Un peu à la manière de Carlyle, qui dans son Sartor Resartus expose la doctrine d'un philosophe imaginaire et l'illustre d'exemples apocryphes, H. Bustos Domecq consacre le présent ouvrage à la critique impartiale d'écrivains, de sculpteurs, d'architectes, de gastronomes et de peintres qui n'existent pas encore mais qui, étant donné les tendances de notre époque, risquent fort d'exister un jour. Le ton est humoristique, comme il sied à tout examen sévère des manifestations les plus nouvelles des arts et des lettres qui ont fleuri au cours de ces soixante dernières années. Vingt chroniques, presque toutes sous forme de récits, composent ce livre charmant qui s'attaque à ce qui est universellement consacré, respecté, encensé et craint : le modernisme. Dans notre siècle désorienté, l'ignorance et l'ineptie sont devenues infatigablement inventives. Nous sommes convaincus que H. Bustos Domecq a dû éperonner son Pégase pour ne pas se faire distancer par la réalité. Si l'on en croit le prologue signé de la plume prestigieuse de Gervasio Monténégro, ces incomparables Chroniques sont le vade-mecum indispensable à tout esprit curieux d'avoir une vue d'ensemble sur le panorama de l'esthétique en vogue. Comme le fait très justement remarquer ex cathedra le professeur-adjoint Longino, leur côté facétieux n'exclut pas le sérieux de la pensée.
Les auteurs :
Jorge Luis Borges né en 1899 à Buenos Aires. A partir de 1931, il collabore à la revue Sur. En 1955, après la chute du gouvernement Peron, il devient directeur de la Bibliothèque Nationale, professeur de littérature à la Faculté des Lettres et membre de l'Académie argentine des Lettres. En 1961, il partage avec Samuel Beckett le Prix International de Littérature. Parmi les contes, poèmes et essais qu'a écrits Borges, ont paru en français Fictions, Labyrinthes, Enquêtes, l'Auteur et autres textes, Discussions, l'Aleph et dans la collection Lettres Nouvelles : Manuel de Zoologie fantastique (en collaboration avec M. Guerrero), Six problèmes pour Don Isidro Parodi (en collaboration avec A. Bioy Casares).
Adolfo Bioy Casares, de souche béarnaise, est né en 1914 à Buenos Aires. Il passe de longues années à la campagne où il garde les brebis, marque des taureaux, dompte des chevaux sauvages. En 1935, il dirige avec Jorge Luis Borges la revue Destiempo. Deux de ses romans ont paru en français : L'Invention de Morel et Le Songe des Héros. D'autres romans ont paru en Argentine, ainsi que des anthologies, des éditions annotées d'auteurs classiques. Il appartient au comité de direction de Sur.