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Le Nexus du Docteur Erdmann

Nancy KRESS

Titre original : The Erdmann Nexus, 2008
Première parution : Asimov's Science Fiction, octobre-novembre 2008   ISFDB
Traduction de Erwann PERCHOC & Alise PONSERO
Illustration de Aurélien POLICE

BÉLIAL' , coll. Une Heure-Lumière précédent dans la collection n° 2 suivant dans la collection
Dépôt légal : janvier 2016, Achevé d'imprimer : octobre 2017
Retirage
Novella, 160 pages, catégorie / prix : 9,90 €
ISBN : 978-2-84344-140-0
Format : 12,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
Henry Erdmann est un physicien de haut vol, l’un des pères de l’Opération Ivy et de la puissance nucléaire américaine. Était, plutôt, car aujourd’hui, vieux et perclus, Henry Erdmann n’est que le triste reflet de celui qu’il fut, quand bien même il continue de donner quelques cours à l’université pour des étudiants qu’il ne comprend plus depuis bien longtemps... Aussi, lorsque cette douleur impensable lui vrille le cerveau, c’est presque avec soulagement qu’il accueille ce qu’il croit être une attaque cérébrale. Sauf qu’il ne s’agit pas de cela... De nombreux pensionnaires de la maison de retraite dans laquelle il réside semblent avoir subi le même sort. Et tous, bientôt, commencent à voir des choses... Des choses impossibles...
 
« Nancy Kress est l’un des meilleurs auteurs de SF contemporains.
Son usage de la science est aussi habile que porteur de réflexions,
ses récits aussi affutés que riches de sentiments. »
Kim Stanley Robinson
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition BÉLIAL', Une Heure-Lumière (2016)

                L’intrigue se déroule dans une petite maison médicalisée de Saint Sebastian, avec pour protagonistes l’ensemble des pensionnaires : Anna Chernov, ancienne danseuse étoile au chevet de laquelle Bob Donovan se présente chaque jour, a dans le coffre de l’établissement un collier d’une valeur inestimable ayant appartenu à un tsar, lequel collier fait fantasmer Evelyn Krenchnoted, l’intraitable curieuse à l’affût du moindre ragot. Gina Martinelli ne jure que par le Seigneur ; Erin Bass est une ancienne hippie adepte de spiritualité hindoue ; madame Lopez se fait exploiter par sa fille ; Al Cosmano trouve à redire sur tout, et d’autres encore…

                Bien qu’âgé de 90 ans, Henry Erdmann, qui fut jadis l’un des acteurs du projet Manhattan, continue de dispenser des cours de physique à des étudiants en prépa. Carrie Vesey, la belle aide-soignante qui le conduit et le ramène, arbore un matin un cocard qui met le vieil homme en colère. Son ancien compagnon, un policier violent, l’a retrouvée malgré l’interdiction de l’approcher… Au retour de l’université, le Dr Erdmann connaît un moment d’absence en raison de ce qui ressemble à une intrusion mentale. En quête d’un médecin, Carrie, inquiète, tombe sur Jake DiBella, un chercheur en neurosciences venu étudier le cerveau des personnes âgées. Contre toute attente, le Dr Erdmann accepte de passer une IRM…

                Ce qui ressemble à une aimable chronique sociale sur l’infantilisation des personnes âgées et le peu d’attention qu’on leur accorde, sur la hantise du handicap, de l’impotence et la perspective de la mort, prend une tout autre tournure lorsque d’autres pensionnaires éprouvent à leur tour des attaques similaires, d’intensité variable. L’émoi est à son comble lorsque tous sont pris de vomissements – attribués à tort à une intoxication alimentaire, alors qu’en aparté, ils avouent avoir perçu des flashes de lumière ou senti une présence dans leur esprit.

