[ critique commune de plusieurs romans publiés au Editions Fleuve Noir
note nooSFere]
POUR UNE POIGNEE DE SUPER LUXES
(Coll. Horizons de l'au-delà)
(Coll. Lendemains Retrouvés)
Tout ça en Superluxe, du numéro 47 au numéro 56, soit 10 titres parus de mars à septembre 78
1. Deux constations pour débuter : Primo, plus un seul titre inédit, uniquement des rééditions puisées dans le stock quasi-inépuisable des collections
Anticipation et
Angoisse. Secondo, le score est sans appel,
Les Lendemains retrouvés battent
Les Horizons de l'au-delà par 8 à 2.
Le D.H. Keller de la
Halte du destin n'a rien à voir avec celui de
La guerre du lierre, auteur américain des années trente dont la nouvelle précitée est au sommaire des
Meilleurs récits d'Amazing Stories 1926/32 (J'ai Lu). Non, celui-là est bien français puisque ce n'est autre que François Richard, directeur depuis 1951 de la série Anticipation au Fleuve Noir et élément du binôme Richard-Bessière. Ecrit en 1961,
La halte du destin est un honnête produit de série sur le thème de la manipulation psychique à distance. Avec
Glace sanglante de l'ami Steiner (une dramatique histoire de trésor dans les brumes de la lande bretonne) il donne une bonne image de ce que fut la regrettée collection
Angoisse.
Passons rapidement sur L'ordre vert de Jimmy Guieu, sinistre roman dans lequel l'auteur lâche ses Templiers, Gilles Novak en tête, contre les vils Hongs à la solde de Pékin. Péril jaune pas mort ! Ecrit en 1955, Vingt pas dans l'inconnu c'est un peu, la puérilité et le pesant didactisme en moins, Les Conquérants de l'Univers quittant le système solaire pour explorer l'infiniment petit. Richard Bessiére reprend le principe de base de The girl in the Golden Atom de Ray Cummings (paru en 1919 dans ALL-Story weekly) et fait voyager ses héros, non dans une pièce de monnaie comme Brick Bradford (BD de William Ritt et Clarence Gray), mais dans le canon d'un revolver. Se laisse lire, sans plus.
C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve dans la collection
Lendemains Retrouvés la signature de Jean-Gaston Vandel, l'humaniste du Fleuve Noir des années 50. Ainsi le pacifisme des
Chevaliers de l'Espace, même s'il n'est pas exempt d'une certaine mièvrerie, fait plaisir à lire. Quant à
Fuite dans l'inconnu il traite avec générosité du thème classique des mutants, dans la grande lignée des Slans vanvogtiens. Vingt-quatre ans séparent ce livre du
Crépuscule des Surhommes de Guy Charmasson, paru récemment chez Marabout et abordant lui aussi le même thème ; et pourtant si ce n'étaient les copyrights, on pourrait croire les livres contemporains, ce qui est tout à la gloire de Vandel
2.
La planète introuvable et Le cri des Durups de Bruss sont deux romans bâtis rigoureusement suivant le même schéma. Deux races d'humanoïdes s'allient pour résister à une troisième, non humanoïde et tournée vers la destruction systématique. Cette lutte de l'humain contre le non-humain vecteur de mort, tel est aussi le thème du premier roman de Francis Carsac paru au rayon Fantastique Ceux de Nulle part. Les Hortolars et les Durups brussiens sont en effet les frères des Misliks éteigneurs de soleil, créés par Francis Carsac, c'est-à-dire l'image de l'Autre, de l'Ennemi, contre lequel tout humain croit devoir se liguer. Un thème trop connu et aux connotations peu sympathiques que l'on regrette de trouver sous la plume de Bruss, d'habitude plus inspiré (Signalons malgré tout la première partie très originale de La Planète introuvable : Visitée plusieurs fois par des expéditions scientifiques, la planète Brull, nouvellement découverte, offre à chaque fois aux astronautes ébahis un aspect tout à fait différent, tant sur le plan géographique, géologique, climatique que sur celui des civilisations qui y vivent !).
C'est tout pour aujourd'hui. Prochain Check-up dans quelques mois ; bien sûr, l'article sera intitulé « Et pour quelques super luxes de plus » !
Notes :
1. Rassurez-vous, chers lecteurs, je sais encore compter jusqu'à dix ! Car il faut inclure dans cette liste L'Orphelin de Perdide de Stefan Wul et La Vermine du Lion de Francis Carsac qui ont fait l'objet de critiques séparées (Fiction 293 pour le Wul et, en principe, le numéro que vous avez dans les mains pour le Carsac).
2. ... Mais peu flatteur pour Charmasson qui, reprenant un thème ultra-classique ne se préoccupe en aucune façon de le renouveler (Si ce n'est par l'actualisation des connaissances scientifiques). Une regrettable banalité d'inspiration pour un premier roman plutôt décevant. Attendons le second !