En cette fin d'année 2013, La meute du Phénix est la nouvelle série de romance paranormale des éditions Milady. Ce cycle a pour personnages principaux des loups-garous. Chaque tome raconte l'histoire d'amour d'un couple en reprenant la thématique de l'âme sœur.
Pour augmenter son propre prestige, le père de Taryn, un Alpha ambitieux, la promet à un chef de meute influent. La jeune femme refuse obstinément ce fiancé qui rêve de la soumettre par la force. Contactée par Trey, Alpha d'un groupe de petite envergure, elle accepte le marché que celui-ci propose : une union de complaisance à durée limitée. Chacun tirera un bénéfice du contrat : la liberté pour elle au bout de quelques mois, une bonne alliance pour lui, l'aidant à protéger les siens. Impossible pourtant d'ignorer l'attirance que les deux jeunes gens éprouvent l'un pour l'autre. Et si la situation s'avérait plus compliquée que prévu ?
Des loups-garous et un lien d'âme sœur : on peut dire que le fan de romance paranormale ne sera pas dépaysé par les thématiques développées dans ce cycle. En revanche, si Suzanne Wright ne s'écarte pas de ses classiques, elle y associe une plume de qualité et un univers solide. Les personnages y sont élaborés avec soin et l'ensemble se lit avec facilité.
Dotés chacun d'un fort caractère, les deux héros sont un peu binaires, mais attachants dans leur maladresse. Ils ont survécu à une enfance difficile et ont construit des mécanismes de défense qui les éloignent de leurs proches. De quoi générer d'excellents quiproquos ! Malgré son talent de guérisseuse, Taryn n'a jamais réussi à s'attirer les bonnes grâces de son père en raison de sa latence. L'impossibilité pour elle de se transformer en louve l'astreint à devenir indépendante et à tenir sa place sans montrer ses faiblesses. De son côté, Trey a dû se battre contre son père afin de sauver sa vie. Banni malgré sa victoire sur l'Alpha, le jeune homme s'est exilé avec quelques-uns de ses supporters et a constitué son propre groupe. Portant le poids de ces responsabilités depuis l'âge de quatorze ans, il lui est difficile de ne pas contrôler perpétuellement l'ensemble de son environnement, quitte à devenir un véritable tyran. La rencontre de ces deux têtes de mule va donc faire quelques étincelles...
Le récit se déroulant en grande partie au sein de la meute de Trey, l'auteur a créé toute une bande de loups-garous hauts en couleurs. Entre la grand-mère récalcitrante face à la nouvelle compagne de son petit-fils et les membres du groupe plus ou moins ravis de la situation, Taryn passe son temps à remettre tout le monde à sa place. Et on peut dire qu'elle possède un vocabulaire assez fleuri. Certains lecteurs apprécieront la gouaille de notre héroïne, à moins de se lasser de sa vulgarité au bout de quelques pages. Il est vrai qu'une partie des auteurs anglo-saxons pensent qu'un langage relâché va de pair avec un caractère bien trempé. Il faudra bien faire avec...
Côté sexe, Suzanne Wright est une adepte de la modernité et appelle un chat, un chat. Le récit contient donc un nombre certain de scènes détaillées où notre couple s'en donne à cœur joie. En revanche, elle use jusqu'à la trame le concept dominant/dominé — vraisemblablement parce que nous sommes en présence de loups-garous — et leurs ébats sont, du moins au départ, particulièrement musclés. Certes, les cycles de romance paranormale impliquant des bêtes à poil évoquent toujours cette problématique, mais dans le présent récit, l'amateur du genre pourrait trouver que notre ami Trey se conduit en homme des cavernes en se passant volontiers du consentement explicite de sa partenaire sous prétexte qu'il se rend compte qu'elle apprécie ses attentions. Miss Wright a beau indiquer ce que Taryn pense, notre héroïne ne le verbalise pas dans le feu de l'action. De fait, le comportement du personnage masculin devient plutôt ambigu et peut indisposer certains lecteurs. Si la littérature sentimentale intégrant des relations SM est très à la mode ces derniers temps en raison du succès
grand public de la trilogie
50 nuances de Grey, celles-ci sont toujours très explicitement consenties. Heureusement, avec l'évolution émotionnelle de Trey — notre héros finit par passer le cap de l'adolescence — , les choses s'arrangent quand on avance dans l'histoire. Il faudra donc envoyer votre
Chienne de garde 1 à la sieste pour apprécier l'ensemble.
Malgré quelques petits défauts d'approche dû essentiellement au côté excessif des personnages — et encore, c'est une question de point de vue — , Suzanne Wright propose une romance paranormale moderne et soigne son univers. Avis aux amateurs !
Notes :
1. Mouvement féministe : http ://www.chiennesdegarde.com