Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Blind Lake

Robert Charles WILSON

Titre original : Blind Lake, 2003
Première parution : New York, USA : Tor, octobre 2003
Traduction de Gilles GOULLET
Illustration de MANCHU

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF n° 349
Date de parution : 3 septembre 2009
Dépôt légal : septembre 2009, Achevé d'imprimer : 2 septembre 2009
Réédition
Roman, 482 pages, catégorie / prix : F9
ISBN : 978-2-07-036069-7
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction

Disponible au format numérique Epub et Pdf (parution en janvier 2016) au prix de 8,99 €.



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture

Utilisant une technologie quantique qu'ils ne comprennent pas totalement, les scientifiques des complexes de Crossbank et Blind Lake observent des planètes extraterrestres distantes de la Terre de plusieurs dizaines d'années-lumière. À Blind Lake, Minnesota, Marguerite Hauser s'intéresse tout particulièrement à un extraterrestre qu'elle appelle « le Sujet », mais que tout le monde surnomme « le homard », à cause de sa morphologie. Et voilà qu'un jour, personne ne sait pourquoi, le Sujet entreprend un pèlerinage qui pourrait bien lui être fatal. Au même moment, l'armée américaine boucle Blind Lake et instaure une quarantaine qui tourne à la tragédie quand un couple qui tentait de s'échapper en voiture est massacré par des drones de combat. Que se passe-t-il à Blind Lake ?

Avec ses personnages débordant d'humanité, Blind Lake prouve une fois de plus l'immense talent de Robert Charles Wilson.
 
Né en 1953 en Californie mais vivant aujourd'hui à Toronto, Robert Charles Wilson s'est imposé comme l'une des têtes de file de la science-fiction canadienne avec des romans tels que Mysterium, BIOS, Darwinia, Les Chronolithes, Spin ou Axis qui lui ont valu de nombreux prix littéraires, dont le prestitigieux prix Hugo.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2006)

     À Crossbank et Blind Lake, deux villes des États-Unis, se trouvent des complexes scientifiques, bâti chacun autour d'un Spécimen. En effet, par le biais d'une technologie de pointe — tellement pointue qu'elle nuit à la crédibilité du roman, mais c'est un détail — , les condensats de Bose-Einstein, on peut voir à travers l'objectif d'une caméra la vie telle qu'elle se déroule sur une autre planète. Les habitants de Blind Lake sont donc essentiellement des observateurs, chargés de décrypter cette vie extraterrestre si différente de la nôtre. Chacun, dans la durée, s'est construit ses habitudes, ses connaissances, ses inimitiés... Mais tout cela va être remis en cause le jour où, brutalement, le complexe est mis en quarantaine, pour une raison inconnue de ses habitants, mais qui semble en rapport avec des événements ayant eu lieu à Crossbank.
     Même si Wilson tient un sujet au fort potentiel avec cette vie extraterrestre par procuration, vue à travers une caméra dont on ne sait au fond si elle nous montre de vraies images, là n'est pas son propos. Son but est avant tout de décortiquer la société qui s'est mise en place à Blind Lake, et de voir sa réaction face à une situation de crise telle qu'une quarantaine. Il s'agit donc bien là d'un roman psychologique, prenant, chaque personnage étant crédible et profondément humain (sauf peut-être Ray Scutter, trop caricatural, y compris dans les raisons qui l'ont poussé à devenir ce qu'il est). Les interrogations sur le Spécimen et ses motivations pour un jour quitter son existence routinière renvoient aux propres habitants de Blind Lake, quelque peu gangrenés par le train-train quotidien et l'absence d'ouverture sur le monde. Tout le monde n'a toutefois pas cette aspiration au changement : les trois journalistes qui arrivent sur le site font en effet le chemin inverse, cherchant dans la routine un moyen de se stabiliser. Mais seul le changement peut apporter la vitalité, et le salut viendra, contre toute attente, du Spécimen. Blind Lake, ou la chronique du changement.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 16/1/2006
nooSFere


Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2006)

