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Brèche vers l'Enfer

Kathe KOJA

Titre original : The Cipher, 1991   ISFDB
Traduction de Nathalie SERVAL
Illustration de Raymond HERMANGE

J'AI LU (Paris, France), coll. Épouvante précédent dans la collection n° 3549 suivant dans la collection
Dépôt légal : mai 1993
Roman, 314 pages, catégorie / prix : 4
ISBN : 2-277-23549-0
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture
     C'est à cause de Nakota que tout a commencé. Moi j'étais pas chaud. Ce trou, là, dans le sol de mon immeuble, c'était quoi au juste ? C'était noir, ça pulsait, ça sentait une odeur bizarre, pas vraiment désagréable. Mais enfin, c'était pas normal. On aurait dit que c'était organique, que ça vivait. En fait, ce trou, ce gouffre sans fond, cette faille, cette brèche, ça me foutait les jetons. Ça menait où ?
     Nakota, elle, toujours curieuse... ça l'attirait comme un aimant. Plus fort qu'elle, fallait toujours qu'elle y retourne. Un jour, elle a eu l'idée d'y jeter des insectes. Puis une souris... Quand on a vu comment les bestioles ressortaient, moi j'ai flippé. Pas Nakota. Elle a voulu filmer les entrailles de la brèche avec une caméra vidéo. A l'époque, on se doutait pas de ce qui nous attendait. Cette brèche, c'était la porte de l'enfer. Rien que ça.

     Elle a exercé les métiers les plus divers avant de publier ses nouvelles dans des magazines de S-F. Brèche vers l'enfer, son premier roman, a reçu un accueil enthousiaste aux Etats-Unis.Style novateur, imagination, intelligence : un authentique écrivain dont la carrière se poursuit avec brio.
Critiques
     Habituée des magazines et des anthologies de science fiction aussi bien que d'horreur, Kathe Koja fait partie des auteurs américains des deux genres qui ont été remarqués au cours de ces dernières années. Aux USA, elle a déjà publié deux autres romans, Skin et Bad Brains et J'ai Lu vient de nous offrir une traduction du premier, The Cipher qui est indéniablement un roman d'horreur.

     Nicolas est un gars bien ordinaire, qui travaille dans un Video Hut et rentre le soir dans un appartement minable, mais pas plus minable que la moyenne. Sauf que. Il est amoureux de Nakota, une fille dont on se demande ce qu'il lui trouve, maigre, vulgaire, à moitié folle : en un mot, irrésistible. Sauf que. Nakota a découvert dans un réduit-débarras au rez-de-chaussée de son immeuble un trou mystérieux dans le sol, d'une noirceur insondable. Un orifice doué de propriétés mystérieuses, et qui attire d'abord l'attention d'un assortiment d'artistes ratés et de leurs groupies, rameutés par Nakota, puis finit par exercer une totale fascination sur Nicolas, qui en devient à la fois l'esclave et l'oracle.

     Un roman selon les règles du fantastique horrifique : progression inexorable dans sa linéarité, le trou noir dévore peu à peu toute la vie du protagoniste. Le récit — économique : pas une péripétie de trop, pas la moindre boursouflure romanesque — est dit à la première personne, l'action se tient presque entièrement dans le lieu clos de son immeuble, entre l'appartement de Nicolas et le débarras du rez-de-chaussée, l'interaction de l'anormal avec le monde extérieur est réduite au minimum — à la dizaine de personnes qui viennent s'agglutiner autour de Nicolas, Nakota, et « leur » brèche. Au fur et à mesure de la progression des événements, d'ailleurs, les autres personnages introduits, et même la sulfureuse Nakota, vont perdre de leur substance, réduits à leur seule dimension de groupies de la Brèche. Je parle de fantastique horrifique, et non classique, parce qu'on sent que Nicolas, lentement atteint dans sa chair par une gangrène mystérieuse, piégé psychologiquement par une obsession qui le révulse lui-même, ne pourra pas conclure le récit sur une boucle rassurante vers la normalité.

     La Brèche, et le trou en incessante expansion qu'elle provoque dans la paume droite de Nicholas, peut se lire comme métaphore d'une grande variété de passions dévorantes : le sexe, évoqué très grivoisement assez tôt dans le livre, mais aussi la drogue, une drogue dont Nicolas serait à la fois fournisseur et victime. On pourrait également penser à une maladie — une seule chose est sûre, elle arrive à tout commander en dépit des velléités de Nicolas, et elle ne peut le mener qu'à la mort, à travers une progression géométriquement mesurée par la dégradation de son corps. Les pouvoirs qu'elle lui procure — fusion d'une sculpture en acier, animation d'un masque de plâtre, par exemple — le terrorisent plus qu'ils ne l'exaltent ; les phénomènes se déroulent en dehors de son contrôle, ou presque.

     Brèche vers l'Enfer ne me convertira pas aux joies du fantastique — si le livre fonctionne comme une mécanique bien huilée, si la peur ressentie par Nicolas au niveau de son corps m'a parfois touché, j'ai la plupart du temps parcouru le livre comme un chemin bien balisé, sans jamais en espérer la transcendance que peut m'insuffler la SF. Koja connaît son affaire, mais n'a pas renouvelé le genre avec son premier roman.

Pascal J. THOMAS (lui écrire)
Première parution : 1/9/1994 Yellow Submarine 111
Mise en ligne le : 10/3/2004

Prix obtenus
Bram Stoker, Premier Roman, 1992
Locus, Premier Roman, 1992


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