                Le Dr Erdmann, qui connaît des crises plus violentes que les précédentes, décide de jouer les enquêteurs, ravi de pouvoir une fois de plus exercer ses facultés intellectuelles : lui qui a besoin d’un déambulateur pour se déplacer redoute davantage la perte de ses fonctions mentales que celle de ses capacités physiques…

                Il n’est pas le seul à investiguer, car une suspicion de meurtre pesant sur Carrie pousse deux policiers à enquêter sur place, alors même que le coffre de l’établissement est forcé. Henry Erdmann en est pour sa part persuadé : quelque chose approche, quelque chose qui vient pour lui et s’immisce dans l’esprit des pensionnaires. Pour tous se présentera alors l’heure du choix, l’occasion de peut-être favoriser la naissance d’une conscience et, qui sait, de prolonger leur vie…

                La conduite d’un aussi grand nombre de personnages aurait pu déboucher sur un récit bien plus ample, mais Nancy Kress gère son déroulement avec une belle économie de moyens. Malgré l’évocation de questions de physique, elle ne s’attarde pas non plus sur des explications pesantes. Le personnage d’Erdmann est un démarquage réussi de Feynman (bien que Nancy Kress lui fait dire n’avoir pas aimé travailler avec pareil « farceur ») : en effet ce dernier, qui aurait eu le même âge à la date de rédaction du récit, adorait résoudre des énigmes en apparence insolubles et pratiquait le même type d’humour. Le court roman se lit d’une traite, sans heurt ni temps mort. Un agréable récit, récompensé par le prix Hugo en 2009, qui inaugure en beauté la nouvelle collection « Une heure-lumière » auprès de Vernor Vinge, Paul J. McAuley et Thomas Day.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/1/2016
Bifrost 81
Mise en ligne le : 25/10/2020


Edition BÉLIAL', Une Heure-Lumière (2018)

     À plus de quatre-vingt-dix ans, Henry Erdmann enseigne toujours la physique à quelques étudiants. Si son corps accuse les ans et l’oblige à se déplacer avec un déambulateur, son esprit reste vif. Son intelligence lui a d’ailleurs valu de travailler sur la mise au point des bombes nucléaires américaines dans les années 50. Résident d’une maison de retraite médicalisée, il est accompagné à l’université par Carrie, une aide-soignante attentionnée, au physique et à l’estime de soi bien abîmés par les coups répétés de Jim, son ex-compagnon, un policier incapable de respecter l’injonction qui lui interdit de s’approcher d’elle. Un matin, dans sa salle de bain, Erdmann ressent un malaise qu’il perçoit comme une onde de choc cérébrale. Plus tard, au retour de l’université, le trouble se répète, plus puissant. Le vieil homme craint une attaque mais le phénomène touche aussi les autres résidents, simultanément. Pire, il semble que les désirs les plus inavouables de chacun se réalisent au moment de ces incidents inexpliqués : l’ex de Carrie meurt d’une crise cardiaque, le coffre fort de la maison de retraite s’ouvre, exposant aux yeux de tous un collier, objet de tous les fantasmes, offert par le tsar à une résidente… Avec l’aide de Carrie, d’un chercheur en neurosciences et de deux policiers missionnés pour enquêter sur la mort de Jim et l’effraction du coffre, Erdmann tente d’échafauder des hypothèses plausibles pour expliquer la situation. En parallèle, Nancy Kress introduit un second arc narratif avec un vaisseau fendant l’espace-temps dans l’urgence, inquiet de ne pas arriver à temps pour aider une entité sur le point de naître… Le lecteur, au fait de cette seconde ligne narrative, comprend l’explication bien avant les personnages : l’apparition d’une conscience collective vient perturber les personnes âgées. Cette connivence avec le lecteur laisse penser que cette évolution vers une forme de gestalt ne constitue pas le cœur du texte. Celui-ci sert de vecteur à Nancy Kress pour explorer les relations humaines par le prisme d’un microcosme d’hommes et de femmes reliés par une promiscuité imposée, la déliquescence du corps et de l’esprit et de la conscience aiguë de leur mortalité. Malgré un format court (une centaine de pages), l’auteure parvient à donner de l’épaisseur à ses personnages par le truchement de souvenirs, d’obsessions ou la diversité des caractères. Prix Hugo en 2009, Le Nexus du Docteur Erdmann relève d’une science-fiction sociale (et pose la question de la place des personnages âgées dans la modernité) où l’exploration de la condition humaine prime, et se révèle des plus réussi, quand bien même certains amateurs de SF n’y trouveront peut-être pas leur compte, tant la dimension scientifique passe à l’arrière plan.

Karine GOBLED
Première parution : 1/1/2018
Bifrost 89
Mise en ligne le : 5/4/2023

Prix obtenus
Hugo, Novella / Court roman, 2009


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