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Dernière conversation avant les étoiles

Philip K. DICK

Textes réunis par Gwen LEE & Doris Elaine SAUTER

Titre original : What if Our World is Their Heaven ? The Final Conversations of Philip K. Dick., 2000
Première parution : The Overlook Press, 2000
Traduction de Hélène COLLON

L'ÉCLAT , coll. Éclat poche
Dépôt légal : avril 2015
Étude d'une œuvre, 224 pages, catégorie / prix : 8 €
ISBN : 978-2-84162-367-9
Format : Poche
Genre : Science-Fiction



Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     En janvier 1982, Philip K. Dick s’entretient avec Gwen Lee, que lui a présenté son amie Elaine Sauter. Dick parle longuement du film d’un jeune réalisateur, Ridley Scott, tiré de sa nouvelle « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » alors en cours de montage et qui sortira sous le titre Blade Runner ; il parle de son Exégèse, journal de plusieurs milliers de pages, où s’entremêlent souvenirs, rêves, fictions, délires ou de son livre en cours (qui restera inachevé) : The owl in the daylight, et évoque pêle-mêle toutes les questions qui font de sa biographie un véritable roman de Philip K. Dick.
     Deux mois plus tard, Dick meurt à l’hôpital des suites d’une vie ... « remplie ». Dernière conversation avant les étoiles est donc un document de première importance pour les fans de Philip K. Dick, comme pour tous ceux qui voudront découvrir le cheminement de la pensée d’un homme qui a pu décrire entre 1955 et 1982 le monde que nous avons aujourd’hui sous nos yeux inquiets. Était-ce parce qu’il avait écrit dans son roman Ubik : « Je suis vivant et vous êtes morts » ? On y retrouve son humour et ses « délires divergents », comme la question des « sources » religieuses et mystiques qui nourrissent son imagination, ou les lancinantes questions : Qu’est-ce qu’un humain ? et qu’est-ce qui le différencie d’un androïde ? Les moments de la vie s’articulent-ils horizontalement ou verticalement.

     Philip K. Dick est sans doute l'un des plus grands écrivains de science-fiction du siècle dernier. Son oeuvre ne cesse d'être redécouverte, notamment à travers des adaptations cinématographiques plus ou moins heureuses.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition L'ÉCLAT, (2005)

     La maison d'édition L'éclat continue sa politique de publication d'appareil critique autour de Philip K. Dick. Après Si ce monde vous déplait..., un recueil d'articles de PKD, voici Dernière conversation avant les étoiles, retranscription d'entretiens accordés par l'auteur à Gwen Lee en janvier 1982, soit deux mois avant sa mort.
     Première surprise : il ne s'agit pas d'entretiens formatés comme ils sont habituellement publiés : au contraire, on a affaire à une retranscription « brute de fonderie » — d'où le choix de « conversation » dans le titre — , où tout est mentionné, y compris quand ils sont dérangés par la sonnerie du téléphone. Ce parti prix est intéressant, car la spontanéité qui se dégage nous fait mieux connaître l'homme derrière l'auteur, avec ses digressions, son sens de l'humour, son côté charmeur.
     Dans ces discussions (menées sur l'espace d'une semaine), plusieurs sujets se dégagent. En premier lieu, Blade Runner, le film, au tournage duquel Dick a en partie assisté. Mis à part les compliments de rigueur envers le réalisateur, Ridley Scott, et les acteurs, Harrison Ford en tête, on s'amuse de voir Dick émerveillé par les techniques employées au cinéma. On a parfois l'impression de voir un enfant auquel on a montré un jouet magique. Se voir adapté au cinéma doit en effet constituer un aboutissement pour un auteur avide de reconnaissance comme pouvait l'être Dick. Aussi décrit-il par le menu détail tout ce qu'il a vu sur le tournage ; il est particulièrement impressionné par le fait que certains décors (kiosques avec faux journaux, par exemple) n'ont été construits que pour les acteurs seuls, afin de mieux les immerger dans le monde futuriste.
     Dick parle aussi de son roman en cours de gestation, The Owl in Daylight (Le hibou ébloui, dont le synopsis peut se trouver dans le tome 2 de l'intégrale des Nouvelles en collection Lunes d'Encre). Et c'est fascinant. Fascinant car lors du premier entretien, Dick, qui a déjà réfléchi au livre, n'a que des éléments épars, des idées qui attendent encore une intrigue pour charpenter le tout. Il en discute avec Gwen Lee, qui lui pose des questions intéressantes et lui suggère des idées de son cru ; on sent ici Dick intéressé par l'entretien, qui lui permet de trouver des développements possibles pour son histoire. Et, lorsque Lee revient cinq jours plus tard, le synopsis du roman est complet et particulièrement complexe — à tel point que l'agent de l'auteur croit celui-ci incapable d'écrire le texte. Cette leçon de « comment concevoir un roman » est édifiante, et montre que Dick était très réceptif au monde qui l'entoure, qu'en phase de conception agit un peu comme une éponge qui absorbe une quantité importante d'informations sans ordre pour en sortir une histoire intelligible.
     Enfin, Dick parle de son expérience « Two-Three Seventy-Four » (date à laquelle elle s'est produite, en février 1974). Ce jour-là, une présence lui parle pour lui signaler une malformation congénitale jamais détectée chez son fils. Après consultation, il s'avère que cette infirmité existe réellement ; la présence, qui se présente comme Sainte Sophie, continuera de parler à Dick pendant un an. Loin de l'illuminé auquel on s'attend, l'auteur analyse ici avec assez de discernement ce qui lui est arrivé. Il se rend bien compte du caractère hautement improbable, pourtant il l'a vécu, donc il ne peut que constater. Il est aussi intéressant de noter que ce passage l'a beaucoup stimulé, puisqu'il a entrepris des recherches pour comprendre ce qu'il voyait. Et, d'une façon ou d'une autre, ce passage a eu beaucoup d'influence sur ses romans ultérieurs.
     Ce livre est donc à conseiller à tout le monde : à ceux qui aiment Dick, car ils découvriront l'être humain derrière l'auteur ; et à ceux qui n'aiment pas Dick, car ce livre est passionnant quant à sa réflexion sur le métier d'écrivain.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 9/11/2005
nooSFere


