Une historienne découvre documents et témoignages attestant de l'existence de Drakula...
L'éditeur nous présente ce roman en deux parties comme un nouveau phénomène éditorial : des milliers d'exemplaires vendus, de multiples traductions, des droits cinématographiques déjà réservés... Voilà de quoi éveiller la curiosité : que peut contenir cette nième histoire de vampire pour soulever un tel enthousiasme ?
La réponse est simple : absolument rien ! Rendant hommage à Bram Stoker, l'auteur revient aux origines du mythe et fait l'impasse sur tout ce qu'on a pu écrire de neuf sur le thème. Elle délaie une histoire d'une grande platitude dans un monceau de précautions oratoires — genre « personne ne me croira mais je jure que tout est vrai » — et de témoignages de seconde voire troisième ou quatrième main — type « mon père m'a raconté avoir lu les lettres d'un homme qui aurait rencontré quelqu'un qui aurait vu... »
Grâce à ces artifices censés apporter une pseudo crédibilité « historique » au récit, l'auteur parvient ainsi à remplir poussivement quelque mille pages, dans un style sans relief. La figure du vampire y est bien présente, sous la forme du monstre habituel, réputé insaisissable et invincible mais on se débarrassera rapidement à la fin. Pas d'ambiguïté malsaine, le vampire n'a rien d'un trouble séducteur ni d'une fascinante créature à la cruelle sagesse séculaire...
Bref, voilà un phénomène éditorial qui s'adresse sans doute à un public n'ayant jamais lu un quelconque ouvrage vampirique et donc susceptible de découvrir ce roman avec un oeil naïf. Il sera d'autant mieux accueilli que l'héroïne est présentée comme historienne, ce qui donnera au lecteur « sérieux » l'impression de ne pas perdre son temps avec un bête roman fantastique — alors que tout amateur connaît déjà de long en large les références historiques du mythe, à commencer par le fameux Vlad Tepes.
Bref, mieux vaut relire Ann Rice — pour rester dans une littérature avec droits cinématographiques déjà consommés — qui nous a donné quelques figures vampiriques beaucoup plus riches et originales.