« Pour ce que rire est le propre de l'homme », inscrivait le bon
Rabelais au fronton de son œuvre. Ce rire, on le trouve déjà dans
les vieux fabliaux où s'exprime l'esprit populaire, et tout particu-
lièrement dans cette épopée qui relate les mille et une aventures de
Maître Renart. Nos pères s'en sont tellement divertis que, le succès
forçant l'usage, son nom même a fini par se substituer à celui du
goupil dans le langage courant. Les siècles n'ont pas altéré la finesse
et la naïveté des branches originales du roman de Renart. Ce sont
des chefs-d'œuvre de cette narration primesautière dont les trou-
vères avaient le secret, charmante par la justesse de l'observation,
la simplicité et la fraîcheur des détails. Nous y découvrons des
inventions d'une drolerie irrésistible, un effet saisissant des mœurs
médiévales, un souffle de large humanité, bref : un art tout français.
Voici, rassemblés dans une suite harmonieuse qui a naturellemet
le ton et l'enchaînement romanesque, les épisodes les plus attrayants
de cette lutte épique que Maître Renart dut mener pour assurer
subsistance et sauvegarde à Dame Hermeline son épouse et à ses
rebardeaux. En suivant les démêlées de Renart avec son oncle Ysen-
grin le loup. Tybert le chat, Thiécelin le corbeau, les tout-petits
comme les plus grands retrouveront spontanément ce rire salubre
et détendu qui fut celui de nos aieux.
Renart rit sous ses moustaches... Nos rires fusent aussi
au récir des bons tours qu'il imagine !