Premier jour : Au loin, il y a votre voisin. Vous lui faites un signe. Jusqu’au moment où vous réalisez qu’il est décédé depuis des semaines...
Troisième jour : La télé enchaîne les émissions spéciales : partout dans le monde les morts reviennent. Apathiques, ils errent au royaume des vivants...
Cinquième jour : Paralysé de trouille et de dégoût, vous regardez votre femme serrer dans ses bras, au beau milieu de votre salon, une chose qui, un jour, fut sa mère...
Huitième jour : Votre femme vous a quitté après que vous avez réduit en cendres l’ignominie qu’elle appelait « maman ».
Neuvième jour : La télé diffuse un reportage au cours duquel on voit une de ces choses dévorer un chat vivant...
Ils sont désormais des millions et vous ne vous posez qu’une question : mon monde n’est-il pas désormais le leur ?
Imaginez un film de zombies : les morts sortent de terre, ils avancent lentement en gémissant lugubrement et tentent de bouffer les vivants... Le roman de Jean-Pierre Andrevon raconte précisément cette histoire, sans chercher à renouveler le genre ni à éviter les clichés, ni même à s'en amuser. Comme il est un écrivain talentueux, son récit se lit d'une traite, sans ennuyer. Mais est-ce suffisant ?
Pour ma part, j'avoue être resté sur ma faim. J'ai attendu en vain la surprise qui aurait fait basculer l'intrigue, l'idée qui aurait apporté une dimension allégorique inédite à ce point de départ si rebattu — que l'auteur a d'ailleurs lui-même déjà exploité, notamment dans son fade et moins dynamique Revenants de l'ombre.
La conclusion, où Andrevon l'écologiste reprend brièvement la parole, ne suffit pas à réveiller l'intérêt. Alors que la bande dessinée nous propose actuellement deux intéressantes séries — Fragile de Stefano Raffaele et Les Zombies qui ont mangé le monde de Guy Davis et Jerry Frissen, toutes deux aux Humanoïdes associés — qui prouvent qu'on peut encore apporter du neuf au thème des morts-vivants, on peut regretter qu'Andrevon se soit contenté de rendre un hommage au genre certes sympathique mais sans originalité.
Jean-Pierre Andrevon aime les zombies, c'est entendu. Après plusieurs romans consacrés (au moins en partie) à ce sujet purulent par essence (dont le très efficace Les Revenants de l'ombre, toujours dispo en « PdF » si on cherche bien), l'animal récidive en sortant au Bélial' Zombies, un horizon de cendres, réjouissante contribution au genre à défaut d'être un chef-d'œuvre intemporel.
Sous une couverture qualifiée d'ignoble ou de géniale en fonction des lecteurs (une zombie aux gros seins portant un fusil à pompe, dotée d'un très transparent t-shirt sur lequel on peut lire « fuck the dead » — élégant et chic), le roman se laisse lire, sans toutefois renouveler ce courant littéraire bien particulier qu'est la littérature de morts-vivants.
Si l'histoire est basique, Jean-Pierre Andrevon s'amuse beaucoup et s'offre un hommage aux ténors du genre, de Romero à Matheson, le tout via un scénario ultra classique (dont on retrouve certains éléments au cinéma dans le très recommandable 28 jours plus tard de Danny Boyle) : un mystérieux trou noir qui passe par hasard dans notre banlieue galactique fait renaître les morts. Tous les morts. Vraiment tous. [Ceux qui aiment la hard science sont instamment priés de ne pas lire le livre, que les choses soient claires.] Ce qui, quand même, fait du monde une vraie foule. Et qui pue.
D'abord sceptiques, les pouvoirs publics sont rapidement débordés par cette marée verdâtre, lente et apparemment désoeuvrée. Apparemment seulement, parce qu'au bout de quelques semaines, nos braves zombies font exactement ce qu'ils savent faire, à savoir sucer la cervelle des vivants...
Bref, pour le narrateur, la vie bascule. Sa femme et sa fille le quittent, et le voilà retranché d'abord chez lui, puis finalement dans une ex-caserne, en compagnie de nombreux cinglés de tous bords, bien décidés à massacrer du zombie avant d'y passer pour de bon. Pim, pam, poum, donc, mais avec la plume d'Andrevon, c'est-à-dire avec talent et humour, car à quoi sert de tuer un mort ?
Au final, Zombies, un horizon de cendres n'est pas exactement un roman majeur, tout au plus un divertissement sans conséquence qu'on lira quand même parce qu'Andrevon doit bien payer son électricité et qu'on aime bien Andrevon. Les fanatiques du genre apprécieront, les détracteurs ricaneront et les autres hausseront les épaules.