     Avec Blind Lake, et après le coup de maître des Chronolithes (cf. critique in Bifrost 31), Robert Charles Wilson livre un excellent roman de science-fiction, sans toutefois jamais décoller vraiment. Tous les thèmes chers à l'auteur sont présents : une situation incompréhensible qui échappe à la plupart des protagonistes, des personnages complètement perdus dans une vie qu'ils subissent plus qu'autre chose, sans oublier un mystère d'envergure cosmique magnifiquement bien amené. Dès lors, pourquoi songer à se plaindre, dans la mesure où Blind Lake plane déjà très au-dessus des habituelles productions S-F ? Peut-être qu'on attendait tout simplement plus d'un auteur de cette trempe. Pas de panique, on ne se plaint pas vraiment, mais on pointe quand même une ressemblance assez immédiate avec d'autres romans de Wilson, ressemblance qui évoque souvent un système. Le système Robert Charles Wilson, donc, c'est un savant cocktail de tendresse, d'humanisme et de vision qui dépasse de loin l'espèce humaine. A ce titre, Blind Lake est un modèle du genre : station d'observation spatiale sous haute surveillance basée en plein Minnesota, le complexe de Blind Lake est un observatoire d'un type nouveau. Avec un système de télescopes quantiques auto-évolutifs (et donc intelligents ?) parfaitement ingérable par des scientifiques qui courent après les données sans jamais comprendre vraiment comment ils les récupèrent, il est désormais possible de recevoir des images de mondes extraterrestres avec une clarté et une résolution hallucinante. Encore plus fort, la « caméra virtuelle » peut même suivre les actions radicalement étrangères d'un indigène du cru, sobrement baptisé « le Sujet ». Postulat difficilement crédible, donc, mais le talent de Robert Charles Wilson fait le reste. Dès le début, le lecteur est happé par une histoire rocambolesque qui va suivre l'itinéraire de trois journalistes coincés dans la station au moment même où les portes se ferment et qu'une quarantaine inexpliquée s'applique avec la plus grande rigueur (ceux qui tentent de s'échapper sont froidement descendus par des drones militaires globalement dénués de sens de l'humour). Alors que la vie continue comme elle peut et que les enfermés se résignent à une situation parfaitement bloquée, le Sujet change radicalement ses habitudes en abandonnant sa vie morne (suivant les standards terriens) et en partant dans le désert pour un pèlerinage sans but apparent. Pourquoi un tel changement ? Est-ce à mettre en rapport avec le blocus qui se compte maintenant en mois ? Quel est donc le danger que Blind Lake représente pour le monde extérieur au point de justifier un tel isolement forcé ? Autant de questions que distille Robert Charles Wilson avec une intelligence narrative très professionnelle, sans jamais donner de réponses vraiment définitives (fort heureusement). De fait, Blind Lake se lit comme un excellent thriller et mérite sans aucun doute d'être qualifié de genuine page turner. Avec des personnages crédibles, intelligents et suffisamment dépressifs pour que les lecteurs s'y identifient rapidement, Wilson trouve le vrai moyen de faire une S-F différente qui n'appartient qu'à lui : s'intéresser avant tout à l'humain et décrire les événements à son échelle, postulat qui rend chaque protagoniste fondamentalement attachant car mis au même niveau que le lecteur. Au final, si Blind Lake ne révolutionne rien, le livre n'en reste pas moins excitant et subtil, intelligent et parfois même vertigineux quant aux implications à peine esquissées par un auteur dont on imagine sans peine le clin d'œil une fois la dernière page tournée. Autant dire qu'on attend son prochain opus, Spin (toujours en « Lunes d'encre »), avec une impatience difficilement contenue.

Patrick IMBERT (site web)
Première parution : 1/1/2006
dans Bifrost 41
Mise en ligne le : 23/4/2007


Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2006)

     Robert Charles Wilson, s'impose de plus en plus comme un auteur majeur de la science fiction contemporaine. Après Les Chronolithes (un magistral « thriller temporel » et déjà un classique), et en attendant la parution française de son prochain roman, Spin, qui s'annonce déjà comme un évènement ; le revoici avec Blind Lake.

