers Dépôt légal : octobre 1997 Première édition Anthologie, 420 pages, catégorie / prix : 140,00 F ISBN : 2-226-09504-7 Format : 14,5 x 22,5 cm✅ Genre : Imaginaire
Une célébration suavement érotique de la chair et du sang.
Rassemblés par Poppy Z. Brite, l'auteur d'Ames perdues et de Sang d'encre, vingt auteurs américains célèbrent les fêtes charnelles les plus secrètes, comblent les appétits les plus intimes. Au-delà des délicieuses voluptés de la peur qui décuple le plaisir, la nouvelle prêtresse du fantastique des années 90 nous convie à une étrange communion sensuelle du désir et de la possession. Une alliance du sexe et de l'horreur, aphrodisiaque, dérangeante et noire, mais qui se paie toujours au prix fort : la perte de son âme...
On savait qu'érotisme et vampirisme faisaient bon ménage. Mais elle est un peu passée de mode, la romantique séduction du buveur de sang tel que l'incarna Christopher Lee. Notre époque a d'autres appétits, des jouissances plus terre à terre et moins suggestives dans la représentation. C'est pourquoi Poppy Z. Brite a réactualisé le thème en conviant vingt auteurs prestigieux à donner libre cours à leur imagination sur ce thème.
Ce dévoreur va toujours s'abreuver à la source de la vie, quand bien même celle-ci ne serait plus symbolisée par le sang ; c'est pourquoi ses prédations restent un bon moyen de saisir l'essence d'une époque. Il peut d'ailleurs se révéler avide d'émotions : Géraldine s'en repaît jusqu'à devenir l'instrument de son amante qui cherche à se débarrasser de souvenirs pénibles. Calices vides présente un autre amateur de sensations fortes qui enferme dans des bocaux les émotions des personnes qu'il a « vidées ». Le vampire de White Chapel élève la cruauté au rang d'un art : à l'instar du colonel d'Apocalypse now, il estime que « la beauté, la sainteté de la vie, ne réside ni dans la joie ni dans le bonheur, elle réside dans les souffrances de la chair. »
Mais ces vampires sexuels restent avant tout des jouisseurs avides des plaisirs les plus extrêmes. Voilà bien les pages les plus torrides qu'on ait pu écrire sur ce thème ! La sexualité la plus brûlante mais aussi les amours les plus débridées s'y étalent et ce n'est pas sans fascination qu'on découvre les vampires de Robert Devereaux, bêtes de sexe s'abreuvant de leur sang en autarcie. Certains textes ne manquent pas de poésie ni de finesse d'écriture dans l'évocation des amours débridées avec ces créatures de la nuit ; d'autres affichent une brutale crudité qui, dans ses excès même, semble vouloir transcender la réalité. Mais celle-ci reprend vite ses droits : le jeune homosexuel prostitué de Berlingue, déçu, dépèce la vampire qui lui a fait entrevoir l'ineffable la veille et qui ne dévoile le lendemain « que le spectacle banal de la viande qui refroidit. »
Tous n'apparaissent pas comme des êtres négatifs : certains, mutants ou victimes d'une malédiction, se révèlent si humains qu'ils pourraient donner bien des leçons aux vivants. Le vampire n'en reste pas moins l'expression de la faim la plus brutale. Et il n'est pas inutile de s'interroger sur quelle fascination nous cédons quand nous tombons sous le charme de ces créatures de la nuit. C'est peut-être aussi à cause de cela qu'il s'agit du recueil le plus troublant et le plus sulfureux de ces dernières années.
La figure du vampire ne cesse de changer selon les époques, preuve s'il en est que sa survie littéraire est assurée par sa capacité à se nourrir de l'âme de chaque société. Ce dévoreur va toujours s'abreuver à la source même de la vie, quelle qu'elle soit ; ses prédations sont donc un bon moyen de reconnaître ce qui fait l'essence d'une époque.
Il est bien loin, le ténébreux séducteur buveur de sang. Aujourd'hui, c'est un jouisseur avide des plaisirs les plus extrêmes. La sève qu'il vole n'est plus forcément rouge. Voilà bien les pages les plus torrides qu'on ait pu écrire sur ce thème ! La sexualité la plus brûlante mais aussi les amours les plus débridées s'y étalent et ce n'est pas sans fascination qu'on découvre les vampires de Robert Devereaux, bêtes de sexe s'abreuvant de leur sang en autarcie.
Certains textes ne manquent pas de poésie ni de finesses d'écriture dans l'évocation des amours débridées avec ces créatures de la nuit, d'autres affichent une brutale crudité qui, dans ses excès même, semble vouloir transcender la réalité. Mais entre le mythe et la réalité, il y a le fossé infranchissable du rêve. C'est le constat que fait le jeune homosexuel prostitué de Berlingue : la déception le pousse à dépecer la vampire qui lui a fait entrevoir l'ineffable la veille et qui ne trouve derrière la chair « que le spectacle banal de la viande qui refroidit ».
C'est cette ambiguïté qui fait la malédiction du vampire ; la fascination qu'il exerce masque la vérité de son état : il n'est que l'expression de la faim, titre d'une nouvelle de Wayne Allen Salle. Cet appétit monstrueux pousse la vampire de Dans une âme de femme au suicide en s'exposant à la lumière du jour.
Comme le note Poppy Brite, l'appétit du vampire n'est plus uniquement sanguinaire. Il peut aussi se révéler avide d'émotions (Géraldine, Calices vides). Le vampire de White Chapel élève la cruauté au rang d'un art : à l'instar du colonel d'Apocalypse now, il estime que « la beauté, la sainteté de la vie, ne réside ni dans la joie ni dans le bonheur elle réside dans les souffrances de la chair ».
Les vampires n'apparaissent plus forcément comme des êtres négatifs : mutants ou victimes d'une malédiction, ils se révèlent parfois si humains qu'ils pourraient donner bien des leçons aux vivants.
Poppy Z. Brite, qui s'est imposée, avant trente ans, dans le firmament de la littérature fantastique avec seulement trois romans et un recueil de nouvelles, a révélé ses talents d'anthologiste avec ce recueil de vingt nouvelles qui réunit les grands noms de la littérature fantastique et impose de jeunes espoirs. Cette réédition est probablement le recueil le plus troublant et le plus sulfureux de ces dernières années.