OXYMORE
(Montpellier, France), coll. Moirages n° (9) Dépôt légal : novembre 2004 Réédition Recueil de nouvelles, 320 pages, catégorie / prix : 21,30 € ISBN : 2-913939-47-3 Format : 15,5 x 20,0 cm Genre : Fantasy
Début des années 2000... des enfants « différents » apparaissent dans des familles humaines. Doués de physiques et de pouvoirs étonnants, ils sont très vite assimilés aux changelings, les enfants-fées, et soupçonnés d'avoir été laissés en substitut des véritables enfants mortels. Commence alors une cabale sans précédent, aboutissant à l'abandon en masse de ces enfants dans des Centres, prisons et mouroirs gérés d'une poigne de fer. De cette génération perdue, et sous l'égide d'un chef charismatique, Shade, émergera une rébellion qui amènera ces enfants devenus grands à hanter nos cités, à mettre le feu dans les rues. À travers guerres des gangs et courses éperdues, sacrifices et actes de fraternité, suivez les destin de Shade et Ash, Fallen et Jay, Hunter et Gift, d'une vie délivrée de ses chaînes vers un havre promis, une cité mythique au bord du monde. La ville-fée de Frontier, où les arbres poussent dans les maisons et la magie régit le quotidien. À travers une fresque écrite au glamour et au couteau, de coups de feu en amour fou, d'encres enchantées en rites claniques, qui a déjà conquis des milliers de lecteurs et été nominée à de multiples Prix. Une ode à l'esprit d'aventure et à la fraternité qui redéfinit le monde comme un état de perpétuel enchantement...
Léa Silhol, découverte par le public avec les Contes de la Tisseuse (Nestiveqnen, réédité en édition augmentée chez L'Oxymore), est devenue en trois recueils et un roman, La Sève & le Givre (Prix Merlin 2003 du meilleur roman de Fantasy), une figure incontournable de la Fantasy francophone et une spécialiste de la Fantasy Urbaine (l'anthologie Traverses). Elle réunit ici les nombreuses nouvelles du Dit de Frontier, dévoilant le visage étourdissant d'une nouvelle mythologie.
1 - Jess KAAN, Toucher Frontier…, pages 9 à 14, préface 2 - Runaway Train, pages 15 à 29, nouvelle 3 - Il ne neige pas à Frontier, pages 31 à 44, nouvelle 4 - Arcane I / Le Magicien, pages 45 à 54, nouvelle 5 - Faire Surface (Arcane XX / Le Jugement), pages 55 à 86, nouvelle 6 - Comme une Balle, pages 87 à 101, nouvelle 7 - Encordés à la Nuit (Arcane XII / Le Pendu), pages 103 à 116, nouvelle 8 - La Ballade des égarés, pages 117 à 147, nouvelle 9 - A bout de course, pages 149 à 183, nouvelle 10 - L'Encre, Le Sang (Arcane II / La Papesse), pages 185 à 192, nouvelle 11 - Vado Mori (Arcane XVIII / La Lune), pages 193 à 217, nouvelle 12 - Voix de Sève, pages 219 à 264, nouvelle 13 - Comme marchent les Ombres, pages 265 à 272, nouvelle 14 - Natacha GIORDANO, Près des Nids de Coucous, pages 273 à 313, postface
Cri du cœur. Ecorchés vifs. Tels sont les mots qui viennent à l'esprit en lisant Musiques de la Frontière, le nouveau recueil de nouvelles de Léa Silhol, entièrement consacré à son cycle des fay, et dont la version Fission est proposée avec un CD de six morceaux composés par PFR d'après les nouvelles, elles-même écrites en musique. La couverture de cette version, signée Sébastien Bermès, montre un visage plus doux que celle de la Régular, signée Amar Djouad. Toutes deux sont très belles, mais ce sont les illustrations intérieures (présentes dans les deux éditions) de Frédérique Berthon qui exaltent le mieux les nouvelles de Léa Silhol.
Aux textes déjà publiés, viennent s'ajouter six inédits qui donnent un nouvel éclairage sur l'histoire de ces mutants-fées. Les fay sont apparus, tels des changelings, dans les berceaux humains. Quand ceux-ci n'ont plus pu supporter leur étrangeté, ils les ont abandonnés dans des Centres. Shade fut le premier à s'enfuir ; des rêves le guidèrent vers la ville que les regs appellent Frontier, mais que les fay nomment Seuil.
En une douzaine de nouvelles, Léa Silhol campe une histoire impossible qui pourtant résonne dans le quotidien de tous les opprimés, de tous les laissés-pour-compte de notre monde. Elle dénonce aussi bien le racisme que l'esclavage des enfants, tout en offrant au lecteur des œuvres d'une grande beauté. D'un style incisif et poétique à la fois, ses histoires nous introduisent dans un univers d'autant plus terrifiant qu'il sonne vrai.
Runaway train, par exemple. Cette histoire de deux enfants qui fuient et se cachent est terriblement émouvante, comme l'est aussi La Ballade des égarés, où il est question d'une enfant disparue, ou encore Vado Mori ou Faire Surface. Mais attention, je ne vous parle pas d'une émotion mièvre et sirupeuse, pas du tout ! Je parle de colère et de chagrin, de désespoir et de larmes salvatrices. De feu purificateur, aussi, ce feu qui réduit en cendres les erreurs du passé, parce que si les abcès ne sont pas crevés, on en souffre éternellement.
Au fil des nouvelles on retrouve parfois quelques fay déjà rencontrés, Shade et Ash que suivent les autres, Gift, Jay, Fallen... Entre A bout de course et Comme une balle, on les voit changer, ou plutôt se révéler tels qu'ils sont réellement. Tout comme on voit évoluer la ville, Frontier, entre Encordés à la Nuit et Voix de Sève. Mais les humains aussi changent, ou plutôt, tous ne haïssent pas les fay, car dès l'origine, il s'en trouve pour les protéger, comme, dans Le Magicien, Alicia, qui a pourtant tout à y perdre, ou même pour les aimer, comme Lauren dans Il ne neige pas à Frontier.
En fin de recueil, comme déjà dans La Tisseuse, une postface de Natacha Giordano analyse l'œuvre de Léa Silhol et aide le lecteur à relier sa fiction au réel qui l'a inspirée. C'est particulièrement bienvenu ici, où chaque mot est significatif.