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La Fantastique famille Telemachus

Daryl GREGORY

Titre original : Spoonbenders, 2017
Première parution : Alfred A. Knopf, 27 juin 2017   ISFDB
Traduction de Laurent PHILIBERT-CAILLAT

LIVRE DE POCHE (Paris, France) n° 35844
Date de parution : 9 décembre 2020
Dépôt légal : 2020
Réédition
Roman, 624 pages, catégorie / prix : 8,90 €
ISBN : 978-2-253-10042-3
Format : 14,0 x 22,5 cm
Genre : Fantastique


Critiques des autres éditions ou de la série
Edition Jean-Claude LATTÈS, (2018)

Dans la famille Telemachus, tout le monde a des pouvoirs paranormaux, sauf le grand-père qui compense avec ses talents de prestidigitateur et son bagout de tricheur professionnel. Ces pouvoirs leur valent l’intérêt de la CIA durant la Guerre froide et la gloire des show télévisés dans les années 60. Trente ans plus tard, c’est la déchéance : la grand-mère est décédée, la Guerre froide est finie et la famille a été ridiculisée lors d’une émission en direct. Chacun vivote comme il peut, entre ses problèmes matériels actuels et ses traumas issus du passé. Mais la famille reste la famille, et des liens forts continuent à les unir. Et l’un des petits-enfants découvre à l’adolescence qu’il peut sortir de son corps...

Ce roman de Daryl Gregory vise clairement un public plus large que celui de ses précédentes œuvres, et cela se ressent dans le rythme. L’auteur prend son temps, développe ses intrigues à petits pas, au risque de quelques longueurs, comme s’il craignait de perdre en chemin un lectorat moins habitué au foisonnement des idées et à l’imagination bouillonnante que celui de la SF.
Malgré ce défaut et un twist final un peu téléphoné, La Famille Telemachus se lit avec beaucoup de plaisir. Les différentes intrigues évoluent en parallèle avant de s’entremêler dans une construction bien maîtrisée. Toutes ces histoires sont également captivantes, chacune dans leur registre, qu’il soit sentimental ou drôle, policier ou psychologique. Comme toujours chez Gregory, le point fort se trouve dans les personnages. Ils sont attachants, sympathiques, comme le grand-père Telemachus et son petit côté Mangeclous, voire profondément touchants (particulièrement le jeune Buddy qui, prescient, doit gérer dès l’âge de cinq ans ses visions d’avenir qui lui montrent l’enterrement de sa mère). Cette famille de doux-dingues sur laquelle veille la défunte grand-mère et qui tente de survivre entre un passé écrasant et un présent de dèche et de débrouille ne manque pas d’attraits.

C’est donc un Gregory plaisant, plein de douceur et de fantaisie, parfois un peu délayé afin de toucher un public mainstream, mais qui séduira quand même les fans de la première heure de l’auteur de Nous allons tous très bien, merci.
 

Jean-François SEIGNOL (lui écrire)
Première parution : 9/8/2018
nooSFere


Edition Jean-Claude LATTÈS, (2018)

   Durant les années 60, au plus fort de la Guerre froide, Teddy Telemachus rencontre la jeune Maureen McKinnon. Les deux participent à des tests universitaires cherchant à valider et comprendre les pouvoirs paranormaux. Teddy est un escroc charmeur et sans limite, virtuose de la manipulation et de la prestidigitation, Maureen, elle, est une vraie médium qui peut voir à distance. Qu’importe leur différence de fond, les deux sont recrutés par l’une de ces agences gouvernementales qui, à l’époque, essaient de militariser les prétendus pouvoirs psi. Cerise sur le gâteau, Teddy et Maureen tombent amoureux l’un de l’autre, se marient, et engendrent trois enfants, tous doués, Irène, Frankie et Buddy. Les cinq formeront la fantastique famille Telemachus, aussi célèbre qu’Uri Geller jusqu’à une prestation télé catastrophique, suivie, peu après, par la mort de Maureen. Vingt-et-un ans plus tard, la famille n’a plus que l’ombre de sa gloire passée. Frankie — le télékynétique — est un loser du genre de ceux qui pensent toujours que le prochain coup sera celui qui leur permettra de se refaire, Buddy — le voyant — est affligé de ce qui ressemble à une forme d’autisme, Irène — qui sait toujours quand on lui ment — vit avec son fils Matty chez Teddy, incapable qu’elle est de garder un emploi ou une relation amoureuse. Partant de là, le roman entremêle les présents compliqués des membres de la famille : Frankie doit une grosse somme au mafieux local, Buddy est engagé dans une série d’actions qu’il est le seul à comprendre, Irène tente de retrouver une vie amoureuse et professionnelle plus satisfaisante. Si ça ne suffisait pas, Matty et ses cousines ont aussi visiblement des pouvoirs, et l’agence gouvernementale des 60’s se rappelle au souvenir de la famille.

   Le roman est régulièrement touchant. Les angoisses d’Irène émeuvent. Le projet à très long terme de Buddy intrigue puis attriste, les graves soucis de Frankie aussi. Il y a également Matty, adolescent en quête de lui-même et d’histoire familiale, ou Teddy qui voudrait une relation sentimentale et aime profondément les siens mais ne sait être qu’autocentré. On sent, entre les Telemachus, un amour véritable qui a trop souvent du mal à s’exprimer. Le poids des responsabilités et des déceptions personnelles, le manque, inguérissable, de Maureen, rendent tout trop compliqué. Et pourtant, l’amour et le soutien des uns aux autres ne se dément jamais, s’exprimant de la manière la plus éclatante dans les messages très émouvants que Maureen envoie à sa famille par-delà la mort ou dans la vie gâchée par l’inquiétude d’un Buddy trop clairvoyant qui aura passé son existence à essayer de protéger sa famille d’un risque inconnu. De grands pouvoirs ne donnent pas de grandes responsabilités, de grands pouvoirs donnent de grandes misères.

   Bonus : l’histoire fonctionne comme un des tours de magie de Teddy, avec préparation, construction, et prestige à la fin.

   Ceci posé, le roman est néanmoins décevant. Présenté comme très drôle, il l’est parfois mais pas souvent. Problème de texte, de traduction, de références culturelles, je l’ignore. Toujours est-il que, s’il est régulièrement touchant, il est rarement exaltant, et parfois ennuyeux. Trop rempli, trop brouillon, il passe trop souvent d’un coq à un âne, hésitant entre plusieurs histoires et plusieurs genres sans jamais choisir ce qu’il veut dire ou comment le dire. Dommage.

Éric JENTILE
Première parution : 1/7/2018
Bifrost 91
Mise en ligne le : 8/5/2023

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