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Frère Ewen

Pierre BORDAGE

Cycle : La Fraternité du Panca  vol. 1 


Illustration de Johann GOUTARD

J'AI LU (Paris, France), coll. Science-Fiction (2007 - ) précédent dans la collection n° 10961 suivant dans la collection
Dépôt légal : décembre 2014
Réédition
Roman, 576 pages, catégorie / prix : 8,90 €
ISBN : 978-2-290-10277-0
Genre : Science-Fiction

Autres éditions
   L'ATALANTE, 2007, 2013
   in La Fraternité du Panca - l'intégrale, 2018
   J'AI LU, 2017

Quatrième de couverture
     Membre de la très secrète Fraternité du Panca, Ewen mène une existence paisible sur la planète Boreal. Un jour, pourtant, la Fraternité se rappelle lui : il doit se rendre sur la lointaine Phaïstos pour reformer la chaîne quinte et tenter de sauver d'une extinction certaine toutes les espèces vivantes de la galaxie.
     Du haut de ses douze ans, Olmeo n'entend rien ces histoires. C'est peine s'il comprend les raisons qui ont pousse ses parents quitter leur monde pour se lancer dans un voyage interstellaire sans fin. La rencontre de la jeune Sayi, dont il tombe amoureux au premier regard, va cependant changer bien des choses.
     Commence alors pour l'homme et le garçon le périple d'une vie travers tes étoiles...

     PlERRE BORDAGE
     Né en 1955. cet extraordinaire conteur a su conquérir les faveurs du grand public avec ses épopées mythologiques et profondément humanistes (Les guerriers du silence, Wang, L'Enjomineur...), récompensées par de nombreux prix littéraires. Frère Ewen initie une formidable épopée spatiale, qui comptera cinq volumes.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition L'ATALANTE, La Dentelle du Cygne (2008)

     Membre secret de la mystérieuse Fraternité du Panca, Ewen vit paisiblement sur la planète Boréal, avec sa femme et sa fille qui ignorent tout de son passé. Un jour, une voix d'outre-espace l'appelle : toutes les espèces vivantes de la galaxie sont menacées si cinq frères du Panca ne fusionnent pas leurs esprits/implants en une « chaine quinte ». Ewen doit donc quitter ceux qu'il aime pour un voyage sans retour, un voyage de quatre vingt ans...
     Alors qu'il vient d'avoir douze ans, Olmeo accompagne ses parents et ses sœurs qui ont décidé de quitter la planète Amble suite au scandale d'un adultère. En chemin, il rencontrera Sayi qu'il aimera au premier regard. La route du jeune couple croisera celle d'Ewen...

     Il est difficile de chroniquer un roman de Pierre Bordage sans rappeler son formidable talent de conteur. Cela est d'autant plus vrai pour Frère Ewen que ce talent constitue le principal atout d'un récit qu'on pourra par ailleurs considérer comme plutôt mineur — en attendant de s'en faire une idée plus définitive puisqu'il ne s'agit que du premier volume d'une pentalogie.
     Passons sur les prémices conventionnelles : une menace risque d'anéantir toute vie dans la galaxie ( !) sans qu'on en connaisse la nature précise ; fort heureusement, une poignée d'élus devrait éviter la catastrophe, au bout d'un parcours inévitablement jonché d'innombrables difficultés... Bien sûr, il ne s'agit là que d'un simple prétexte pour nous emmener une nouvelle fois dans un space opera épique et mouvementé, comme Bordage en a l'habitude depuis Rohel ou Les Guerriers du Silence. On relèvera au passage nombre de motifs récurrents, comme l'omniprésence d'une religion étouffante — ici la religion « angélique » — , ou l'importance des mythes qui reflètent des réalités oubliées et déformées.
     Plus gênant à mon sens est le déséquilibre entre les trois cent cinquante premières pages et les cent dernières. En effet, plus des trois quarts du roman relatent les itinéraires respectifs d'Ewen et d'Olméo jusqu'au dernier astroport, avec moult péripéties et rebondissements : Ewen se voit traqué par de pittoresques individus aux motivations opaques, tandis qu'Olméo se heurte à des escarmouches, des enlèvements de Sabines, des trafics d'esclaves et à d'autres accidents comme il en arrive tant quand on ne reste pas tranquillement chez soi. Pour plaisantes qu'elles soient à lire, grâce à ce talent de conteur déjà souligné, ces mésaventures rythmées ne font guère avancer l'intrigue ni le propos.
     Et soudain, tout s'accélère lors du voyage ultime, celui qui doit durer quatre vingt ans. On retrouve dans ces cent dernières pages le meilleur Bordage, celui d'Abzalon par exemple, mais en accéléré. Du Bordage à Grande Vitesse. Des thèmes passionnants et émouvants se succèdent à vive allure : le sort d'Ewen, condamné à vieillir lentement dans un immense vaisseau au milieu de vingt six mille âmes dans un état de ralentissement métabolique, et qui se demande si son sacrifice a un quelconque sens ; la tragédie d'Olméo et de Sayi qui choisissent eux aussi de rester en éveil afin de pouvoir s'aimer car leur amour serait condamné ailleurs ; la série de meurtres commis sur les passagers endormis — plus de six mille au bout de quelques années — sans que les androïdes du vaisseau puissent appréhender l'étrange serial killer du fait de leur impossibilité à saisir l'essence de l'esprit humain ; la naissance d'un enfant qui deviendra le disciple d'Ewen... jusqu'à l'arrivée où, à seulement quatre pages du point final, Ewen découvre enfin ce surprenant « quatrième frère » à qui il doit transmettre son implant.
     Bref, plutôt que les sympathiques scènes d'action initiales, c'est ce très long voyage qu'on aurait aimé vivre plus intensément. C'est d'ailleurs dans cette partie qu'on retrouve l'humanisme mystique, tant christique que bouddhiste, de l'auteur : « Le courant ne nous entraînera jusqu'au tueur que si nous l'acceptons, si nous l'aimons, comme une partie de nous-mêmes. Parce qu'il est une partie de nous-mêmes. Une partie de l'humanité. » (p.373) ou encore « L'acceptation n'était pas synonyme de passivité, de résignation, mais d'accompagnement, de fluidité. » (p.375)

     Si Frère Ewen déçoit un peu — outre la relative banalité des premiers chapitres où l'action pure prédomine — , c'est avant tout en raison de la frustration ressentie face à une seconde partie trop rapide où l'on perçoit les éléments d'un grand roman bordagien sans les voir se développer pleinement.
     Mais ne nous y trompons pas, la lecture en demeure des plus agréables — toujours ce fameux talent de conteur, décidément incontournable — et les tomes à venir permettront sans doute à l'intrigue de mieux s'épanouir. La frustration ne révèle-t-elle pas avant tout le désir d'en avoir davantage ?

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 12/1/2008
nooSFere

Critique de la série par Raphaël GAUDIN
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