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(Montpellier, France), coll. ArchéoSF Dépôt légal : septembre 2018 Réédition Roman, 240 pages, catégorie / prix : 18 € ISBN : 978-2-37177-557-2 Format : 13,3 x 20,3 cm❌ Genre : Science-Fiction
Sous-titré : Histoire merveilleuse de l’un des mondes de l’espace, nature singulière, coutumes, voyages, littérature starienne, poèmes et comédies traduits du starien. Existe au format numérique (ISBN : 978-2-37177-198-7) au prix de 5,99 €.
Histoire merveilleuse de l’un des mondes de l’espace, nature singulière, coutumes, voyages, littérature starienne, poèmes et comédies
Le soleil bleu s’était déjà perdu derrière les montagnes du couchant. Le soleil rouge penche aussi vers ce point, tombeau de toutes les lumières des cieux. Pour cette terre, pour ces lieux toujours ruisselants de clarté, c’était presque la nuit, mais la nuit douce, tropicale et chatoyante.
Si vous levez les yeux au ciel, peut-être apercevrez-vous du côté de la constellation de Cassiopée, un étrange scintillement... la planète Star...
Voici le premier véritable space opera, tombé dans l’oubli et redécouvert par Raymond Queneau, un livre total qui présente l’ensemble de l’univers starien : son système stellaire, sa faune et sa flore, ses satellites, son histoire ancienne et celle de ses civilisations, ravagées par une forme de peste et par des égorgeurs fanatiques. Grâce à l’invention de l’abare, un vaisseau spatial, et sous la conduite de Ramzuel, les Stariens quittent alors la planète mère pour ses satellites. De leur exploration naît la recolonisation de Star menée par les Néo-Stariens et le voyage d’un Tassulien (habitant de l’un des satellites de Star) dans la ville de Tasbar. Le tout est entrecoupé de pièces de la littérature starienne qui forment un ensemble poétique et théâtral extraterrestre inédit.
L’histoire d’une planète sur laquelle brillent quatre soleils, de ses cinq satellites et de leurs habitants, de vaisseaux voyageant entre ces astres, de civilisations qui naissent, se développent, meurent, renaissent, fondant une fédération interplanétaire et créant une culture et une littérature extra-terrestres. Star ou ψ de Cassiopée est une œuvre étrange, poétique et protéiforme, un voyage onirique vers un monde lointain.
Critiques
Suffit-il que soient présents des vaisseaux, des planètes et des races extra-terrestres pour parler de Space Opera ? La question est particulièrement pertinente pour Star ou Psi de Cassiopée, lequel est qualifié même sur la quatrième de couverture de premier de cordée du genre. Une question surprenante si l'on considère que ce texte a été écrit en 1854, et pourtant légitime tant l'ouvrage est inclassable par sa forme aussi bien que par son propos.
Inclassable, Star... l'est d'abord parce que, malgré quelques passages écrits d'un ton docte et professoral, le récit donne vraiment l'impression quand l'action se développe de s'éloigner du conte philosophique. Ce genre, développé un siècle plus tôt, est pourtant celui dans lequel on songerait de prime abord à classer le roman. Mais l'imagination déployée y est si riche et originale que les images qu'il donne à voir sont plus proches des mondes graphiques de René Laloux que de l'Utopia de Thomas More.
Inclassable, ce roman l'est aussi par son incroyable inventivité, laquelle déborde dans sa forme. Parties versifiées, prose et pièces de théâtre alternent pour fournir une description cosmologique qui se présente comme sérieuse, une histoire naturelle, une histoire des civilisations, et les aventures de plusieurs protagonistes tout au long de plusieurs siècles. Le tout ponctué par quelques chapitres moralisateurs, donc, et une philosophie toute imprégnée de l'esprit de lumières et de la révolution. Car bien sûr il ne faut jamais perdre de vue la culture du siècle : la hiérarchie entre les races décrites y est omniprésente et l'Homme y est déifié dans une approche toute Nietzschéenne. Mais l'auteur fait montre d'une face plus humaniste bien de son époque dans son apologie des sciences et des arts, et même d'une grande modernité dans son appel à la limitation de la propriété pour un partage égal des terres de la planète, ou dans sa réflexion sur le rôle avilissant de la religion.
Cette modernité trouve sa limite dans certaines caractéristiques de l'histoire quand on l'observe d'un point de vue moderne. Ainsi, si l'auteur invente avec les Abares des vaisseaux dont la technologie préfigure la cavorite de H. G. Wells, il s'en désintéresse presque totalement, obnubilé qu'il est par l'importance du développement des arts et de l'Homme. Et de fait, si l'on pourrait oser prétendre trouver là certaines des prémisses lointaines du merveilleux scientifique, le récit est peut-être encore davantage un conte qu'un roman d'aventure. En somme, l'intention de l'auteur semble aller dans le sens du premier quand le fond tend vers le second.
Alors, s'il faut tenter d'apporter une réponse à la question posée dans l'incipit, oui, on peut sans doute oser le terme de Space Opera pour qualifier Star ou Psi de Cassiopée tant le récit est baroque et généreux. Si l'introduction peut sembler un peu molle et peu fluide à la lecture, le fourmillement d'idées et l'aventure prennent ensuite le pas de cette histoire à cheval entre deux genres, et jusque dans les poèmes conclusifs, où l'un souligne la fantaisie et le plaisir de la création quand l'autre revient sur la nécessité pour l'humanité de s'accomplir dans les astres ; une humanité qui ne peut mourir, mais qui détruit les ressources et les paysages qui l'entourent. Existe-t-il une tension plus actuelle que celle-ci ?