Voici des récits dont certains comptent parmi les plus anciens des Jours Anciens. Tolkien venait de participer à la bataille de la Somme, il était ébranlé, malade, quand il composa « La Chute de Gondolin », où Morgoth, le Sombre Seigneur, trouve le chemin du royaume caché et se présente avec toute son armée devant la cité forte ; de là un carnage auquel n'échappèrent que quelques elfes en s'enfuyant avec Earendel, petit-fils du roi. On échappe mal à l'impression que le royaume caché, c'est l'Angleterre — protégée par son Channel — et que l'invasion de Morgoth exprime l'angoisse de l'auteur devant les hordes acérées des Teutons. Cependant le ton ignore la peur ; il est tout de grandeur héroïque, de même que le « Conte de Beren et de Tinuviel » (qui prendra le nom de Luthien) respire l'élégie et même l'érotisme — un registre peu fréquent chez Tolkien. On a pu montrer que l'auteur pense très précisément à Edith, sa femme, quand il écrit : « Elle avait les cheveux d'un noir de jais, la peau blanche, les yeux brillants, et comme elle chantait — comme elle dansait ! » Les deux amants partent pour la forteresse de Morgoth, à qui ils vont tenter — comme plus tard Frodon — d'arracher le joyau magique serti dans sa Couronne de Fer. À bientôt la fin du Premier Âge du Soleil.
1 - Adam TOLKIEN, Note du traducteur, pages 7 à 8, notes 2 - Christopher TOLKIEN, Avant-propos, pages 9 à 10, préface, trad. Adam TOLKIEN 3 - Conte de Tinúviel, pages 11 à 96, nouvelle, trad. Adam TOLKIEN 4 - Turambar et le Foalókë, pages 97 à 190, nouvelle, trad. Adam TOLKIEN 5 - La Chute de Gondolin, pages 191 à 290, nouvelle, trad. Adam TOLKIEN 6 - Le Nauglafring, pages 291 à 330, nouvelle, trad. Adam TOLKIEN 7 - Conte d'Eärendel, pages 331 à 360, nouvelle, trad. Adam TOLKIEN 8 - L'Histoire d'Eriol ou Æflwine et la conclusion des contes, pages 361 à 429, nouvelle, trad. Adam TOLKIEN 9 - Appendice : les noms dans les Contes perdus (Appendix, 1983), pages 431 à 444, notes, trad. Adam TOLKIEN