Franz WERFEL Titre original : Stern der Ungeborenen, 1946 Première parution : Suède, Stockholm : Bermann-Fischer Verlag, 1946ISFDB Traduction de Gilberte MARCHEGAY
Robert LAFFONT
(Paris, France), coll. Ailleurs et demain - Classiques Dépôt légal : 3ème trimestre 1977, Achevé d'imprimer : 28 juillet 1977 Réédition Roman, 608 pages, catégorie / prix : 69 FF ISBN : néant Format : 13,5 x 21,5 cm✅ Genre : Science-Fiction
L'Etoile de ceux qui ne sont pas nés est l'un des plus éblouissants romans d'anticipation de la littérature allemande, voire mondiale. Son héros se trouve appelé dans un lointain futur par une civilisation astro-mentale, raffinée et peut-être décadente, prodigieusement différente de la nôtre et qui a découvert le secret de l'immortalité.
Cette œuvre ultime de Franz Werfel, écrite entre 1943 et 1945 alors qu'il avait trouvé refuge en Californie, jusqu'ici demeurée presque inconnue en France et depuis longtemps épuisée, enchantera par son souffle et sa dimension épique les admirateurs de Dune, en même temps qu'elle retiendra l'attention des nombreux amateurs de littérature allemande.
1 - Gérard KLEIN, La Tradition allemande du roman utopique, pages 11 à 19, Article (lire ce texte en ligne) 2 - (non mentionné), Franz Werfel, pages 21 à 24, biographie
Afin de prouver au public français qu'il existe dans la science-fiction de langue allemande autre chose que Perry Rhodan et Andreas Eschbach, le Livre de Poche réédite ce roman, paru en 1946 et signé d'une grande plume de la littérature. Et on ne peut rêver texte aussi éloigné des aventures de ce bon vieux Perry que cet épais roman (plus de 700 pages). Gérard Klein prévient d'ailleurs dans sa préface qu'il risque d'en déstabiliser plus d'un, y compris dans le public pourtant expérimentateur de la science-fiction.
L'histoire débute alors que F.W. (notez les initiales) est appelé par B.H., qui l'emmène dans un futur très éloigné, afin qu'il puisse déterminer si la nouvelle société a atteint les buts fixés à l'humanité. Arrivé dans cet étrange avenir, F.W. ne peut que constater la différence avec le monde qu'il a quitté : l'humanité est unique (il n'y a qu'un seul peuple) et immortelle. De plus, elle dirige tout par le seul pouvoir de la pensée, ce qui en fait une société astro-mentale. Les gens y vivent pour la plupart nus, dans une oisiveté confortable, et en pleine harmonie avec leur environnement. Jour après jour, F.W. va découvrir en profondeur ce monde, des gigantesques cités à la jungle, et les multiples évolutions que l'humanité a façonnées.
Ce roman est dense, très dense, le voile étant progressivement levé sur les innovations et autres découvertes faites durant les siècles qui séparent ce futur de notre monde présent. C'est aussi l'occasion pour Franz Werfel de multiplier les digressions d'ordre métaphysique, religieux, sociologique ou philosophique. Et malheureusement, la prédiction de Gérard Klein se révèle juste : trop c'est trop. Ce n'est pas que le roman soit désagréable, au contraire il est même assez plaisant et intéressant. Mais les nombreuses réflexions ajoutées au rythme lent (il s'agit essentiellement d'un roman de découvertes, sans véritable progression de l'intrigue) finissent par lasser, surtout lorsque l'on sait qu'elles s'étendent sur plus de 700 pages. D'autant que le style assez suranné de l'ouvrage, s'il lui ajoute un cachet certain, n'en facilite pas la lecture. Bref, un roman qui a des choses à dire, mais assez exigeant quant à l'investissement demandé au lecteur.