Edition L'ÉCLAT, (2006)

     À l'heure où les essais sur l'œuvre de P.K. Dick se multiplient, voilà une publication qui a le mérite de proposer un éclairage différent. Dernière conversation avant les étoiles se compose principalement d'une série d'interviews de P.K. Dick, toutes datées de janvier 1982, réalisées par la journaliste Gwen Lee, et inédites en français. Le tout est complété par une introduction de Doris Elaine Sauter, une bibliographie établie par Hélène Collon, et une très belle préface de Tim Powers.

     Le contexte est simple : en janvier 1982, Blade runner, le film de Ridley Scott est en cours de montage. Dick a vu la bande-annonce du film et un premier montage de vingt minutes. Il est enthousiasmé par le résultat, tout en étant parfaitement conscient qu'il s'agit bel et bien d'une adaptation (au sens hollywoodien du terme) de son roman. Et il s'attelle à l'élaboration de son prochain livre, The Owl in Daylight. La suite, on la connaît : Dick mourra moins de deux mois plus tard. Il ne verra pas Blade Runner. Il n'écrira pas The Owl in Daylight. C'est donc bien, comme le titre l'indique, à une dernière conversation avant les étoiles, que le lecteur est convié. Et autant le dire tout de suite, pour tous ceux qui considèrent P.K. Dick comme un écrivain exceptionnel, pour tous ceux que son œuvre fascine, l'émotion est là, à chaque page. Car c'est la principale qualité de ce livre : chaque interview nous est livrée telle quelle, sans réécriture, sans « nettoyage ». P.K. Dick hésite, s'interrompt, revient sur une phrase. Le téléphone sonne, l'interview s'arrête. Pour reprendre plus tard, sur un tout autre sujet. Et on a souvent, à la lecture, la sensation « d'entendre » la voix de P.K. Dick. Les thèmes fusent, les associations d'idées s'enchaînent à un rythme inouï. Et si Dick, lui-même, donne parfois l'impression de se perdre dans son propre discours, il ne perd jamais son humour. Il s'exprime longuement sur Blade Runner et The Owl in Daylight. Il parle également des femmes (sans faire de distinction entre celles qui appartiennent à sa vie réelle et celles qui peuplent ses fictions), du mythe de Faust, du rapport entre la musique et les mathématiques, de Beethoven, des Doors... Et puis, évidemment, de la Bible, des Évangiles, de sa révélation mystique de 1974, et des répercussions qu'elle a pu avoir sur son activité littéraire. Car c'est l'un des autres intérêts du livre, que de revenir sur cette dernière période, très controversée, de l'œuvre de Dick.

     Mais l'aspect le plus passionnant reste ses nombreuses réflexions sur son travail d'écrivain, sur la conception et l'élaboration de ses romans (il y a d'ailleurs un passage tout à fait hallucinant, où P.K. Dick, tout en évoquant le thème possible de son prochain roman, l'invente au fur et à mesure de la discussion, le crée en direct).

     Pour tous les admirateurs de P.K. Dick, Dernière conversation avant les étoiles est un livre indispensable. Un document unique et émouvant. Une belle invitation à redécouvrir, encore et toujours, l'œuvre de l'un des plus grands écrivains du XXe siècle.

Xavier BRUCE
Première parution : 1/4/2006
dans Galaxies 39
Mise en ligne le : 11/2/2009

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