     Blind Lake est un site de recherches où des scientifiques sont parvenus, grâce à une technologie quantique dont ils ne maîtrisent pas tous les paramètres, à observer un ensemble de planètes situées à des années-lumières de la terre. Sur l'une de ces planètes, leur attention se focalise sur un extraterrestre qu'ils ont surnommé « le homard », du fait de sa morphologie. Devenu leur « Sujet » d'étude, il est filmé en permanence et tous ses faits et gestes sont répertoriés. Mais impossible de communiquer directement avec lui. Les données dont disposent ces scientifiques sont uniquement visuelles. Parmi eux, Marguerite Hauser, une astrozoologiste, est chargée de visionner ces images et de signaler tout changement de comportement de la part du « Sujet », bien que cette créature extraterrestre semble obéir à un rituel quotidien immuable...

     Mais la situation évolue brutalement : sans explication officielle, un blocus est décrété. Blind Lake est coupé du monde. Les communications avec l'extérieur sont rompues. Et ceux qui tentent de s'échapper sont purement et simplement exécutés. Dans le même temps, et contre toute attente, le « Sujet » entame une sorte de pèlerinage, une longue marche à travers le désert qui pourrait bien lui être fatale...

     Blind Lake est d'abord un formidable huis clos. Mais c'est aussi un roman plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. On y retrouve le thème récurrent de l'œuvre de Wilson : Un groupe d'humains, placés en situation de survie, et ayant à faire face à une menace réelle mais incompréhensible. Depuis Darwinia, on le sait, Wilson est un storyteller imparable : Maîtrise de la narration, sens du rythme, précision de l'écriture. Mais il sait aussi donner à ses récits, apparemment classiques, une dimension métaphysique, une ampleur inattendue, et une modernité saisissante.

     Au fil du roman, Wilson multiplie les perspectives et les niveaux de lecture : Blind Lake devient un monde clos, immobile, avec comme seule fenêtre sur l'extérieur la vision de cet extraterrestre en mouvement. L'action se resserre sur quelques personnages emblématiques. Une poignée d'humains, qui deviennent à leur tour, pour le lecteur, des « Sujets » d'étude. On mesure là toute l'ironie et l'intelligence de l'auteur, qui joue ouvertement sur un effet de miroir, de reflet. Marguerite Hauser, développe peu à peu l'idée que pour comprendre les agissements du « Sujet », il est nécessaire de les intégrer dans un récit, une histoire globale. Sa fille, Tess Hauser, victime d'hallucinations, croit voir celle qu'elle nomme la fille-miroir. Et on devine bien que Tess et Marguerite sont appelées à traverser le miroir...

     Le vrai thème du roman apparaît alors : celui qui observe doit s'attendre, à son tour, à être observé. Chaque forme de vie à une histoire, et toutes les histoires sont liées et interfèrent entre elles. De là à dire que l'univers entier n'est qu'une succession de miroirs qui se reflètent les uns les autres à l'infini... On l'aura compris, Wilson est un humaniste convaincu, fervent, militant. Et sa foi en l'humanité ne se limite pas aux turpitudes de notre petite planète.

     C'est surtout un écrivain rare, et dont l'œuvre subtile n'est pas sans rappeler celle d'un autre magicien de la SF : Christopher Priest. C'est dire à quel point sa lecture est indispensable.

Xavier BRUCE
Première parution : 1/4/2006
dans Galaxies 39
Mise en ligne le : 17/11/2008

Prix obtenus
Aurora (anciennement Casper), Roman anglais, 2004


retour en haut de page

Dans la nooSFere : 80176 livres, 93849 photos de couvertures, 76218 quatrièmes.
9266 critiques, 43497 intervenant·e·s, 1671 photographies, 3786 adaptations.
 
Vie privée et cookies/RGPD
A propos de l'association. Nous contacter.
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes.
Trouver une librairie !
© nooSFere, 1999-2023. Tous droits réservés.