Peu d'auteurs de fantasy suscitent autant la polémique que David Eddings
1. Adulé par un impressionnant fan-club toujours avide d'en savoir plus sur son univers ou ses techniques d'écriture, il essuie égale ment les foudres d'innombrables lecteurs, pour qui il ne fait guère que placer des personnages caricaturaux dans des situations parodiques, en se contentant de changer quelques noms d'une série à l'autre. Un court dialogue entre un admirateur (A) et un détracteur (D) d'Eddings pourrait donner...
A : Enfin, Eddings nous ouvre les archives de la Belgariade et de la Mallorée ! Quel plaisir de découvrir sous le regard de Belgarath la personnalité des disciples d'Aldur, l'histoire des temps anciens, le cataclysme de la Séparation du monde...
D : Eddings tire à la ligne une fois de plus. Rien de nouveau, toujours les mêmes vannes faciles, toujours des personnages modelés pour plaire au grand public...
A : Les personnages d'Eddings sont riches et attachants ! Belgarath apporte vraiment une nouvelle perspective sur les 7000 ans qui précèdent la Belgariade. Il est tellement « vrai » qu'on l'imagine facilement, au sommet de sa tour, écrivant ses mémoires pour Garion et Ce'Nedra...
D : C'est bien là le problème. Un sorcier âgé de 7000 ans, qui me semble aussi familier que mon bon vieux grand-père, je trouve ça consternant. On pourrait s'attendre à ce que le psychisme humain pâtisse d'une telle longévité. Eh bien non : il se rend compte par-ci par-là qu'il ne vieillit pas et que des éons passent, mais c'est tout juste si ça le surprend...
A : Vous élevez des objections de principe. Vous voulez que la fantasy ait une valeur pédagogique ou didactique. Moi, je cherche juste le plaisir de lire, de m'évader dans un univers riche et baroque. Je trouve tout ça dans Belgarath.
D : Oh, je n'en doute pas. C'est un bon livre à lire dans sa baignoire ou dans son lit. Mais je maintiens qu'Eddings tire à la ligne. Après tout, le filon est bon : la vision de Belgarath, puis celle de Polgara... et pourquoi pas ensuite celle de Beldin, des jumeaux, de Poledra ?
(exclamation indignée), (bruits de dispute),
Comme on l'a bien compris, Belgarath le sorcier est à conseiller exclusivement aux amateurs de la Belgariade et de la Mallorée qui voudraient en savoir plus sur les 7000 ans précédant la naissance de Garion. Comme toujours agréable à lire, mais sans rien de bien nouveau dans la forme ou dans le fond, son intérêt réside essentiellement dans les précisions qu'il apporte sur les peuples et les personnages qui peuplent les deux cycles. Il n'en a même, soyons francs, aucun autre.
Notes :
1. Selon David Eddings, son épouse Leigh a toujours collaboré activement à ses écrits. Depuis quelques années, leurs deux noms figurent sur les couvertures des nouvelles parutions. (N.D.L.R.)