BÉLIAL'
(Saint-Mammès, France) Date de parution : 25 février 2021 Dépôt légal : février 2021, Achevé d'imprimer : février 2021 Première édition Roman, 544 pages, catégorie / prix : 24,90 € ISBN : 978-2-84344-975-8 Format : 14,0 x 20,3 cm✅ Genre : Science-Fiction
Dépôt légal à parution. Existe aussi en numérique au format ePub (ISBN : 978-2-38163-018-2) au prix de 11,99 €.
Printemps 2454.
L’âge d’or dans lequel vivait l’humanité depuis trois siècles a brutalement pris fin : corruption, prévarication, népotisme et meurtres calculés ; le prix véritable de cette exceptionnelle période de prospérité vient d’éclater au grand jour. Alors que le procès des responsables approche, l’opinion publique se divise : faire table rase du passé pour envisager un monde radicalement nouveau sous l’égide de J.E.D.D. Maçon, le dieu vivant, et ainsi plonger dans la Terra Ignota, ou sauver ce qui peut l’être de l’ordre ancien. Ruches et hors-Ruches, Utopistes et sensayers, seigneurs, empereurs et Servants se préparent à un affrontement qui paraît inévitable. À commencer par le premier d’entre tous, l’ultime prodige de Bridger, Achille, fils de Thétis et du roi Pélée, le maître des arts de la guerre, le dernier espoir, peut-être, de ce monde au bord du gouffre…
Diplômée de Harvard, Ada Palmer enseigne au département d’histoire de l’université de Chicago. Le cycle « Terra Ignota », jugé « incroyablement ambitieux et révolutionnaire » par The Guardian, est l’un des projets littéraires les plus stupéfiants que la science-fiction moderne ait produit, quelque part entre Dune et Hypérion, entre philosophie des Lumières et sidération radicale, sans doute aucun le grand-œuvre SF de ce début de XXIe siècle.
Critiques
Après le dilemme Nature contre Raison, et après la question de la place du Divin dans le monde, le troisième volume de « Terra Ignota » s’intéresse à l’État, en tant qu’entité politique source de conflits, et partie prenante dans une guerre. Et plus exactement au Léviathan tel que théorisé par Thomas Hobbes au xvii e siècle, cela alors que le monde du xxve siècle dépeint par Ada Palmer et ses diverses Ruches sont au bord de la guerre suite aux événements rapportés dans Trop semblable à l’éclair (cf. Bifrost 96) et Sept Redditions (cf. Bifrost 98).
Comme le précise le titre du présent roman, les Ruches ont toute la volonté de se battre, mais la guerre a été abolie depuis si longtemps qu’elles ignorent comment s’y prendre. À quelle condition peut-on ouvrir les hostilités ? Selon quelles règles ? Et les crimes commis dans le passé en sont-ils réellement ou sont-ils couverts par une légitime défense pensée au niveau du corps institué que constitue une Ruche, même vis-à-vis d’individus n’en faisant pas partie ? Une fois de plus, Mycroft Canner, narrateur de moins en moins fiable et victime d’hallucinations, prenant à partie un lecteur encore plus futuriste ou non, un philosophe anglais et un héros défunt, prend la plume pour faire le récit des derniers instants avant le conflit.
Avec ce troisième tome, Ada Palmer garde une trame philosophico-juridique forte, notamment dans le discours, aussi long que ceux de Fidel Castro, qu’adresse Caesar Maçon au Sénat à mi-parcours. L’autrice accélère fort heureusement le rythme de son histoire en privilégiant l’action sur les dialogues à fleuret moucheté. La mise en retrait des membres de la famille de La Trémoïlle contribue largement à ce changement de ton. Elle permet également de mettre en lumière de nouveaux personnages tant à l’intérieur des Ruches qu’à la frange, chez les criminels ou parmi ceux qui, vivant dans les réserves, n’acceptent pas le cadre des Ruches. À condition d’accepter les deus ex machina que sont JEDD Maçon et Achille, ou du moins de surseoir à statuer sur l’incongruité qu’ils représentent, le ton de La Volonté de se battre est bien plus résolument futuriste que les deux précédents. Peut-être parce que la Ruche la plus exotique à nos yeux du xxie siècle, celle des Utopistes, y est bien plus présente avec ses animU fabuleux et ses manteaux-écrans. Peut-être également parce qu’on s’éloigne des salons et autres boudoirs de discussion pour voir enfin les paysages de la Terre pensée par l’autrice avec des effets spectaculaires, que l’on visite le territoire des droit-noir ou l’enceinte des Jeux olympiques en Antarctique. Ada Palmer signe donc ici un roman plus classique, mais plus palpitant que Sept Redditions, galop final avant la conclusion, Peut-être les étoiles, attendue l’an prochain et prévue pour être déployée en deux volumes. Un monument.