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Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes

Julien CAMPREDON

Première parution : Toulouse, France : Monsieur Toussaint Louverture, 2006


MONSIEUR TOUSSAINT LOUVERTURE (Toulouse, France)
Date de parution : 20 novembre 2006
Dépôt légal : novembre 2006
Première édition
Recueil de nouvelles, 192 pages, catégorie / prix : 16,00 €
ISBN : 2-95220-814-X
Format : 14,5 x20,5 cm
Genre : Imaginaire


Quatrième de couverture

Julien Campredon est une légende et si vous demandiez à tous les éditeurs, ils seraient unanimes: il n’existe pas.

Ou alors, s’il existe, il est insupportable et tout à fait du genre à vous proposer sans sourciller: un orateur capable de tuer d’ennui un mauvais auditoire; un musée sous alarme assailli par des hordes de punks et défendu à la mitraillette; un écrivain qui se change en calamar; la romance intime et violente d’un chasseur de plumes de paon et d’une énigmatique étrangère triste, et des vendanges décadentes sur fond de the Clash. 

Pourtant, ne vous y trompez pas, Julien Campredon est aussi, à sa manière bien particulière, un excellent fabuliste. La réalité entre ses doigts glisse régulièrement vers le conte et le merveilleux. Mais attention, pas de gentilles fées ou d’elfes souriants chez lui. Les sirènes sont séduisantes parce qu’en fin de compte elles sont à demi- nues, les vieux saules à la Tolkien n’aiment pas du tout qu’on leur pisse dessus, et s’il est question de divination, ce n’est pas dans les boules de cristal ou les marcs de café, mais bien dans les lignes moites des culottes des filles.

Un recueil de nouvelles et de contes merveilleusement drôle.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition MONSIEUR TOUSSAINT LOUVERTURE, (2011)

     Julien Campredon est un jeune nouvelliste français né en 1978. À son actif, plusieurs recueils de nouvelles, chez Monsieur Toussaint Louverture (éditeur qui nous propose systématiquement de très beaux livres, à la finition très soignée) et Léo Scheer. En 2006 paraissait chez Monsieur Toussaint Louverture Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes ; ce livre ressort dans une édition « véloce » (entendez : plus courte, donc plus efficace) pour accompagner la sortie de L'attaque des dauphins tueurs, et la lecture conjointe de ces deux volumes s'impose pour saisir toute l'originalité de l'auteur. Car, en effet, dès la préface du premier livre, on comprend que Campredon va nous emmener sur des itinéraires quelque peu mouvementés : dans son texte introductif, l'éditeur Dominique Bordes recopie la lettre que son futur auteur lui fit alors pour accompagner la soumission de son premier manuscrit. Très largement inspirée de Borges, cette correspondance est une nouvelle en soi, Julien Campredon narrant ses recherches tragi-comiques de la Bibliothèque Universelle. Ce recueil commence donc dans un grand éclat de rire, et la promesse que ce nouvelliste ne fait rien comme les autres (n'oublions pas le titre du livre, toute une promesse en soi). Le texte inaugural (« Le Lièvre, l'olivier et le représentant en ronds-points ») est une fable de nonsense légèrement inquiétante sur les bords, un représentant en ronds-points sillonnant le pays pour tenter de démarcher les maires... Le second, « La Branleuse espagnole », revisite la mythologie grecque du point de vue d'un docker à Sète, biker et amateur de bière et de femmes tatouées. De ce mélange improbable naît un pur moment de bonheur, marqué par un travail stylistique impressionnant de Campredon, mais on en reparlera. « De l'homme idéal de ma femme, d'elle et de ma maîtresse » (admirons au passage le goût certain de l'auteur pour des titres à nul autre pareil) est un récit emberlificoté de relation conjugale qui tente de se réinventer par le biais d'expédients imprévisibles. Le plus original conte du mari, de la femme et de l'amant qu'il m'ait été donné de lire. Dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, il suffira de décrire la situation de départ (des gardiens de musée qui, tels des snipers dans une guerre civile, dégomment des hordes de punks qui s'attaquent à la vénérable institution) pour comprendre qu'encore une fois Campredon ne ressemble guère à tout ce qu'on peut lire par ailleurs. On laissera donc au lecteur de cette chronique la surprise des textes suivants, qui revisitent Kafka (« Avant Cuba ! », l'érotisme (« Heureux comme un Samoyède ») ou encore la politique (« Jean-François Cérious ne répond plus »)... Tout en l'avertissant que cette plongée dans les univers tordus de Julien Campredon risque fort de lui occasionner le mal des caissons, tant on a envie de rester en immersion longue durée. Car l'auteur sait y faire : son style, généreux, enlevé, communicatif, est une merveille d'adéquation de la forme au fond. On pourrait picorer ici ou là une citation, mais on aurait  un embarras du choix tel que ce dernier deviendrait cornélien, tant ces pages recèlent de trésors.
     L'attaque des dauphins tueurs  est légèrement plus court que son prédécesseur, puisqu'il ne nous présente que cinq textes. Mais le plaisir du mariage du style, de l'absurde et de l'inventivité est toujours là. Dans le texte qui donne son titre au recueil, où l'on voit donc des dauphins surgir d'un peu partout, dans un monde en proie au couvre-feu militaire ; et si les dauphins, plutôt que de représenter une menace, n'étaient pas la dernière forme possible de liberté ? « Diablerie diabolique au clubhouse » reprend le thème du pacte avec le diable, sur fond de swing et autres birdies (comprenez : de golf), en déroulant avec un bonheur compulsif la pelote de conséquences abracadabrantesques issues du postulat de départ. « La vengeance du livre urugayen » est une sorte de mariage entre Jorge Luis Borges (référence évidente et revendiquée de l'auteur) et le Robert Sheckley de « La clef laxienne ». « La coulée de béton infernale » manie le rire et le drame écologique, à mesure que le béton recouvre peu à peu tout le paysage. Enfin, « M., M. M., D. & M. » est un texte totalement improbable, peut-être le plus invraisemblable du recueil, où le narrateur nous parle depuis un jet-ski planté en plein milieu d'un rond-point à quelques kilomètres de la mer et nous raconte comment il en est arrivé là.
     Au final, ces deux livres nous présentent un jeune auteur déjà incontournable, qui sait marier à merveille humour et inventivité, dans une déferlante iconoclaste, mâtinée de nonsense et de surréalisme, et portée par un style gourmand et jouissif. Une bien belle découverte.
 

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 18/12/2011
nooSFere

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