Après
Basilica (cf. critique dans
Galaxies n°34), qui servait d'introduction au cycle
Terre des origines, on retrouve le héros Nafaï, qui sort définitivement de l'enfance et s'affirme comme un meneur d'hommes, rappelant encore une fois les personnages d'Ender ou d'Alvin, autres avatars du héros selon O. S. Card.
Le Général, volume plus faible qui décrit la chute prévue de la cité de Basilica et introduit de nouveaux personnages, débouche sur
l'Exode,
beaucoup plus intéressant, où Nafaï — guidé par Surâme, le puissant ordinateur issu de l'ancienne technologie terrestre, devenu avec le temps un véritable dieu vivant — entraîne une partie de sa famille et une poignée d'élus dans un long pèlerinage. Leur but est de retrouver, à l'autre bout de la planète Harmonie, le site où les premiers colons ont débarqué de la Terre, laissant derrière eux plusieurs vaisseaux, qui, une fois réparés avec l'aide de Surâme, permettraient à la petite troupe de rejoindre leur lointaine planète d'origine. Et ils emmènent dans leurs bagages des espèces animales et végétales pour repeupler la Terre. Et pour ce qui est des humains... leurs descendants s'en chargeront. Le tome s'achève d'ailleurs sur les questions de consanguinité qui ne vont pas manquer d'entraver les amours de la génération future.
Si
Le Général ne fait pas beaucoup avancer le cycle et se concentre sur l'origine des querelles familiales qui enveniment les relations des personnages par la suite,
L'Exode est plus palpitant et permet à l'auteur de développer ses personnages, en jouant sur les ressorts de la psychologie de groupe. Condamnés à rester entre eux jusqu'à la fin de leurs jours, ils décident de former des couples stables, ce qui n'est pas la coutume de Basilica, afin de limiter les jalousies. Et, de fait, chacun doit trouver sa chacune parmi un choix limité. Ce contexte est l'occasion pour Card de louer l'amour conjugal, la force d'un lien fondé sur le respect et la confiance de l'autre, loin d'une attirance ou d'un désir passager. Il démolit au passage l'utopie de la cité matriarcale de Basilica. Les femmes de la troupe deviennent donc des épouses et des mères comblées... Si l'on passe outre ce côté prêchi-prêcha qui n'est jamais très loin chez Card, ces deux tomes sont d'une bonne tenue et posent des questions tout à fait intéressantes. Et, plus encore, on a hâte de découvrir à travers les yeux des personnages ce qu'a pu devenir la Terre entre-temps...