John CROWLEY Titre original : Engine Summer, 1979 Première parution : New York, États-Unis : Doubleday, mars 1979ISFDB Traduction de Rémi OLISKA Illustration de Suzy BARTOLINI
BELFOND Dépôt légal : 2ème trimestre 1981 Première édition Roman, 240 pages ISBN : 2-7144-1399-4 ❌ Genre : Science-Fiction
La « Tempête », il y a des centaines d'années, a balayé du globe toute trace de civilisation technologique. Les descendants de ceux qui ont échappé au désastre vivent dans une sorte de communauté tribale. Ils s'appellent : « Lune », « Rien qu'une fois », « Fille des murmures », « Roseau qui parle », « Dis un mot », « Ris tout haut ». Ils ne pratiquent ni l'agriculture ni l'élevage mais simplement la cueillette et la chasse. Ils écoutent les conteurs parler des Anges, ces hommes qui vivaient avant la « Tempête » et se déplaçaient dans de drôles de machines.
John Crowley a su trouver un ton envoutant pour projeter un scénario du futur qui, étrangement, emprunte aux mythes primordiaux de l'humanité.
John Crowley a fait une entrée retentissante dans la science-fiction. De son premier roman, The Deep, Ursula le Guin a dit : « extraordinaire », et, après avoir rendu compte de son deuxième roman, Beasts (« L'animal découronné », Laffont), Kirkus Review écrivait : « John Crowley est appelé à devenir un maître du genre. »
Il y a des siècles, une Tempête apocalyptique a détruit la civilisation. Les survivants se sont organisés en tribus, nomades tout d'abord, puis sédentaires quand ils ont trouvé le lieu où vivre. Ils portent des noms beaux et poétiques, chargés de signification : « Roseau Qui Parle », « Rien qu'Une Fois », « Sept Mains », « Rouge Peinte »... Tel est le cadre de L'été-machine, de John Crowley, que les lecteurs de Faeries connaissent pour ses romans de fantasy tels que Le Parlement des fées.
L'été-machine a peut-être un relent d'anticipation, mais son goût, son histoire, et la quête de Roseau Qui Parle à travers le monde en font l'une des plus insolites œuvres de fantasy. Car les hommes de cet avenir lointain vivent de cueillette et leur occupation primordiale est la poursuite d'énigmes. Leurs contes leur enseignent une vie bien différente de la nôtre et pourtant leur narrent ce que faisaient leurs ancêtres, c'est à dire nous, avec une lucidité et un détachement empreints de tendresse et d'amusement. Leurs actes, aussi absurdes qu'ils puissent nous paraître, révèlent la sagesse des enfants et des maîtres zen.
Un roman étrange et beau, qui par certains aspects rappelle parfois Holdstock (Celtika, Le Bois de Merlin), mais dont l'originalité n'appartient qu'à Crowley. Et, tout de même, un peu aussi à Rémi Oliska, le traducteur, à qui revient le mérite d'avoir su rendre en français toute sa force poétique.
Lucie CHENU Première parution : 1/9/2006 dans Faeries 23 Mise en ligne le : 27/2/2007