Christine
Stephen KING
Titre original : Christine, 1983 Traduction de Marie MILPOIS
ALBIN MICHEL
(Paris, France), coll. Romans étrangers
Dépôt légal : février 1984 Première édition Roman ISBN : 2-226-01943-X  Genre : Fantastique
Autres éditions
ÉDITIONS DE LA SEINE, 1991 FRANCE LOISIRS, 1985, 1994 J'AI LU, 1985, 1985, 1993, 1994, 1998 LIVRE DE POCHE, 2001, 2003
Quatrième de couverture
Elle est née mauvaise. Tout simplement. Quelque part dans l'enfer d'une chaîne de montage. Christine, une Plymouth Fury 1958 est possédée par le diable. Son jeune acquéreur, Arnie, est totalement sous son emprise. Son ancien propriétaire n'est plus en vie pour le mettre engarde ! Et maintenant, elle fonce tout droit sur la seule rivale en travers de sa route : La petite amie d'Arnie, Leigh. L'autre femme... Critiques des autres éditions ou de la série Edition LIVRE DE POCHE, (2015) Publié en 1983, Christine est parfois considéré comme un roman secondaire de Stephen King, et ce en dépit d’une nomination au Locus en 84. Derrière un aspect pop-corn ado simpliste (« Happy Days gone mad », King), il dissimule quelques pépites.
1978, une petite ville près de New York. Arnie Cunningham est un adolescent au visage caviardé d’acné. Martyrisé sa vie durant par tous les abrutis scolaires, étouffé par des parents (sa mère surtout) de cette étoffe CSP+/progressiste dans laquelle la domination sur les enfants est d’autant plus intense qu’elle se dissimule sous le masque de la discussion, Arnie n’est guère à envier. Solitaire, aussi puceau qu’on peut l’être, il n’a qu’un seul ami, Dennis, qui l’aime et le protège comme un frère. Sa vie, morne et peu engageante, bascule le jour où il tombe amoureux de Christine, une Plymouth Fury 58 en ruine. Car c’est d’amour qu’il s’agit. En dépit du bon sens, comme hypnotisé, Arnie achète l’épave au déplaisant Roland LeBay et se lance dans le projet fou de la remettre à neuf. Il ignore alors que Christine est bien plus qu’une voiture et qu’il vient de tomber entre les griffes d’une créature meurtrière et exclusive qui, le flattant, le conduit vers sa destruction.
Écrit dans un langage casual, étrangement construit (Dennis en narrateur fiable au début et à la fin, mais pas au milieu), Christine peut déconcerter. Mais si on voit ce que King a mis dedans, involontairement peut-être, alors c’est un roman riche. On peut d’abord lire l’histoire d’Arnie comme « celle du gars qui rencontre la fille qu’il lui faut pas ». Christine l’éloigne de ses parents, de son ami, s’interpose entre Arnie et sa première petite amie. Possible. Un peu court.
Car la trajectoire d’Arnie, c’est celle d’un cocaïnomane. Un drogué comme King l’était à la même époque. Sentiment de puissance, exultation, c’est ce qu’apporte Christine au garçon mal dans sa peau – au point que son acné disparaît et qu’il trouve une copine. Mais dans le même temps, elle le rend agressif, lui fait mener les bons combats de la mauvaise manière, anéantit lentement sa famille, et éloigne un à un tous ceux qui l’aimaient, lassés de ses mensonges, de ses faux-fuyants, de son incapacité à se détacher de ce que tous sauf lui perçoivent comme une dangereuse compagne. Cet entourage qu’Arnie ressent comme hostile tentera vainement de le sauver et assistera, navré, au spectacle de sa propre impuissance ; possédé, Arnie n’est plus aux commandes.
Quatre ans avant Misery, c’est un rusé roman sur l’addiction que livre King avec Christine. Tout proche d’un cocaïnomane le reconnaitra en Arnie Cunnigham.
Éric JENTILE Première parution : 1/10/2015 Bifrost 80 Mise en ligne le : 25/10/2020
Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
Christine
, 1983, John Carpenter
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