J'AI LU
(Paris, France), coll. Fantasy (2000 - 2007) n° 6578 Dépôt légal : mars 2006, Achevé d'imprimer : 1 mars 2006 Retirage Recueil de romans, 608 pages, catégorie / prix : O ISBN : 2-290-32838-3 Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Fantasy
Né en 1970, il a enchanté public et critique avec son Secret de Ji, époustouflante et épique saga dans laquelle d'aucuns ont vu l'équivalent français des œuvres de Tolkien ou de David Eddings. Il consacre depuis son talent à la littérature pour la jeunesse (Le guetteur de dragons, La formule rouge) avec autant de brio que de réussite.
Un jour vint Nol, le prophète, et il demanda à tous les royaumes de dépêcher leurs plus sages représentants pour un mystérieux voyage vers l'île de Ji. Peu en revinrent, et ceux qui le firent ne parlèrent jamais de ce qu'ils virent. Et ainsi la tragique histoire sombra peu à peu dans l'oubli, seulement commémorée par les descendants des Élus... Jusqu'à aujourd'hui, où les fanatiques de la secte Züu ont entamé une traque impitoyable pour les éliminer l'un après l'autre. Qui commandite ces assassinats ? Et pourquoi ? Les héritiers devront répondre à ces questions au plus vite : ils ne sont déjà plus que six. Mais il leur faudra avant tout revenir à la véritable source de tous ces mystères : que s'est-il passé sur l'île de Ji, cent dix-huit ans auparavant ?
Prix Julia Verlanger 1997
Prix Ozone 1997 du meilleur roman de fantasy francophone
1 - Six héritiers, pages 11 à 289, roman 2 - Le Serment orphelin, pages 291 à 573, roman 3 - Petite encyclopédie anecdotique du monde connu, pages 575 à 606, lexique
Cet épais volume réunit en un seul tome les versions révisées de Six héritiers et du Serment orphelin, romans parus précédemment dans la collection Légendaire.
Six héritiers se fonde sur une situation intéressante. Les descendants de sages, dont le seul point commun est d'avoir participé à un mystérieux voyage il y a plus d'un siècle, se voient traqués et massacrés. L'idée est astucieuse car elle forge un lien fort entre des hommes et des femmes de peuples et de cultures différents, qui ressentent le passé glorieux de leurs ancêtres de diverses manières — fierté, indifférence ou rejet. Ignorant tout du secret qu'ont celé leurs aïeux, et victimes impuissantes d'une traque dont ils ne soupçonnent pas la raison, ces personnages n'ont d'autre choix que d'assumer leur héritage et de se regrouper pour mieux résister...
Dans cette première partie, l'intrigue est simple. Ni créatures fantastiques, ni événements fabuleux ne viennent pour l'instant accabler les personnages qui se contentent de fuir les tueurs lancés à leurs trousses. Le récit est axé sur cette petite troupe de survivants qui, bien qu'assez superficiels au début, sont immédiatement sympathiques et attachants.
Dans Le serment orphelin, ce sont toujours ces mêmes personnages qui demeurent au centre de l'intrigue. Certains entrent dans une phase d'apprentissage et se découvrent guerriers, magiciens ou télépathes. La trame fantastique se fait plus présente, avec dieux et démons, la tension va croissant, et les péripéties se succèdent, même si au bout du compte on apprend peu de choses sur Ji, possible porte vers un autre univers.
Résumées ainsi en quelques mots, ces 500 pages peuvent sembler vides... Et pourtant, la magie du conteur opère totalement. Le style fluide de Pierre Grimbert rend la lecture particulièrement aisée et agréable, et Le secret de Ji fait partie de ces romans que l'on dévore avidement, car au bout de chaque page on ne peut s'empêcher de glisser un oeil vers la suivante pour poursuivre le voyage, et on se trouve incapable de refermer le livre...
Oui, Grimbert est un habile conteur, probablement formé à l'école du jeu de rôle : chaque fois que l'attention pourrait se relâcher, il relance l'intérêt par une révélation ou une situation nouvelle, avec un réel sens du suspense, et il donne progressivement de la consistance aux personnages avec qui nous partageons cette quête.
Il n'y a au bout du compte rien de fondamentalement original dans cette histoire — pour l'instant —, mais le ton suffit à démarquer ce roman. Grimbert prend le temps de donner du corps à son univers. Celui-ci ne foisonne pas de créatures pittoresques, mais sa simplicité apparente n'en a que plus de force. Ainsi, la magie est rare, oubliée ou négligée, ce qui donne à l'apprentissage magique de Yan plus de gravité et à son talent plus de poids.
Un récit solide et sans faiblesse, très humain dans son approche, et au bout duquel nous n'avons qu'une hâte : nous plonger dans le second volume pour connaître enfin le fameux Secret de Ji, en espérant qu'il sera à la hauteur de la quête.