Une inquiétante malade réussit-elle à échanger sa santé déficiente contre celle, florissante, de son infirmière ? Une idole africaine, à une petite folle anglaise, peut-elle imposer sa domination sanglante aux blondes poupée de la chambre d'enfant ? une main embaumée est-elle devenue cette « bête à cinq doigts » qui sème la mort et la peur autour d'elle ? Voici quelques questions que suggère l'imagination débordante de William Fryer Harvey (1885-1937), le dernier des grands auteurs de la littérature fantastique anglaise à son apogée, dont l'œuvre était ignorée du public français. Avec un art diabolique, Harvey peut faire frissonner d'horreur son lecteur comme il peut faire naître en lui une sourde inquiétude. Jouant tour à tour des explications rationnelles et des hypothèses surnaturelles, il sait créer un climat apparemment banal. Quoi de plus rassurant que le tic-tac familier d'un réveil récemment remonté ? Mais quoi de plus angoissant s'il s'égrène dans une maison aussi hermétiquement close qu'inhabitée ?
Avec La bête à cinq doigts, considéré en Grande Bretagne comme un des classiques du genre, et avec ses vingt nouvelles, William Fryer Harvey apparaît comme un des « maîtres de la peur ».
1 - Maurice RICHARDSON, Préface (1945), pages 7 à 17, préface, trad. Yvonne BAUDRY 2 - La Maison de minuit (Midnight House, 1910), pages 18 à 26, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 3 - Les Dabblers (The Dabblers, 1928), pages 27 à 37, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 4 - De fil en aiguille (Unwinding, 1910), pages 38 à 45, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 5 - Madame Ormerond (Mrs. Ormerod, 1933), pages 46 à 58, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 6 - Les Démons vont par deux (Double Demon, 1933), pages 59 à 68, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 7 - L'Instrument (The Tool, 1928), pages 69 à 84, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 8 - Le Cœur de l'âtre (The Heart of the Fire, 1928), pages 85 à 97, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 9 - Le Réveil (The Clock, 1928), pages 98 à 103, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 10 - Peter Levisham (Peter Levisham, 1928), pages 104 à 112, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 11 - Miss Cornélius (Miss Cornelius, 1928), pages 113 à 136, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 12 - L'Homme qui détestait les Aspiradas (The Man Who Hated Aspidistras, 1933), pages 137 à 141, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 13 - Sambo (Sambo, 1910), pages 142 à 150, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 14 - L'Étoile (The Star, 1910), pages 151 à 155, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 15 - A travers la lande (Across the Moors, 1910), pages 156 à 162, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 16 - Le Disciple (The Follower, 1933), pages 163 à 170, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 17 - Dans la chaleur d'août (August Heat, 1910), pages 171 à 177, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 18 - Sarah Bennet, la possédée (Sarah Bennet's Possession, 1910), pages 178 à 190, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 19 - Le Banc d'église des Ankardyne (The Ankardyne Pew, 1928), pages 191 à 204, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 20 - Miss Avenal (Miss Avenal, 1928), pages 205 à 215, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY 21 - La Bête à cinq doigts (The Beast With Five Fingers, 1928), pages 216 à 247, nouvelle, trad. Yvonne BAUDRY
La nouvelle titre traite évidemment un thème fantastique particulièrement en vogue au XIXème siècle, celui de la main coupée animée d’une volonté propre, qui aura inspiré des auteurs comme Maupassant (La main) ou Jean Ray (La main de Goetz von Berlinchingen).
Cette nouvelle la plus célèbre de Harvey, adaptée au cinéma en 1946 par Robert Florey , est probablement la plus effrayante de toutes celles qui exploitent ce thème du corps éclaté. Elle se déroule en deux parties : au début, la main d’un aveugle semble acquérir un talent d’écriture automatique, tandis qu’après la mort de son propriétaire, elle acquiert une autonomie totale et persécute le neveu du mort. Qu’est-elle ? Quels sont ses buts ? Cet Autre est d’autant plus terrifiant que nous n’en savons rien.
Harvey évite les effets saisissants. Ses histoires nous sont racontées de façon simple, comme si tout se déroulait le plus naturellement du monde, jusqu’au point de rupture. Le surnaturel s’installe alors de façon subtile et insidieuse, par petites touches, et le récit, à la limite du psychologique et du fantastique, bascule sans que l’explication surnaturelle soit toujours évidente.
William Fryer Harvey est un grand classique, injustement méconnu en France. Cette redécouverte ravira tous les amateurs de fantastique britannique et de Ghost stories.