Blanc et Noir ! Les deux têtes se sont rapprochées. La flamme de la bougie a formé des images diaboliques sur les murs. Dans son Palais de Glaces, Proctor, l'artiste maudit, reçoit le capitaine noir du Scorpion (et ses deux enfants blonds achetés dans une maison de Bombay), Catherine la comtesse perverse, et le gros flic chargé de la police du port. Ces personnages inquiétants, issus des bas-fonds de l'humanité, se sont réunis pour des bacchanales sanglantes. Car ils ont tous choisi de vivre, jusqu'à la lie, la "vie érotique".
Samuel Delany est né à Harlem, quartier noir de New York, en 1942. Lauréat, deux années consécutives, du prix Nébula pour Babel-17 et l'Intersection Einstein, il occupe une place tout à fait particulière dans le domaine de la science fiction par les qualités littéraires de son œuvre.
Le romancier de Harlem, jusque-là fort pudique, étend ici au domaine sexuel la confrontation Noir-Blanc, leitmotiv de ses œuvres : « C'est le diable noir... qui doit être satisfait » (p. 160). Le titre français, moins banalement racoleur que The tides of Lust (« Les marées du désir »), enrobe le vice dans un jeu de mots : mais il s'agit bien de la pornographie la plus crue, la plus détestable aussi, celle qui inspire le dégoût au lieu d'exalter la chair ; et il ne s'y trouve de science-fictionesque que les extraordinaires performances de « surmâles » constamment sur la... brèche. Dans ce salmigondis sadien de cruauté et de jouissance où il donne champ libre à toutes les obsessions, voilà le prestigieux auteur de Novaet de Babel 17... en chute libre !